#TBT : Crocus

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Malgré ses qualités techniques et artistiques, Crocus reste une série confidentielle auprès du public français qui aurait bien besoin d’être remise dans la lumière, pour son quarantième anniversaire.

Partis de la planète Riruru (Filo Filo), 245 voyageurs subissent un crash de leur vaisseau spatial sur Terre. Et plus précisément près de la frontière franco-suisse. En raison de leur taille liliputienne, ils font tout pour rester cachés des humains. Sauf Crocus (Memole), l’intrépide petite-fille du chef de l’escouade, qui entraîne ses amis Pipo, Brin d’or et Piwi (Popit, Ruppang et Pi) dans ses expéditions. Le quatuor explore non seulement la forêt, mais également la ville où Crocus rencontre une jeune fille malade, Marielle (Muriel). Entre les deux naît une grande amitié et, malgré son faible état de santé, l’humaine fait tout son possible pour aider les lutins à retrouver leur planète d’origine. Mais il faut garder le secret, et ce n’est pas facile puisqu’Oscar, l’ami de Marielle, a découvert le bonnet de Crocus ! Et ce dernier est fiancé à Grace, une demoiselle très jalouse

Entre TV Asahi et Toei Animation, c’est une histoire qui remonte à loin. À l’époque, même, où la chaîne s’appelait encore Nippon Educational Television. Depuis la diffusion de Ken, l’enfant loup, le studio était habitué à produire des titres adaptés à la jeunesse à destination de la chaîne. On retrouve donc Shun’ichi Yukimuro, déjà forgé sur de nombreuses séries (Sally la petite sorcière, Les Moomin, Dr Slump…) au script de Crocus (en VO Tongari boshi no Memoru). Formé à l’école des longs métrages classieux (Les voyages de Gulliver, Horus prince du Soleil, Le chat botté), Isamu Tsuchida offre une direction artistique tout en rondeur et en tons pastel évoquant des livres illustrés pour enfants occidentaux. À la bande-son, le compositeur Nozomi Aoki (Galaxy Express 999) livre une partition irréprochable ! On ne pouvait que s’y attendre, après son travail sur Embrasse-moi Lucile. C’est d’ailleurs le réalisateur de cette dernière, Osamu Kasai, qui se charge de diriger Crocus, avant de remettre à jour les licences mythiques Gegege no Kitarô et Sally, la petite sorcière.

D’ailleurs, Crocus succède à partir du 3 mars 1984 à Embrasse-moi Lucile dans la case habituelle du samedi soir à 19h30. Mais, en cours de diffusion, la chaîne TV Asahi en modifie la programmation pour la décaler au dimanche soir, à 20h30 (un horaire encore d’actualité aujourd’hui). Crocus marque donc cette transition inattendue de la part des spectateurs, mais reste avant tout dans les mémoires, quarante ans après, pour son incroyable qualité artistique, et l’intelligence de ses scripts qui, bien qu’enfantins, échappent à l’écueil de la puérilité pour aborder des sujets parfois plus graves qu’il n’y paraît. Pour preuve, la série TV de 50 épisodes s’accompagne d’un court métrage de 15 minutes réalisé par Jun’ichi Sato (remontage des épisodes 24 et 25) et d’une OAV. Diffusée en catimini sur Canal + à l’été 1989 dans Cabou Cadin, puis sur Canal J deux ans plus tard aux débuts du câble, Crocus n’a pas bénéficié d’une couverture hertzienne et a donc, hélas, échappé à beaucoup. Elle reste pourtant encore aujourd’hui un modèle qui mériterait une édition DVD ! Il suffit de voir sa descendance pour comprendre son impact sur l’animation japonaise : sans Crocus, pas de Magical Doremi, Mirmo et autres Little Twins !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon