Nouvel Oscar pour Hayao Miyazaki avec Le Garçon et le Héron ! Cette récompense célèbre une carrière d’auteur exceptionnelle qui a pris son essor il y a quarante ans avec Nausicaä de la vallée du vent.
Conflit mondial d’une violence inouïe, les sept jours de feu ont causé la perte d’une civilisation dépendant de la technologie et de l’industrie. Cette guerre a également transformé à jamais la planète : les poisons utilisés ont engendré des insectes géants et des plantes mutantes qui infestent la surface. Mille ans après cette tragédie, la fukai, forêt toxique protégée par les ômus, créatures gigantesques, ne laisse que peu de place aux humains. C’est parce que leur vallée est protégée par les vents marins que les habitants d’un royaume agricole prospèrent paisiblement, tandis que leur princesse, Nausicaä, analyse la faune polluée afin de vivre en harmonie avec la fukai. Mais cette forêt a causé le crash d’un vaisseau tolmèque, et les troupes de cette nation envahissent aussitôt la vallée du vent afin d’en récupérer la précieuse cargaison : il s’agit d’une arme ravageuse datant des sept jours de feu ! Parvenue à s’échapper, Nausicaä parviendra-t-elle à éviter qu’une nouvelle apocalypse se produise ?
De multiples facteurs sont à l’origine de Nausicaä de la vallée du vent. Tout d’abord, la volonté de développer des projets artistiques émise par la société Tokuma Shoten, déjà propriétaire du magazine Animage. Son rédacteur en chef, Toshio Suzuki, décide alors de soutenir des projets de films de Hayao Miyazaki. Ce dernier traverse d’ailleurs une période de « chômage », puisqu’il ne travaille sur aucune production d’animation. Tokuma Shoten exigeant un projet original, Suzuki suggère à l’artiste de créer d’abord un manga : Miyazaki accepte à condition d’avoir toute liberté créatrice et de pouvoir arrêter sa parution dès qu’il retrouvera un poste dans l’animation. Sa source principale d’inspiration : la pollution de la baie de Minamata au mercure, scandale qui secoue les années 1970. On remarque d’ailleurs que Miyazaki adopte un style graphique impossible à adapter en animation par toute personne autre que lui dans ce manga lancé en février 1982 (disponible aux éditions Glénat) – il lui faudra douze ans pour le terminer, puisqu’il ne s’y attellera qu’à chaque pause entre des projets d’animation.
Le manga remporte rapidement un vif succès, qui incite Tokuma Shoten à produire une adaptation animée – plusieurs formats sont envisagés avant de se fixer sur un long métrage. Hayao Miyazaki n’ayant fourni que seize chapitres, il doit concevoir un script apportant une conclusion. Conscient de la charge colossale de travail qui l’attend, Miyazaki exige qu’Isao Takahata l’assiste en tant que producteur. C’est d’ailleurs ce dernier qui fera en sorte qu’une jeune musicien, un certain Joe Hisaishi, compose la bande originale. Le long métrage sera également l’occasion pour un Hideaki Anno débutant de prouver son talent en animant le « géant de feu ». À sa sortie le 11 mars 1984 au Japon, le film est un triomphe critique et public : les bénéfices qu’il génère permettront la fondation du studio Ghibli. Ce succès franchit les frontières de l’archipel… dans une version remontée. Pour ne pas dire charcutée, puisque Warrios of the wind supprime 32 minutes de l’œuvre originale – une version qui nous parviendra sous le titre Princesse des étoiles. De quoi inciter Miyazaki à interdire toute modification aux productions Ghibli pour une adaptation étrangère… ce qui en a longtemps bloqué l’exportation. Un temps désormais révolu, puisque Hollywood a une nouvelle fois consacré son réalisateur lors de la dernière cérémonie des Oscar !
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