Nous voici arrivés au terme de la première saison de la série qui se réclame de l’univers de Tolkien, Rings of Power.
Je vais donner ici mon ressenti personnel sur tous les trucs qui m’ont déplu et qui ne vont pas avec l’univers de Tolkien dans cette série qui était “censée être l’élue c’était toi”, et qui au final a simplement fait sa tambouille sans se soucier de la richesse du matériau d’origine qu’elle a préféré mettre sur le bas-côté.
Prenez ceci comme ma catharsis après avoir enduré près de 9h20 des insoutenables récits de gens fort détestables.
Mais il faut que je commence par exprimer ce que représente Tolkien pour moi, histoire qu’on comprenne que ce n’est absolument pas de la récupération ou de l’opportunisme pour simplement en faire un symbole de lutte contre le wokisme qui gangrène la culture populaire de ces dernières années. Ça pourrait, mais c’est pas ça.
C’est simplement que l’univers de la Terre du Milieu est très cher à mes yeux depuis que je l’ai découvert au milieu des années 90, autant pour des raisons très personnelles que pour le voyage qu’il m’a offert. Pas juste dans le monde de Tolkien, mais dans celui de la littérature en général, parce que je ne trouvais aucun intérêt à lire des livres avant Tolkien, et que la passion qu’il m’a transmise s’est répandue comme une traînée de poudre, en particulier dans le monde de la Fantasy, mais aussi au-delà. Bref, ce texte à lui seul justifie la présence de ce post dans ce topic (billevesées, tout ça). ^_^
Autant prévenir, je ne vais pas me lancer dans un texte super structuré, parce que je n’en ai plus le courage, alors ça risque d’être une litanie de ce que je considère comme les plus gros défauts de la série. Désolé d’avance ! -_-
Et bien entendu, ça va révéler quelques intrigues (j’ai en revanche évité les gros spoilers de la série télé).
Alors, qu’est-ce qui va pas dans Rings of Power :
– L’écriture, les dialogues qui trop souvent essaient d’imiter le lyrisme de l’oeuvre de Tolkien au travers d’allégories fumeuses (dans lesquelles on apprend par exemple la différence entre un caillou et un bateau… “le caillou coule parce qu’il regarde vers le bas tandis que le bateau flotte car il a la tête haute, il regarde vers le haut” sic) ou pire, essaient de faire du Game of Thrones lorsqu’ils sortent une devise pour les Númenoriens (“la mer a toujours raison”).
L’absence d’explications ou d’exposition (par les mots ou simplement par la présentation des habitudes et coutumes des peuples présentés), cette manie de toujours répondre à côté quand un personnage pose une question, histoire de se donner une fausse épaisseur ou une espèce de gravité. Et le fait que les personnages semblent utiliser perpétuellement l’option “voyage rapide” des Elder Scrolls pour se déplacer d’un point à l’autre de la Terre du Milieu, tout cela n’aide pas non plus à rendre ce monde crédible, cohérent et tangible. Parce que non, “refléter le monde actuel” n’est pas une justification valable pour impliquer les spectateurs, d’où qu’ils viennent.
Les heureux hasards sont monnaie courante, et même toute la structure de la série repose sur ces coïncidences. Dans le deuxième épisode Galadriel est contrainte de traverser à la nage un océan pour revenir en Terre du Milieu. Heureux hasard, elle tombe sur un groupe de naufragés essayant de survivre sur la carcasse d’un navire attaqué par un monstre, puis, autre heureux hasard, ils finissent par croiser un navire Núménorien. C’est une situation qui arrive trop souvent : Untel est sauvé parce qu’il rencontre tel autre au bon moment, des hasards plus ou moins différents se succèdent; le jour se lève au bon moment lorsque des Orques vous poursuivent; la cavalerie arrive au bon moment lorsque les choses empirent; untel essaie de trouver une porte cachée, il se trouve que la façon de la trouver est indiquée dans une chanson d’enfants entendue quelques temps avant. C’est pas juste une ou deux fois dans ces huit épisodes, c’est un schéma récurrent dans chaque épisode.
Les gens qui regardent cette série sans jamais avoir ouvert un seul livre de Tolkien aimeraient certainement en savoir plus sur ce Morgoth, sur le frère de Galadriel (il me semble même que son nom n’est jamais cité dans la série, ce qui est une aberration), sur l’histoire de Númenor, sur l’inimitié entre Eldar et Edain, sur la rébellion des Noldor, sur les Silmarils, mais on leur refuse ce droit en extrapolant exagérément et en restant flou sur des détails importants de l’histoire de cet univers. On les cite mais sans jamais les conter. Comment voulez-vous accrocher le spectateur lambda avec ces demi-informations ? Comment voulez-vous qu’il s’investisse de cette manière ?
– De fait, la chronologie du Deuxième Âge est complètement foutraque et incompréhensible, et on greffe des évènements inventés qui peuvent même contredire ceux du Seigneur des Anneaux.
J’ai pas de souci avec le fait que la chronologie soit compressée pour pouvoir raconter une histoire dans ce format, mais ça ne signifie pas qu’il faille raconter des évènements dans le désordre ou s’amuser à les changer pour qu’ils s’adaptent au récit que veulent faire les scénaristes. Un exemple, Tar-Miriel, la régente de Númenor, est née presque 2000 ans APRÈS la forge des Anneaux de Pouvoir. Ici, ils n’ont même pas encore été forgés… pas tous en tout cas. Et mieux, on commence par forger ceux qui sont normalement forgés en dernier avant la création de l’Anneau Unique…
On pourra me rétorquer que Peter Jackson en a fait autant avec la mort de Saroumane dans la version longue du Retour du Roi, mais l’ex Magicien Blanc n’avait plus de rôle à jouer à ce moment du récit (le saccage de la Comté après la mort de Sauron n’ayant pas lieu dans le film, et malgré ça il finit de la même manière que dans le roman), alors qu’ici on bouleverse la chronologie uniquement pour une raison que je ne m’explique pas.
Selon la Tar-Miriel de la version série télé, 6 des 7 Palantíri (les pierres de vision) auraient été perdus, ce qui est faux. C’est au Tiers-Âge, après qu’ils aient été amenés en Terre du Milieu par Elendil, que la majorité des pierres ont été perdues. Du coup, Denethor et Saroumane auraient créé de nouvelles pierres, ou celles-ci ont miraculeusement dérivé des côtes de Númenor jusqu’en pleine Terre du Milieu ?! Elles ont dû lever la tête, ce qui leur a permis de flotter comme des bateaux… -_-
Et il y a d’autres exemples de ce style.
– Les Hobbits sont détestables et hypocrites : Dans la série, les Pieds Velus clament à tue-tête quelque chose comme “personne n’est abandonné ou laissé sur le bas-côté” et ont un rituel de souvenir de leurs morts lors duquel à chaque citation d’un nom, tout le monde dit “nous t’attendons”, sauf qu’on apprend peu avant qu’ils abandonnent sans la moindre hésitation l’un d’entre eux à la moindre faiblesse ou anicroche (genre une roue voilée), et qu’ils ne font jamais preuve d’entraide ou de solidarité. Comment sont-ils parvenus à rendre les Hobbits détestables ?
– Dans l’univers créé par Tolkien, on décrit très souvent les Elfes comme “les belles gens”, on les dépeint également comme des anges, or les Elfes ne dégagent ici absolument rien, aucune aura surnaturelle, et ne sont aucunement différents des Hommes en dehors de leur façon de combattre. Ils sont menteurs, manipulateurs, et je ne prends même pas Galadriel comme exemple. C’est Elrond lui-même qui dit à Durin qu’il ne faut pas faire confiance aux Elfes.
Ils ont visiblement perdu leur vue perçante puisque même en ayant érigé une tour de garde ils n’ont jamais découvert les orques qui, à quelques kilomètres de leur position ont rasé une forêt et creusent des tunnels pour enlever des humains ET DES ELFES !
Certains Elfes sont ici même joués par des acteurs bien marqués par les années (Celebrimbor ressemble d’ailleurs plus à un Hobbit qu’à un Elfe). Et leur façon de parler dénote plus de la parodie et de la fan fiction que des écrits de Tolkien.
– Le personnage principal, Galadriel, est une Mary-Sue sociopathe, détestable, arrogante, menteuse, manipulatrice, hypocrite et méprisante. Elle est censée avoir plus de 2000 ans (encore une fois la chronologie est foutraque, mais peu importe, elle est née avant le Premier Âge) mais se comporte comme une prépubère pourrie gâtée. C’est certainement un des personnages les plus vieux de la série mais on choisit de la faire se comporter comme celle qui est la plus immature. Et la seule chose que cette série veut nous révéler sur elle c’est qu’elle sait se battre, et ils font tout pour que vous l’imprimiez dans votre tête parce qu’ils le rappellent constamment. Mais même en mettant de côté le fait qu’ici elle n’est jamais décrite autrement que comme une guerrière qui ne quitte jamais son arme, une Xéna sans le second degré, c’est déjà une profanation du personnage d’origine que de lui donner un caractère aussi insupportable et sans la moindre nuance.
Je veux bien comprendre qu’il s’agisse du début de l’arc du personnage qu’ils veulent le plus développer, de montrer qu’elle finit éventuellement par devenir la vraie Galadriel que l’on voit dans les films de Peter Jackson (et qu’elle devrait déjà être, mais passons), mais alors à quel moment le spectateur peut-il créer un lien avec ce personnage qui n’est jamais remis à sa place (même dans son enfance, après avoir frappé un autre gosse qui l’embêtait), qui ne connaît pas la moindre difficulté dans sa vie quotidienne et dont les seuls combats intérieurs se résument à se retenir de traiter tous ceux qui lui parlent de pécores ou de frapper le premier qui ose lever les yeux sur elle ? Où sont les scènes qui montrent les conséquences de ses mauvaises actions, qui montrent qu’elle se comporte mal, qu’elle se trompe, qu’elle va dans la mauvaise direction ? Elles n’existent pas.
Quoi qu’elle fasse dans cette série, elle a toujours raison et les seuls véritables problèmes qu’elle rencontre viennent des autres qui ne lui font pas confiance et minimisent ses capacités ou ses paroles, bref de ceux qui la tirent vers le bas et l’empêchent de briller aux yeux du monde comme elle devrait naturellement le faire dès le début. Elle ne gagne rien de son voyage, son potentiel de départ est déjà maximum.
Il y a en fait un moment où l’histoire lui donne tort, lorsqu’elle découvre l’identité sous laquelle se cache Sauron. Mais elle n’en parle à personne parce que ça la compromettrait personnellement, et on se doute bien qu’il s’agit d’un arc de rédemption qui sera développé dans la prochaine saison. En gros la seule raison pour laquelle on lui donne tort c’est par souci de leurrer le spectateur sur une éventuelle évolution du personnage, et qui sera certainement accompagnée de nombreuses scènes de dialogue de ses compères masculins qui élèveront le personnage en lui disant à quel point elle est formidable et combien elle a pu les inspirer à être meilleurs, j’en suis persuadé.
C’est pourtant étonnant qu’elle se soit fait avoir de cette façon. Dans l’oeuvre de Tolkien sa perception et la force d’esprit sont tellement fortes qu’elle pourrait lire en Sauron tandis que lui ne pourrait lire en elle (une scène de l’épisode 8 développe un poil cet aspect pourtant) !
Bref, on nous la montre vaniteuse et méprisante pour qu’au final son orgueil lui retombe sur la gueule, ce qui lui apprendra l’humilité et la compassion j’imagine (comme si elle en était dénuée avant, mais passons bis). Mais ce n’est pas une excuse pour nous avoir servi un personnage aussi unidimensionnel, aussi extrême et sans la moindre nuance tout au long de la saison. Elendil lui demande par exemple d’enseigner un peu l’art de l’épée à ses élèves, et toute la scène de cet enseignement se résume basiquement à “Galadriel humilie des apprentis qui ne demandent qu’à apprendre” dans le simple but de montrer qu’elle est balèze… face à des élèves, quelle surprise. Alors que l’intérêt aurait dû se centrer sur ces élèves qui cherchent à s’améliorer, tout ce qu’on retient c’est que Galadriel est l’équivalent des Detroit Red Wings face aux Pee Wee de Park County dans South Park. À la différence près que dans South Park c’était intentionnel de montrer des enfants se faire tabasser par des professionnels du Hockey, c’était pour la blague. Là ça découle juste de l’incompétence des scénaristes à rendre Galadriel sympathique et bienveillante.
Pourquoi je devrais m’investir dans son histoire si elle ne me propose rien qui me la rende sympathique ? Qu’est-ce que j’en ai à faire de son évolution, si je l’aime pas ? Pourquoi je devrais avoir de l’empathie pour un personnage qui réussit à avoir ce qu’il veut en se comportant de la pire manière possible avec les autres sans qu’il en subisse les conséquences ? Les scénaristes ont buté en touche sur toutes ces questions légitimes et ont préféré accuser les détracteurs de la série de mauvaises personnes et de sexistes.
– Et au final, ce sont les Orques qui suscitent le plus de sympathie. Ils prennent soin de leurs blessés et sont solidaires dans l’adversité. Leur chef Adar est un Elfe torturé considéré comme un des premiers Orques qui s’est rebellé contre Sauron et appelle ses Orques ses enfants. Il veut leur offrir une terre à eux et est à l’origine (dans la série) de l’éveil de la Montagne du Destin. Arrivé à la fin de cette saison, je me suis rendu compte que c’était le personnage pour lequel j’avais le plus de sympathie. En fait c’est même le seul pour lequel j’ai de la sympathie. Et c’est un énorme problème en soi.
Les Orques dans l’univers de Tolkien sont presque littéralement l’équivalent des démons. Leur seul but est de détruire et de torturer. Ils ne sont pas à la recherche d’un Éden Orque, ils n’ont pas la moindre trace de bienveillance en eux, même entre Orques. De fait, je ne devrais pas ressentir la moindre sympathie pour eux, et pire encore je ne devrais pas les considérer comme les personnages les plus sympathiques. Mais comment faire autrement, entre les Hobbits cruels, les Núménoriens incompétents et faibles, les villageois complètement cons, les Nains quasiment inexistants en dehors de Durin et Disa, et les Elfes soit amorphes soit égocentriques, c’est pas bien compliqué de faire son choix.
– Ce qui ressort du traitement des différentes races dans les Anneaux de Pouvoir c’est qu’en fait elles n’ont pour seul différence les unes des autres que leurs caractéristiques physiques, autrement il ne se dégage aucune spécificité d’elles. Pas de grands guerriers Númenoriens, pas d’Elfes éthérés, pas de Nains commerçants et bâtisseurs, pas de Hobbits débonnaires, ce ne sont que des humains en costume. Ils parlent, réfléchissent et agissent comme le feraient des humains. Et de toute façon la série ne s’attarde pas une seule fois à dépeindre leur quotidien (hormis pour les Númenoriens, mais seulement dans le but de faire avancer l’intrigue autour de Halbrand ou de leur Isildur).
– RoP est avant tout un rip-off du Seigneur des Anneaux, une vaine tentative de refaire la Trilogie de Peter Jackson plutôt que de vraiment vouloir raconter l’histoire de la Terre du Milieu. C’est déjà plus qu’évident avec le casting de certains personnages qui ressemblent effrontément à certains acteurs des films ainsi bien sûr qu’aux personnages que ceux-ci incarnent (les deux Hobbits qui sont des versions féminines de Frodon et Samsagace, Halbrand le Aragorn du pauvre, le Gandalf clodo), mais ça l’est aussi au travers du scénario, des situations et des dialogues qui souvent sont des scènes ou des répliques reprises des films : Galadriel qui dit à Halbrand qu’il n’a pas à porter le poids des péchés de ses ancêtres ramène à Arwen disant à Aragorn “vous êtes le descendant d’Isildur, pas Isildur en personne”; ou la scène du Palantir dans l’épisode 4, lorsque Galadriel dit que “les Palantiri montrent maintes visions dont certaines ne se sont pas encore passées”, presque mot pour mot la réplique de Galadriel à Frodon dans la Communauté de l’Anneau lors de la scène du miroir; ou lorsque Galadriel et Theo se cachent des Orques de la même façon que Frodon et ses amis se cachaient du Nazgul à cheval dans la Communauté de l’Anneau.
– Et c’est inévitable, l’incohérence voulue de cet univers au niveau ethnique. Ce n’est pas la Terre du Milieu que les producteurs ont voulu recréer ici, ce sont les États-Unis d’Amérique. Il n’y a aucun moyen de distinguer une peuplade d’une autre puisque des Númenoriens aux habitants des terres du sud, chaque recoin de la Terre du Milieu possède les mêmes caractéristiques multi-ethniques, même chez les Nains. Il n’y a pas la moindre identité, chaque peuple ressemble à l’autre.
Même les Hobbits, ou Pieds Velus, un peuple alors nomade (et le principe d’un peuple nomade c’est qu’il ne se mélange pas aux autres et se caractérise donc par une seule ethnie), possèdent également cette caractéristique.
J’ose imaginer que si lors d’une saison ultérieure on nous emmène en Harad ou au Rhûn, nous aurons évidemment droit à cette même diversité pour les peuples qui les habitent, non ?
Sans parler des renvois au monde moderne d’une subtilité à toute épreuve (les Númenoriens qui se plaignent que les Elfes vont leur prendre leur travail), tout ce brassage ethnique et cosmopolite est encore plus incohérent en comparaison avec les deux trilogies de Peter Jackson qui sont censées se dérouler des milliers d’années après et qui pourtant ne portent aucune trace de ce brassage. Le Tiers-Âge aurait connu des épisodes de nettoyage ethnique parmi toutes les races ?
– Enfin, si on veut parler de la représentation des sexes, les personnages féminins récurrents sont toujours des personnages forts, droits ou justes et enclins à diriger, tandis que les personnages masculins récurrents sont soit corrompus et manipulateurs soit soumis et inoffensifs. Mais dans les standards des séries occidentales et a fortiori américaines, tous ces schémas sont devenus une récurrence. C’est même devenu une lapalissade aujourd’hui.
Mais je pense qu’on peut apprécier cette série malgré tout, à compter qu’on soit pas trop versé dans l’univers de Tolkien ou tout simplement qu’on ne soit pas regardant sur le niveau de fidélité à l’oeuvre originale. Et globalement c’est assez beau à regarder. En revanche, pour l’écriture et les dialogues c’est très très très loin de ce qu’on est en droit d’attendre de la licence, et les allégories au monde actuel qui font preuve d’autant de subtilité et de discrétion qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, ce peut être un énorme repoussoir. Bref, tout dépend de votre niveau de tolérance et de votre affinité avec l’univers que Tolkien a passé littéralement toute sa vie a créer, avec ses codes, ses langages, son histoire, ses protagonistes, et qu’Amazon a décidé d’adapter à sa sauce, grossièrement, sans volonté de cohérence ou de respect.
Ce n’est pas très commun de voir une oeuvre refléter autant la personnalité, l’âme de son auteur, parce que peu d’auteurs ont consacré leur vie à créer un univers fictif qui soit le miroir de tout ce qui constitue leur être comme l’a pu faire Tolkien. Un amoureux des langues qui a créé tout un monde pour leur donner du poids, de la vie. Un passionné de contes et légendes qui a voulu offrir à son pays une mythologie qui lui fût propre. Un ancien soldat qui a connu la guerre et côtoyé la mort de près et qui a su décrire la véritable nature du bien et du mal. Et personnellement je pense que ce genre d’auteur mérite un peu plus de respect que les autres, et qu’il faut un sacré culot pour croire qu’on peut se permettre de changer de manière aussi insolente ses écrits et les rendre meilleurs.
Oui, cette dernière phrase est biaisée, je ne l’ai pas caché, je n’ai pas du tout aimé cette première saison, et ce depuis le premier épisode. Depuis l’annonce de la création de cette série il y a quelques années, mon enthousiasme sincère du départ n’a cessé de tomber au fur et à mesure des rumeurs puis des annonces et images officielles, jusqu’à la mise en place de cet horrible marketing qui, au lieu de vendre la série et les histoires qu’elle allait aborder n’a pointé le doigt que sur une chose : la diversité de son casting et “l’envie de refléter le monde actuel”. Et je n’ai pourtant jamais fait la moindre remarque négative avant la diffusion du premier épisode, parce que malgré tout j’avais encore envie d’y croire.
Maintenant que la première saison est terminée… tout est dit.
Au passage, je l’avais dit dans mon avis sur les deux premiers épisodes, je persiste et signe après avoir vu toute la saison : cette série trahit totalement l’oeuvre de Tolkien. Je ne dis pas que les showrunners ne connaissent pas l’oeuvre de Tolkien (il y a des références qui ne trompent pas), mais j’affirme qu’ils se torchent allégrement avec. Quand des fans leur ont dit que Galadriel n’était jamais allé à Númenor, ils ont quand même lancé qu’à aucun moment Tolkien avait signifié qu’elle n’y était jamais allé. C’est d’une logique imparable…
Je ne vais pas m’étendre davantage, j’ai déjà perdu 9h20 de ma vie à espérer quelque chose qui n’est jamais arrivé.
Dernière petite blague cela dit, les showrunner disent vouloir centrer la saison 2 sur Sauron et de le développer avec de la nuance, à l’instar de Walter White (sic)…
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead