Citation (Guilhem @ 08/12/2011 12:42)
En ce qui me concerne, j'ai cessé de lire des histoires de super-héros pour deux raisons :
– en effet, ça ne se termine jamais : Xanatos comparait les séries de super-héros aux mythologies d'antan en oubliant un détail fondamental – les mythologies classiques connaissent toutes un point final (Apocalypse, Ragnarok, mort d'Arthur, etc) ou bien voit leurs récits s'épuiser (mythologies grecques et romaines notamment), au contraire des histoires de super-héros qui écopent toujours d'un épisode supplémentaire ; et neuf fois sur 10 un super héros qui meurt finit par réapparaître sous une forme ou une autre (émule reprenant son rôle, double d'un univers parallèle, ou franche résurrection, parmi d'autres exemples). D'ailleurs, il vaut de souligner qu'ils restent aussi éternellement jeunes : Peter Parker, par exemple, resta 30 ans photographe pour payer ses études – caractéristique assez révélatrice d'un refus de grandir, ou encore syndrome de Peter Pan pour faire scientifique, de la part du lecteur qui s'identifie au héros je veux dire…
Je ne vois pas en quoi le fait de s'identifier à un super héros signifie qu'on est prétendument atteint du syndrome de Peter Pan.
Les fans de comics que je connais bien dans ma ville ont entre 25 et 50 ans et ce sont des personnes charmantes et parfaitement saines de corps et d'esprit: ce sont pour la plupart des gens mariés, qui ont un travail et des enfants et cela ne les empêche pas pour autant d'éprouver un plaisir immense à lire de bons comics de super héros.
Et aucun d'entre eux ne m'a donné l'impression d'être immature ou irresponsable.
Ils sont même bien plus mûrs et équilibrés mentalement que certains supporters abrutis d'équipes de football qui tabassent dans le stade les supporters de l'équipe adverse! (dieu merci, tous les fans de foot sont loin d'être tous comme eux!)
Selon moi, une personne atteinte du fameux “syndrome de Peter Pan” c'est quelqu'un d'irresponsable, qui se laisse vivre et qui ne se prend jamais en main. Or parmi les fans de comics de super héros que je connais, ce n'est le cas d'aucun d'entre eux.
Si Spider-Man a eu un succès aussi foudroyant c'est pour plusieurs raisons. D'une part, parce qu'il a des super pouvoirs qui lui sont spécifiques (comme son 6e sens d'araignée) et d'autre part parce qu'il avait des problèmes crédibles: il est criblée de dettes, a toujours des problèmes d'argent, il a un mal fou à emballer les filles…
Le génie de Stan Lee c'est d'avoir fait un héros aux victoires à la Pyrrhus, et il avait des soucis proches des lecteurs adolescents qui faisaient qu'ils s'identifiaient bien plus facilement à lui qu'à d'autres super héros.
Stan Lee a su innover dans le genre et voulait que la vie privée de ses héros soit aussi passionnante que leurs aventures.
Citation (Guilhem @ 08/12/2011 12:42)
les facultés fabuleuses de ces super-héros n'ont pratiquement aucun impact sur l'histoire du monde : on ne compte plus le nombre de savants géniaux qui mettent au point des inventions fantastiques ou bien les extra-terrestres qui nous confient des inventions prodigieuses sans que celles-ci influencent nos sociétés de quelque manière que ce soit – ces récits en restent toujours à ce qu'
Isaac Asimov décrivait sous le terme d' «
adventure science-fiction » dans son article de 1953 intitulé «
social science-fiction » et où il examinait
les trois types de science-fiction (en) : c'est le signe assez net d'une science-fiction pauvre ou à tout le moins simpliste… Il y a bien sûr des exceptions, comme les brillants
Miracleman et
Watchmen par exemple, mais elles restent hélas bien trop rares.
Pour information, William Moulton Marston le créateur de Wonder Woman fut également le créateur du détecteur de mensonges qui a pendant des années fort utile à la police. L'une des aptitudes de Wonder Woman était de détenir un lasso de vérité qui faisait dire la vérité aux gens qu'elle ligotait, et Marston s'en est inspiré plus tard pour créer le détecteur de mensonges.
De même, si le Lave Vaisselle a été crée au début du XXe siècle, dans les années 60, les entreprises s'étaient inspirés d'un numéro des 4 Fantastiques ou Red Richards avait crée un lave vaisselle ayant les futures caractéristiques définitives de cet appareil. Les Lave Vaisselles commercialisés au début des années 80 avaient des spécificités techniques identiques à celles de cette BD des 4 Fantastiques des années 60.
Citation (Guilhem @ 08/12/2011 12:42)
Au contraire de la relative simplicité des personnages, qui s'explique en partie au moins par le comics code et le politiquement correct qui entourent la genèse de la plupart de ces titres, à l'époque du maccarthysme, et à laquelle les auteurs du domaine finirent par apprendre à pallier, avec plus ou moins de bonheur, j'y reviens plus bas, les deux aspects que j'évoque ne font que souligner les défauts du « système super-héros » : mercantilisme et manque d'imagination – tares qui parfois même se superposent d'ailleurs, bien sûr pour le pire.
Manque d'imagination… Voilà une description excessivement généraliste pour décrire les comics de super héros.
Quand j'ai découvert les comics de Spider-Man écrits par Stan Lee et illustrés par Steve Ditko, j'ai au contraire était frappé par l'imagination débordante dont faisaient preuve les auteurs.
Le fait que Spider-Man se serve de ses toiles d'araignée comme catapultes, de parachute, de masque à oxygène, c'était du jamais vu à l'époque, Lee et Ditko ont fréquemment fait preuve d'inventivité pour les combats.
De plus John Romita Sr a déclaré son admiration envers l'imagination intarissable dont faisait preuve son ami Jack Kirby (un génie du 9e Art, de la même trempe que Hergé et Osamu Tezuka), il disait qu'il n'avait jamais rencontré dans sa vie un homme ayant autant d'idées que Kirby. Il avait même ajouté que dans ses rêves les plus fous, il n'aurait jamais imaginé un personnage de l'envergure de Galactus (crée par Kirby) capable de dévorer des planètes.
Pour le Comics Code, Stan Lee fut l'un des premiers à le braver. Il voulait traiter du problème de la drogue dans Spider-Man pour faire prendre conscience au lectorat de le menace et du danger que représentent ces produits, mais il était stipulé dans le Comics Code qu'il était strictement interdit d'en parler. Et en ce temps là, publier un comics sans ce sceau, c'était la faillite garantie (les EC comics qui étaient des BDs horrifiques en furent les premières victimes). Stan Lee sortit malgré tout ce numéro de Spidey en 1971, sans l'approbation du Comics Code (et sans avoir mit le sceau) et les responsables de ce dernier voulurent sévir. Néanmoins, le ministère de la santé apporta son soutien à l'auteur et Lee ainsi que Marvel Comics furent tirés d'affaire. A partir de cet événement charnière, les comics reprirent partiellement leur liberté…
En revanche, là ou je suis davantage d'accord avec toi, c'est qu'on ne peut nier qu'il y a un fort aspect commercial gravitant autour des super héros les plus populaires.
Citation (Guilhem @ 09/12/2011 15:10)
Pour cette raison, je ne me suis jamais vraiment penché sur les DA de super-héros : même si beaucoup d'entre eux sont arrivés dans la période post-Watchmen/Dark Knight qui se caractérise par des récits sombres et des héros tourmentés, je regrette qu'ils n'aient retenu que ça de ces deux références quand, pourtant, celles-ci avaient bien plus à proposer…
Tu aurais du regarder la série animée de Superman de Bruce Timm: elle est loin de se cantonner à cette catégorie et bascule d'un genre à l'autre avec aisance sans que cela ne paraisse incohérent au spectateur.
On peut en dire de même de “La Ligue des Justiciers” ou de la série animée récente de “Batman l'alliance des héros”.
C'est vraiment dommage que tu sois passé à côté de ces séries de Bruce Timm, car, avec les meilleures séries animées satiriques qui se réclament du genre (Les Simpson, Daria, South Park, King of the Hill), elles font partie du haut du panier de l'animation américaine télévisée, tant en terme d'écriture que de réalisation technique.
Et “Batman the Animated Series” a eu une influence considérable sur l'animation mondiale: des séries françaises comme Chris Colorado, Bob Morane, le Magicien… ont un graphisme clairement influencé par le character design “carré” de Bruce Timm.
Elle a eu aussi un impact sur l'animation japonaise.
Pour Cowboy Bebop, le personnage de Pierrot le Fou est clairement inspiré de l'ennemi juré de Batman le Joker (sans compter que le titre de l'épisode et le nom de ce psychopathe sont inspirés d'un film du même nom de Godard).
Enfin, une série comme “The Big Ô” a une mise en scène, un character design et une ambiance sombre fortement influencés par Batman TAS, tout en ayant des qualités remarquables qui lui soient propres.
Citation (Guilhem @ 09/12/2011 15:10)
Mais c'est précisément ça le problème, que le temps ne s'écoule pas aussi vite et qu'il n'y a pas d'ellipses : au final, on se retrouve avec des perso éternellement jeunes, ou presque – c'est une manière tout à fait artificielle d'entretenir le succès commercial.
Je te signale que c'est exactement la même chose pour la plupart des héros de BDs franco belges:
Spirou et Fantasio, Lucky Luke, Boule et Bill, Buck Danny, Tif et Tondu, Blake et Mortimer, les Schtroumpfs, Cubitus, Achille Talon…
Cela fait entre 60 et 80 ans que ces personnages existent et que leurs aventures se poursuivent à l'heure actuelle avec différents auteurs qui se sont succédés sur ces titres cultes…
Et là aussi, les héros ne vieillissent pas ou alors si peu…
Et là, curieusement, sur les différents sites ou forums francophones ou je suis allé, je n'ai vu personne monter au créneau ou crier au scandale pour le traitement “à rallonge” de ces héros cultes de la BD franco belge.
Donc, ce qu'on fait en France et en Belgique à ce niveau là c'est bien, mais si les américains font la même chose avec leurs personnages, c'est mal?
Parmi les rares exceptions de classiques de la BD franco belge, on peut citer Tintin et Gaston Lagaffe étant donné que Franquin et Hergé ont refusé que leurs créations soient reprises par d'autres.
Aux USA, il y a aussi des exceptions. Ainsi pour le personnage du Fantôme du Bengale (crée par Lee Falk le père de Mandrake le Magicien), les héros ayant revêtu ce costume de justicier vieillissent en temps réel, et plusieurs personnes différentes se sont succédées et ont repris le flambeau. A l'heure actuelle, c'est l'arrière arrière petit fils du Fantôme du Bengale originel qui porte le costume.
Plus récemment dans Ultimate Spider-Man, ce n'est plus Peter Parker qui est Spider-Man et c'est un autre jeune homme qui lui a succédé.
Citation (Guilhem @ 08/12/2011 12:42)
Ce qui n'empêche pas ces prod de connaître exactement les mêmes défauts : suites de suites de suites, reboots à foison, etc… Tout dépend de leur succès à l'audimat ou au box office, en fait…
Si la qualité est au rendez vous, je ne vois pas ou est le problème.
Et je suis d'accord avec Feanor, il n'y à qu'a voir l'univers qu'a bâti Bruce Timm: cela a commencé avec “Batman the Animated Series” (1992) et cela s'est conclu avec Justice League Unlimited (2006): ces séries sont interconnectées, il y a un début, un milieu et une fin avec des personnages qui évoluent ainsi que leurs relations.
Citation (Guilhem @ 08/12/2011 12:42)
C'est bien là que je voulais en venir : j'ai pas de fric à mettre dans des trucs sans fin compte tenu de leur intérêt limité… 😉
Pour toi peut être, pour nous certainement pas. Et puis intérêt limité, cela dépend, certains comics de super héros sont effectivement nuls tandis que d'autres sont passionnants et exceptionnels.
A titre personnel, j'achète beaucoup plus de comics que de mangas, car, à l'heure actuelle, peu de séries en mangas m'attirent et je me concentre sur celles que je collectionne comme H2, Ashita no Joe ou bien Saint Seiya the Lost Canvas…