Personnalité de la semaine : Shin’ya Komatsu

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En décernant à Bâillements de l’après-midi son Prix Spécial du Grand Jury Jeunesse, le Festival d’Angoulême couronne l’œuvre poétique de Shin’ya Komatsu.

Située au sud de l’île méridionale Shikoku, la ville de Kôchi (chef-lieu de la préfecture du même nom) est célèbre pour avoir vu naître Takashi Yanase, créateur d’Anpanman. Elle semble être le berceau d’auteurs particulièrement doués pour toucher le public enfantin, puisque Shin’ya Komatsu y a vu le jour le 14 avril 1982. Malgré le cadre idyllique, où le bord de mer cohabite avec des forêts verdoyantes, l’enfant reste souvent à la maison pour dessiner des mangas, une activité qui le passionne dès l’âge de 7 ans. Cette passion perdure au collège, période durant laquelle il participe activement au « Koshien manga dojo », festival national sponsorisé par le journal quotidien de sa ville, le Kôchi Shimbun : des équipes de jeunes candidats, retenus après sélection, doivent réaliser des histoires courtes sur un thème donné en quelques heures.

Grâce à cette expérience, il remporte un prix au concours Kuroshio, organisé dans le cadre de ce festival, alors qu’il n’est encore qu’au lycée, en 1998. En intégrant l’université internationale du design, il persévère au point d’obtenir en 2001 le Grand Prix de ce concours. Le jury a en effet retenu le nom de ce candidat devenu régulier et, avec cette récompense, lui fait comprendre qu’il est désormais capable de voler de ses propres ailes et d’imposer son style si particulier. Une fois diplômé en 2003, Shin’ya Komatsu tente donc le grand saut en participant aux concours d’un magazine national, AX. Dès l’année suivante, il se fait remarquer avec Tohu Bohu (disponible aux éditions IMHO), titre qui lui ouvre en grand les portes du mensuel d’avant-garde né sur les cendres de Garo. Il y développe des histoires oniriques et surréalistes, dans la veine d’Alice au pays des merveilles ou du Monde de Nemo, avec des héros enfantins confrontés à des éléments fantastiques venant cohabiter avec le réel.

Accessibles par conséquent aussi bien aux enfants qu’aux plus grands, ses créations sont une succession d’histoires courtes qui, peu à peu, tissent un univers plus vaste et cohérent inspiré de ses souvenirs d’enfance. Ainsi, Un été à Tsurumaki (disponible aux éditions IMHO) s’inspire de ses promenades en forêt alors que Souvenirs de la mer assoupie (disponible aux éditions IMHO) évoque sa ville portuaire de naissance. Cette capacité à proposer des illustrations bucoliques dans des univers tout public lui ouvrira les portes de la licence Pokémon, qui lui propose d’illustrer plusieurs cartes de leur jeu – mention spéciale pour Flingouste, dans la veine des titres cités auparavant. Bâillements de l’après-midi (disponible aux éditions IMHO), pour sa part, est l’occasion pour Komatsu de développer sa créativité en proposant de multiples inventions plus poétiques les unes que les autres. Cette poésie a conquis le Grand Jury Jeunesse du Festival International de la BD d’Angoulême, qui lui a décerné son Prix Spécial, une récompense plus que méritée pour une œuvre au charme sans frontières.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon