Toutes les séries passées au Club Dorothée sont devenus des titres culte. Toutes ? Non ! Un anime diffusé durant les derniers mois de l’émission résiste encore et toujours au succès… malgré ses qualités !
Depuis le départ de son père, Tsuyoshi Igawa (Victor) vit un véritable calvaire à la maison. En effet, sa mère au physique imposant Yoshiko et ses deux sœurs Keiko (Clothilde) et Noriko (Bernadette) lui imposent de s’occuper de toutes les tâches ménagères ! Et gare à lui s’il ne remplit pas son rôle de fée du logis : quolibets, gifles et brimades peuvent tomber à tout moment. Finalement, c’est avec plaisir que notre héros s’enfuit au lycée, où il retrouve son crush Mai Ishikawa (Marie) et son meilleur ami, le pervers et binoclard Tsukasa Watanabe (Marcel)… dont la petite sœur Yumi (Titoune) en pince pour lui.
Totalement inconnu en France, Tsuyoshi shikkari shinasai a bercé le Japon de la fin des années 1980… pour ne plus jamais l’abandonner. Jugez plutôt : entre 1986 et 1990, le manga de Kiyoshi Nagamatsu fait les belles heures du Morning de Kôdansha, avec pas moins de 19 volumes écoulés dans les librairies. Les Japonais ont tellement apprécié les déboires de Tsuyoshi, anti-héros au grand cœur qui survit aux mégères tyranniques de sa famille, qu’une première suite apparaît en 1993, Tsuyoshi motto shikkari shinasai (5 tomes), à laquelle succède Tsuyoshi shikkari² shinasai (2001-2002, 6 tomes), toujours dans le Morning, alors que les dix chapitres du prequel Tsuyoshi-kun shikkari shinasai seront diffusés sur le site web MiChao! de Kôdansha. Kiyoshi Nagamatsu est tellement attaché à Tsuyoshi qu’il tient un rôle secondaire dans le manga politique Tetsubon, scénarisé par Enshu Takahashi, qu’il dessine depuis 2008 ! Outre un drama de 16 épisodes diffusé en 1989, Tsuyoshi shikkari shinasai devient en toute logique une série animée de 112 épisodes, diffusée entre le 4 octobre 1992 et le 25 décembre 1994.
Pour bien comprendre l’aura qu’a ce titre au Japon, un court métrage de 30 minutes (dont l’histoire de machine à remonter le temps apporte un élément de fantastique inédit) fut projeté au cinéma à partir du 5 décembre 1993, en prélude au film Sailor Moon R. Il est réalisé par Shin Miwasa, qui a déjà dirigé les 112 épisodes de la série – un expert dans l’humour, puisqu’il avait signé une bonne partie des épisodes d’Un collège fou fou fou et de l’Académie des Ninjas. Sur ces 112 épisodes, 52 eurent droit à un doublage français, avant que la série ne soit diffusée à partir de janvier 1996 dans le club Dorothée, sous le titre Un garçon formidable. Noyée dans l’ombre des blockbusters Sailor Moon et Dragon Ball Z, elle sera retirée de l’antenne deux mois plus tard, et remplacée par Salut les Musclés ! qui entre dans les quotas de création française. Il faudra attendre sa diffusion sur TMC pour que tous les épisodes soient enfin diffusés, et encore ! Un épisode est égaré en cours de route, et seuls 51 passeront à l’antenne. Au final, personne ou presque n’aura retenu Un garçon formidable, alors que ce titre est aussi populaire au Japon que Doraemon ou Kochikame – il a même eu droit à une adaptation vidéoludique par Konami en 1994 sur Super Nintendo ! Une preuve supplémentaire de la différence entre publics nippon et français !
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