J’ai beaucoup entendu parler de la série The Orville, produite par Seth MacFarlane (Les Griffin, American Dad), et s’inspirant généreusement de Star Trek la série originale. Sachant que les fans de ST l’adorent en majorité et qu’elle se fait démonter par les critiques qui se paluchent sur Star Trek Discovery (la série ST officielle actuellement en cours), je me suis demandé comment j’ai fait pour passer aussi longtemps à côté de son visionnage.
Alors voilà, en même temps que je me remate tout Doctor who, j’en ai profité pour voir la première saison de The Orville, soit douze épisodes, parce que je suis un fan inconditionnel de Star Trek la série originale, et que j’aime beaucoup le travail de Seth MacFarlane en général. Alors, j’en pense quoi ?
Tout d’abord, je suis peiné de constater que le coffret BR de la première saison de STD soit déjà disponible par chez nous, tandis que la vraie preuve d’amour envers l’oeuvre originale de Gene Roddenberry ne l’est toujours pas ! Parce que Seth MacFarlane est un vrai amoureux de Star Trek, lui sait ce qui fait la force de cette oeuvre, et il le montre dans The Orville. Parfois de manière maladroite (la série aime bien plus jouer sur l’humour que celle dont elle s’inspire, mais cet humour n’est pas toujours efficace, du moins dans les premiers épisodes), mais il cerne tout de même les points forts de la série. Et qu’est-ce qu’il y rajoute ? Une dimension plus faillible, des personnages qui s’expriment non pas comme les héros de l’Enterprise, modèles pas infaillibles mais tout de même exemplaires, mais comme vous et moi, comme des fans de ST qui s’amuseraient à pasticher leur série préférée. Qui feraient dire et faire à leurs héros des choses moins nobles, tout en respectant leur essence.
Parce que, à l’instar de l’excellent film Galaxy Quest, The Orville n’est pas une parodie, mais un pastiche. Pas pour rien que MacFarlane s’est entouré d’anciens de la saga de Roddenberry tels que David A Goodman (Star Trek Enterprise mais aussi Futurama) et surtout Brannon Braga, présent dans l’univers de ST depuis The Next Generation (la deuxième série ST).
Cela étant dit, le ton de la série évolue, même si on reste continuellement dans le registre du pastiche. L’humour des premiers épisodes se fait plus discret. Il est toujours là, principalement pour rapprocher les personnages du spectateur, les mettre à son niveau, qu’il s’identifie mieux (le principe du pastiche, donc), mais il y a un équilibre qui se créé assez vite avec un ton sérieux, qui du coup rapproche plus encore The Orville de son illustre référence. Actuellement je suis arrivé au cinquième épisode de la deuxième saison, et il arrive que certains épisodes soient quasiment dénués d’humour.
Ça m’est arrivé assez rarement dans une série pour que je le souligne, il n’y a pas UN perso récurrent dans The Orville que je ne supporte pas ! Tout au long de ces douze épisodes j’ai pris un énorme plaisir à en savoir plus sur chacun d’entre eux et à suivre leur évolution. Bortus le Moclan et les coutumes singulières de sa race quasi unisexe (et non pas asexuée, il naît une fille tous les 75 ans), Alara Kitan, la Saiyen… Xelayan de l’équipe, John Lamarr et Gordon Malloy, les filous facétieux au pilotage, Isaac, le robot premier degré du vaisseau au complexe de supériorité proéminent, Docteur Claire Finn, la responsable médicale courtisée, voire harcelée, par le lieutenant Yaphit, le blob jaune; Kelly Grayson, officier en second et ex-femme du Capitaine de l’équipage Ed Mercer !
Seth MacFarlane a réussi à rendre chaque membre de l’Orville aussi attachant que possible ! Mes deux préférés sont tout de même Gordon et Alara. Le premier pour son caractère cool et jamais rancunier (même auprès d’Isaac après que celui-ci livra à ses dépends son interprétation d’un farce), et aussi pour son humour particulier. Et la seconde aussi pour son caractère simple, un excellent équilibre entre force et fragilité qui la rend vite sympathique, et sa capacité à ouvrir des bocaux de cornichons avec une étonnante facilité.
Et en addition de ce superbe roster, on trouve de très bons caméo, avec pas moins que Charlize Theron ou encore Liam Neeson !
Bref, pour faire simple, vous ne passerez pas une saison entière à vous demander quel est le nom de chaque membre de l’équipage principal, contrairement à une certaine autre série, qui préfère tout miser sur une connasse imbuvable qui s’appelle Michael (sic) Burnham et qui a été adoptée par les parents de Spock. Je vais être très vulgaire deux secondes, mais faut que ça sorte… Pratain de crotte.
Ça fait du bien de se lâcher, mais pardon quand même. -_-
Et puis au-delà de tous ces personnages le Capitaine Mercer est un bon meneur. Il partage beaucoup de points communs avec Kirk, comme la confiance qu’il porte à son équipage et la façon dont il sait utiliser leurs capacités, ainsi que son humanisme. Il manque parfois de confiance en ses propres capacités et en lui-même, ce qui le rend plus humain, mais ça ne transparaît véritablement que dans les moments où il n’est pas dans l’exercice de ses fonctions. C’est l’autre point que cette série partage avec une bonne série Star Trek, la présence d’un véritable chef qui sait commander et mettre en avant son équipage, contrairement à Discovery, mais je me répète.
Et on se retrouve face à des épisodes que ne renieraient pas des auteurs de talent des deux premières séries comme Gene Roddenberry, D C Fontana, Jeri Taylor ou Melinda Snodgrass entre autres, comme l’épisode 6 the Krill, voyant le capitaine Mercer et son timonier Gordon Malloy infiltrer un vaisseau Krill pour mieux connaître leur ennemi et recueillir des données sur leur culture guerrière. Ou encore l’excellent épisode 7, Majority Rule, dépeignant une société proche de la nôtre au sein de laquelle règne la loi des réseaux sociaux, les faits et les preuves n’ayant aucune importance en comparaison de l’opinion publique, de la tendance et de l’indignation facile.
Il y a également une scène où Kelly explique que la monnaie en tant que telle n’a plus court à leur époque (comme dans Star Trek), qu’elle est remplacée par la réputation, soit les capacités réelles. J’ai beaucoup aimé cette phrase, autre preuve que MacFarlane sait ce qu’il fait, connaît son sujet, ce qui fait la force de la série dont il s’inspire ouvertement. Parce que c’est ça la force de Star Trek, la combinaison des talents, sans la moindre discrimination, qu’elle soit positive ou négative, sans le moindre jugement sur les pensées de son équipage (Isaac par exemple, considère toutes les formes de vie organiques comme inférieures) ou sur les origines ou le sexe. Seules comptent les capacités individuelles, soit tout le contraire d’une idéologie communiste, contrairement à ce que pensent certains activistes. C’est le seul véritable message utopiste de Gene Roddenberry.
Chez Roddenberry, les mots ne sont que des mots (je renvoie ceux qui en doutent à l’épisode The Savage Curtain et au dialogue entre Uhura et… Abraham Lincoln), rien à voir avec la propagande nauséabonde du politiquement correct que l’on tente de nous inculquer ces dernières années. Mais je m’arrêterai ici sur ce sujet, l’excellent article de Quillette en parle mille fois mieux que moi ! ^^
https://quillette.com/2019/01/17/what-is-this-thing-you-call-social-justice/
Bref, si vous souhaitez savoir ce qui fait que la licence Star Trek perdure autant depuis plus de cinquante ans, ou si vous n’osez pas vous lancer dans un visionnage de la série Star Trek originale ou de Star Trek Next Generation à cause de leur âge avancé, regardez The Orville, parce que tout ce qui fait le coeur de l’oeuvre de Gene Roddenberry s’y trouve, avec des thématiques actuelles traitées intelligemment, sans idéologie ni moralisme navrant, et des personnages attachants.
Et après ça, les séries Star Trek vous paraîtront plus accueillantes ! Et jetez également un coup d’œil au film Galaxy Quest, y a Sigourney Weaver dedans, les gars ! ^^
Mais faites l’impasse sur Star Trek Discovery, ne vous imposez jamais ça, ce n’est pas du Star Trek, c’est une parodie grotesque et ratée des séries originales, avec des Klingons chauves pro-Trump à gueule de cochon / orc, des perso masculins positifs inexistants, un équipage anonyme et surtout, surtout, un perso principal Mary Sue à baffer, dès le premier épisode.
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead