Drago-oh-on ba-oh-ol, la quête finale-euh, des sept boules de cristal venues des étoiles.
drago-oh-on ba-oh-ol pour un idéal, combat glacial du bien contre le mal…
Aaaaaah ! DB et DBZ. Que de très bons souvenirs.
Ça fait un moment que je me contentais de suivre de loin ce topic.
Je vais tenter de faire une rétrospective et un peu d’analyse de cette longue et riche saga. Il y a tant à dire sur la série préférée d’Arianne. ^^
Les débuts sont modestes. Toriyama tout auréolé de son succès avec Dr.Slump entame une nouvelle série d’aventures à la sauce parodique. Premier truc qui frappe : l’originalité de l’univers de Toriyama. Certes DB est tiré à la base du fameux voyage vers l’occident. Mais relisez les deux premiers tomes : malgré une espèce d’esthétique vaguement chinoise, ce qui frappe c’est l’inventivité et la richesse de l’univers de l’auteur. A la fois futuriste et fantaisiste, il y a une fusion des genres heureuse avec dragon ball. Les “capsules”, la légende des boules de cristal, les mythologies remisent au goût du jour, le design particulier des véhicules, les décors insolites ( le désert où vit Yamcha ), les techniques d’arts martiaux qui tuent ( kamehameha ! ) tous ces petits détails marquent les esprits.
Toriyama pose dès les premiers chapitres les bases d’un univers suffisamment cohérent pour pouvoir accepter toutes les excentricités possibles de l’auteur. Et on verra que sans ces bases cruciales, Dragon Ball n’aurait été qu’un manga parmi d’autres, une histoire sympa mais sans lendemains.
La 1ère quête est vite pouillée : au bout de deux volumes seulement, nos héros ont fini leur voyage. Que faire ? Toriyama entreprend alors de faire évoluer goku en l’envoyant apprendre les arts martiaux chez le fameux tortue géniale. Une bonne occasion de parodier à tout va. Les arts martiaux ? “C’est pour impressionner les filles ! ” La seule fille qui les rejoint, Lunch, loin d’être impressionnée, cache en plus une double personnalité de psychopathe en furie… ^^
S’en suit un inoubiable premier tournoi des arts martiaux, parodie de Jackie Chan et autres délires du même acabit.
Puis vint le volume 6.
Comme pour tout shonen, il semble que au bout d’un an de publication, vers les tomes 6/7, les shonen prennent un virage décisif ( kenshin –> début de l’arc Shishio, Bleach –> Rukia part pour la soul society, St seiya –> prélude au sanctuaire, etc ).
C’est donc le début de l’arc consacré au ruban rouge, allusion évidente à l’armée rouge. Le manga devient plus sérieux, Goku franchi un cap et pour la première fois un ennemi fait grosse impression : Tao paï paï. Celui-ci vaincu, abattre le reste de l’armée se révèlera une simple formalité.
Puis viendra un nouveau tournoi des arts martiaux avec encore une montée en puissance de Goku. DB est définitivement devenu un manga de baston et l’humour laisse la place à un traitement beaucoup lus sombre du scénario : à peine le tournoi fini que Krilin est retrouvé assassiné. Pétage de plombs de Goku qui part à la poursuite du meurtrier.
Vous connaissez la suite. Ce qui est intéressant dans ce passage, c’est que Toriyama n’hésite pas à “éliminer” violemment un personnage aussi attachant et débonnaire que Krilin. La réaction de Goku est mémorable : il se jette aveuglément sur le tueur, fou de rage. C’est là l’un des grands points forts de DB : un héros qui, loin d’être un exemple, ne retient nullement ses coups et dont on se doute qu’il sera sans pitié pour son adversaire. L’air de rien DB se détache de ces shonen un peu moralisateur, avec ses héros qui ne font que le bien. Goku est un brave type, mais les notions de bien et de mal ne sont pas claires chez ce personnage. La vengeance est plus souvent chez lui une motivation que le sort du monde. Pis, il démontrera par la suite qu’il est plus attiré par le combat que par la nécessité de faire le bien pour le bien.
Goku est donc un personnage ambigu. Et ces premiers traits de caractères s’affirmeront avec le temps. La seule qui compte pour Goku, c’est que l’on ne fasse pas de mal à ses amis. Ensuite, qu’importe si l’adversaire est bon ou mauvais : s’il est puissant, il ira l’affronter, point barre. Une chance pour l’humanité que goku dans le fond soit dans son camp.
L’arc Satan petit coeur prend fin avec le 3ème tournoi. C’est aussi la fin de DB. Un bilan s’impose : au bout de 17 volumes, on aura assisté à l’évolution d’un manga parodique en série shonen relativement classique, si ce n’est la personnalité particulière de son héros. La fin de DB nous rappelle aussi une chose cruciale dans ce manga : la notion du temps.
C’est là encore un point très fort de ce manga. Le temps a une prise réelle sur les personnages : ils changent physiquement, ils s’aguerrissent. Le Goku du tome 17 n’a rien en commun avec le petit garçon coupé de singe des débuts : il n’a même plus sa queue ! Bulma aussi a changé : rouge à lèvres, minijupe, elle est plus “femme” que jamais. En bref, nos personnages ont une vie en dehors de l’histoire qui nous est contée. Et c’est là une des grandes réussites de Toriyama : peut-on faire plus proche des lecteurs des personnages qui grandissent, qui mûrissent, qui couchent même, comme nous l’apprendront avec DBZ ?
DBZ donc.
Changement radical d’ambiance. Goku est papa d’un petit Gohan, Satan boude dans un coin, ça bulle à kamehouse.
Nos héros ayant fait à peu près le tour de la Terre ( jusqu’à rencontrer Dieu ), il faut bien élargir l’horizon du manga.
Après des débuts poussifs ( séjour au paradi pour Goku qui trouve là un moyen pour devenir encore plus puissant ), la série prend des accents de Star Wars : on en apprend de bonnes sur l’origine de Goku et de Satan. S’ensuit rapidement l’entrée en scène de l’inoubliable Végéta qui calme bien. Simple méchant classique aux débuts, dans les canons toriyamien pour DBZ ( c’est-à-dire : petit et méchant ^^ ), le personnage prendra une dimension tout autre dans la suite de l’histoire.
Bon, la suite, c’est Namek et Freezer.
Et puis l’histoire du super guerrier.
Pouf, pouf, fin de mon super résumé sur cet arc que tout le monde connais.
Cette période est un tournant, un de plus me dira-t-on : on y voit Satan devenir un peu plus qu’un simple maître pour Gohan et Végéta devenir un allié temporaire pour nos amis, jusqu’à sa mort tragique. Au final, les “mauvais” ne sont pas forcément ceux que l’on croît.
Une fois de plus, Toriyama décide de pulvériser l’ami Krilin. Et une fois de plus Goku ne répond plus de rien : il est tellement enragé qu’il se transforme en super guerrier, que seul un fond de haine peut réveiller. Plus haineux que Goku à ce moment-là, tu meurs ( la preuve : freezer meurt ! ^^ ).
Fin de l’arc Freezer et guerriers de l’espace.
La mode sur les grands écrans, c’est Terminator, et ça tombe bien, le prochain sujet qu’abordera DBZ, c’est les cyborgs et les voyages dans le temps.
Un nouveau personnage marque les esprits : Trunks.
Cet arc est riche scénaristiquement ( pour du DBZ ! ) : comment élargir le récit et surprendre les lecteurs ? Toriyama qui aime bien faire du mal à ses héros les “tue” dans un hypothétique futur, celui de Trunks. Plusieurs scénarios se mêlent et se croisent. Nos héros montent tous en puissance ( c’est la grande braderie des super guerriers ) et, par impuissance ou par fierté, jouent le jeu du redoutable Cell.
Vient un nouveau tournoi où l’on découvre que Goku est loin d’être un bon père, malgré l’année passé seul avec son fils dans la chambre du temps. Il faut que Satan le rappelle à l’ordre pour que Goku admette que sa stratégie est très limite. Même Végéta semble être doté de plus d’amour filial que Goku ( cf sa réaction à la mort de Trunks ). Goku est un accro du combat, un solitaire, pas un père.
Voilà qui est peu courant pour un shonen. Le héros prend de plus en plus des allures de anti-héros. Même un guerrier imbu de sa personne comme Végéta est plus crédible en bon père de famille ! Un tour de force de Toriyama qui n’a à ma connaissance jamais été répété dans un autre shonen : voilà un héros qui ne prend pas ses responsabilité mais qui, envers et contre tout, reste profondément égoïste dans son comportement.
Pour moi, cet arc des cyborgs est un grand moment de shonen.
La suite avec Boo tente un peu en vain de renouer avec l’humour des premiers tomes. On sent Toriyama peu inspiré : que raconter de plus ? Avec soulagement la série prend fin.
Avec le recul qui aurait pu s’imaginer qu’une parodie du voyage en Occident aurait pu dévier à ce point ? C’est la grande force de Toriyama que d’avoir réussi à créer un univers suffisamment malléable pour se permettre autant de liberté avec son histoire. Rien ne nous étonne dans Dragon Ball. Tout semble cohérent. Tout se tient comme par miracle. Un personnage peut bien mourir trois fois et revenir, on trouvera bien une explication sans trop se forcer. DB laisse toute liberté à l’imagination des lecteurs, et c’est peut-être à ce niveau que Toriyama s’est laissé piéger : l’apparente facilité à créer des possibilités de scénarios a tant enflammé l’imaginaire des fans que Toriyama ne pouvait que subir leur pression. C’est comme pour Star Wars, il y a encore tant de pistes à explorer que le fan n’est jamais gavé. Pire, il y a des chances pour que le fan à fond sur sa série fétiche ait lui-même l’imagination plus riche que l’auteur, souvent tourné vers d’autres projets. Aussi, quand l’histoire n’est plus à la hauteur des attentes de fans toujours plus exigeants, le clash n’est jamais très loin : rappelez-vous les réactions au premier épisode de Star Wars. C’est une bonne chose donc que Toriyama ait cessé DBZ, avant l’écoeurement.
Le résultat c’est que les fans en gardent un excellent souvenir, et que la légende dure toujours…
Edité par bub le 13-04-2006 à 22:32