Interview : Toshihiro KAWAMOTO

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Toshihiro Kawamoto est un habitué des salons car il est venu de nombreuses fois en Europe au cours des dix dernières années. Nous l’avons d’ailleurs croisé régulièrement et c’est à Paris Manga que nous l’avons revu, en février 2012.

La dernière fois que nous nous étions rencontrés, c’était en 2008, juste au début du projet de Heroman. Pouvez-vous nous dire comment s’est passée cette aventure ?
Je me souviens très bien de nos précédentes rencontres, j’en ai de bons souvenirs. Pour Heroman, j’étais très heureux de travailler avec Stan Lee. Cette coproduction était une expérience fondamentale pour moi. J’espère pouvoir continuer dans cette direction.

Pensez-vous que l’animation doit devenir internationale et que les collaborations entre différents pays vont se multiplier ? Stan Lee a, en effet, depuis travaillé avec Madhouse et Hiroyuki Takei.
C’est un challenge, évidemment, c’est a priori ce que je vise. Il faut que je prenne en compte les formalités à la japonaise de l’univers animé. Je vais garder la forme de travail japonaise, mais je souhaite me tourner à l’international. Avec l’ère actuelle, tout passe par Internet et, donc, tout se tourne vers l’international.

Toutefois, votre dernier gros projet est évidemment Towa no Quon, une série de plusieurs films du studio Bones dont vous avez fait le character design et l’animation…
Cela fait depuis le mois de décembre dernier que la production de Towa no Kwon s’est terminée au Japon. Mon objectif est bien donc d’en faire la promotion pour qu’elle puisse se vendre à l’étranger. J’ai adoré travailler sur cette œuvre qui n’a pas été de tout repos.

Y a-t-il une place pour Bones dans le long métrage cinéma ? Masahiro Andô (Sword of the Stranger) nous avait dit que c’était très compliqué !
En réalité, notre projet a plutôt été pensé comme une série TV. C’est d’ailleurs la spécialité de Bones. Si une série a du succès, on peut passer au long métrage. Finalement, Sword of the Stranger a été un essai pour le studio, mais sans forcément avoir une quelconque idée derrière la tête. La sortie de Towa no Quon au cinéma a pour objectif de faire connaître le projet. C’est une façon directe et honnête de toucher le public. Même au sein de mon équipe, des techniciens ne savaient pas forcément pour quel média ils travaillaient. Pourtant, on ne peut pas tout montrer à la TV, alors qu’au cinéma, nous sommes plus libres.

Towa no Quon a été initié par Umanosuke Iida qui nous a malheureusement quittés en novembre 2011. Pouvez-vous nous parler de lui ?
Il avait la main sur le cœur, il respectait son travail. Le projet devait contenir six parties quoiqu’il arrive et nous n’avons rien changé après sa disparition.

Vous avez également œuvré sur Gosick, adaptation d’une série de romans très populaire (on connaît en France la version manga, publiée chez Soleil, NDR). Deviez-vous vous en tenir aux illustrations d’origine ?
Qu’il s’agisse d’une adaptation ou d’une création, mon travail m’amène toujours à la même chose : le dessin. C’est ainsi que je le conçois, c’est ma personnalité. Je n’ai généralement aucune contrainte particulière.

Y a-t-il deux métiers différents pour un character design : créateur de personnages (Cowboy Bebop) et adaptation de chara-design pour l’animation (Golden Boy, Gosick…) ?
Bien sûr, l’approche est différente, mais je prends du plaisir dans les deux cas. J’essaie d’être authentique. Pour Cowboy Bebop j’étais totalement parti de zéro et je n’ai pas quitté l’idée directrice que je m’étais fixée (avec le reste de la production). Dans les deux cas, je ressens une certaine liberté pour m’exprimer.

Comment voyez-vous l’animation TV aujourd’hui ?
Passer de l’anime analogique au digital a été un énorme changement. Cela favorise la diffusion des anime, mais le côté puriste des œuvres disparaît peu à peu. Ça a perturbé l’itinéraire et l’emploi du temps des rendus. Aujourd’hui, nos délais sont encore plus courts !

Y a-t-il un défi qui vous tenterait d’effectuer dans les prochaines années ?
Towa no Quon était un challenge pour cette année. On arrive dans une ère où la concurrence est dure. Je souhaite toujours faire de la recherche. Je ne veux pas me laisser aller et me battre pour toujours continuer à faire évoluer l’animation.

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A propos de l'auteur

Steve-Naumann