Si le Festival d’Angoulême met avant tout en avant sa dernière œuvre, l’angoissant #DRCL, la carrière de Shin’ichi Sakamoto s’est aventurée dans de nombreux genres en trente ans !
Quand on lui demande son manga préféré, Shin’ichi Sakamoto répond sans hésiter Hokuto no Ken. Rien d’étonnant, puisque le titre de Tetsuo Hara et Buronson a débuté en 1983, alors que Sakamoto avait tout juste onze ans, âge idéal pour se jeter à corps perdu dans le Shônen Jump. Mais l’évidence se fera plus tard, avec les premières œuvres du mangaka, qui prend un malin plaisir à représenter des corps particulièrement musculeux. C’est en 1990 que ce passionné de dessin se fait repérer par son magazine de prédilection, le Jump, qui publie son histoire courte Keith!!. En dehors d’un bref manga scénarisé par Jiro Nitta pour le Shônen Sunday de Shôgakukan, Sakamoto restera d’ailleurs fidèle durant toute sa carrière à Shûeisha. Il offre donc à l’éditeur des héros charpentés et bodybuildés, comme le reporter de Motor Commando Guy en 1995, ou le forgeron de Kiômaru en 2004 (7 tomes autrefois édités chez Delcourt) motivé à créer une lame millénaire.
En parallèle de Kiômaru destiné à un public de jeunes adultes, Sakamoto publie à partir de 2005 Nés pour cogner (autrefois édités par Delcourt) dans le Shônen Jump. Si on y retrouve des héros à l’anatomie impressionnante, le mangaka y ajoute une bonne couche d’humour, jouant notamment sur les complexes de son héros à l’appareil génital hypertrophié. Après avoir géré de front deux séries, Shin’ichi Sakamoto se recentre en travaillant sur un titre qui le révèlera au grand public. Focalisé sur la psychologie d’un grimpeur solitaire, Ascension (édité chez Delcourt/Tonkam) fait part à un réalisme poussé autour de l’escalade, le dessinateur faisant appel à un expert. Si l’aventure est entamée avec le scénariste Yoshio Nabeta à son début, le dessinateur la finira en solo au bout de 17 volumes, bien décidé à représenter ce dont il avait envie, comme il en avait envie, entre dessins au pinceau et expérimentations graphiques.
Avec Innocent, en 2013, l’artiste s’oriente vers une création numérique. Retraçant la vie du plus célèbre bourreau français, Charles-Henri Sanson, les neuf tomes (disponibles chez Delcourt/Tonkam) lui permettent de nouvelles méthodes de travail : Sakamoto va jusqu’à coudre des costumes qu’il fait porter à ses assistants pour ensuite les photographier et dessiner à partir de ces clichés ! Bien qu’il se déroule durant la Révolution française, ce manga est aussi pour lui l’occasion d’aborder des thèmes de société contemporains au Japon, comme l’acceptation de l’homosexualité. Le succès de ce titre est tel qu’il engendre une suite, Innocent Rouge (12 tomes, chez Delcourt/Tonkam), déplacée du Young Jump au Grand Jump. Depuis 2021, Sakamoto s’est fixé un nouveau défi : réinterpréter un mythe de la littérature et de la culture mondiale ! Avec #DRCL (le premier tome est disponible aux éditions Ki-oon), il réinvente le mythe de Dracula avec un trait à la fois gothique et baroque. Un dessin idéal pour la chapelle Guez de Balzac d’Angoulême, sur les murs de laquelle seront projetées les illustrations de l’artiste à l’occasion du Festival International de la Bande Dessinée. Un parfait cadeau pour ses trente ans de carrière !
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