Bon j’ai déjà eu l’occasion d’en reparler avec toi personnellement au sujet de ta réaction à ma critique de Magic Knight Rayearth, mais encore une fois merci d’avoir pris le temps de la découvrir 😉
Passons maintenant à la critique de la saison 2 (diffusée tout de suite après la fin de la 1ère partie, en mars 1995) :
La saison 2 reprend là où l’on s’était arrêté à l’épisode 20. Souvenez-vous :
Après un combat dantesque contre le vil Zagato, nos héroïnes se retrouvaient enfin devant celle qu’elles s’étaient jurées de protéger : la princesse Émeraude. Mais celle-ci, dont le cœur était en réalité rempli d’amour pour Zagato, avait pris l’apparence d’une jeune femme avide de vengeance envers ses ”libératrices”. Finalement, la partie pure d’Émeraude était parvenue à reprendre momentanément le dessus et à supplier les jeunes filles de la tuer, d’abord parce qu’elle avait manqué à son devoir de pilier en tombant amoureuse d’un homme, ensuite parce qu’elle n’a plus d’autre vœu que celui de rejoindre Zagato dans l’au-delà. La dernière scène montrait les Magic Knights revenues à la Tour de Tokyo, le cœur brisé d’avoir commis un tel geste
Nous voilà donc quelques temps après le retour des adolescentes dans leurs familles respectives. L’anime ne précise pas le temps qui s’est écoulé depuis leur premier voyage à Cephiro, contrairement au manga qui nous informe que nous nous trouvons un an après les faits. Depuis leur retour, les trois jeunes filles sont, bien entendu, très bonnes amies et se retrouvent souvent à la Tour, mais leur moral n’est plus le même. En particulier l’énergique et positive Hikaru qui va désormais mal, très mal.
Outre le remord qu’elle ressent vis-à-vis d’Émeraude et Zagato
, elle fait depuis quelques temps d’étranges et angoissants cauchemars où apparaît une silhouette sombre, sinistre et menaçante de femme, mais également celle d’un personnage plus jeune qui lui ressemble étrangement… Alors qu’Hikaru retrouve ses deux amies à la Tour, elles se font appeler par une force mystérieuse et se retrouvent brusquement à Cephiro. Le monde féerique et magique, privé de pilier, est désormais une terre de désolation, ravagée par les tempêtes et la formation de crevasses qui détruisent peu à peu sa structure. Attristées par cette situation, Hikaru, Umi et Fuu retrouvent tout de même le sourire en rencontrant les anciens alliés de leur première mission (dont le mage Clef), mais aussi d’anciens adversaires désormais prêts à sauver Cephiro (comme Ascot, qui depuis son combat avec les Magic Knights s’est remis en question). À la surprise de tous, trois vaisseaux spatiaux font alors leur apparition, chacun ayant l’objectif de devenir le prochain pilier.
– Eagle Vision, jeune homme atteint d’une grave maladie (la maladie-type de la fiction, à savoir la tuberculose), mais prêt à tout pour atteindre ses objectifs. Il est accompagne de Zazu et Geo, deux mécaniciens qui l’assistent dans son projet.
– Aska, une jeune princesse excentrique et capricieuse, issue d’un monde influencé par la Chine traditionnelle.
– Tata et Tatra enfin, des sœurs de sang royal aux caractères complètement différents (l’une réservée, sage et naïve, l’autre colérique et garçon manqué). Elles sont issues d’un monde influencé par un Moyen-Orient folklorique.
À côté de ces ambitieux, ont trouve également deux nouveaux personnages : Primea, une fée minuscule, sorte de pré-Stéphanie hystérique, collante et jalouse pour un rien, et surtout Lantis, un jeune homme qui s’avère être le petit frère de Zagato. Lantis est longtemps reste absent de Cephiro (
on apprendra plus tard qu’il était au courant de l’histoire d’amour entre son frère et Émeraude et avait préfère prendre ses distances avec Cephiro à cause du système du pilier qui empêchait son aîné d’être heureux
) et a noué une amitié avec Eagle. Hikaru sera très vite troublée par Lantis à cause de son combat avec Zagato bien entendu, mais aussi parce qu’à l’instar de son frère, Lantis est joli garçon.
J’avais décrit la saison 1 de Rayearth comme une série qui se cherchait durant une quinzaine d’épisodes, baignait essentiellement dans un humour enfantin à base de Super Deformed et qui finalement nous a proposé 3 épisodes finaux excellents. Dans l’ensemble, la partie 1 était assez fidèle au manga, peut-être même trop tant le réalisateur ne cherchait pas à apporter une patte plus personnelle ou à creuser certains points. Et si certains épisodes rallongeaient l’histoire initiale, le résultat n’apportait pas grand-chose à l’univers de Rayearth, il ne s’agissait que de légères modifications. De plus, l’anime n’avait pas pris en compte le caractère ambigu de Zagato, qualifié dans la version TV comme le boss de fin sournois, machiavélique et ambitieux ; une situation assez proche de ce qui avait été fait sur Saga durant le Sanctuaire lorsqu’il est en Grand Pope. Ce manque d’audace semble avoir déplu à Clamp, le collectif ayant décidé de s’investir davantage dans la saison 2.
La saison 2 reprend la trame de base des tomes 4 à 6, mais en proposant deux ajouts principaux (validés par les Clamp) : tout d’abord l’adversaire majeure de la saison, Debonair, une figure sinistre et angoissante qui hante le monde de Cephiro, et surtout Nova, une sorte de double d’Hikaru qui s’opposera à elle durant toute cette saison 2. Nova est un personnage extrêmement intéressant : là où Hikaru est une jeune fille certes tête brûlée, mais également fidèle, gentille et serviable, Nova est excentrique, violente et égoïste. De plus, elle s’amuse des sentiments troubles d’Hikaru pour Lantis, ses doutes, ses peurs et bien d’autres émotions qui perturbent le cœur de la jeune fille, s’adressant à elle de la sorte : ”Hikaru ! Viens donc jouer avec moi ! Je t’aime, Hikaru ! C’est pourquoi ce sera moi qui te tuerai !!”. On découvrira à la fin qu’en réalité,
Nova est un morceau du cœur d’Hikaru, qui s’est détaché d’elle lorsqu’Hikaru, au bord des larmes, s’est vu obligée de tuer Émeraude. Cette origine explique pourquoi Nova accuse Hikaru de ne pas s’aimer elle-même et son agressivité à son égard : elle symbolise tout le désespoir et la culpabilité d’Hikaru, qui se reproche de ne pas avoir écouté les paroles de Zagato lors de leur confrontation et d’avoir donc provoqué la mort d’Émeraude.
Outre ses confrontations douloureuses avec Nova, Hikaru développe des sentiments partagés pour Lantis, ce jeune homme solitaire et qui semble imperturbable, mais qui se montrera finalement gentil et attentionné. Ses souvenirs seront d’ailleurs l’occasion de découvrir son passé et surtout la véritable personnalité de Zagato, avant qu’il ne commence à détester le système du pilier.
Mais comment vivre une relation sereine et amicale avec Lantis lorsqu’on est responsable du meurtre de son frère ?
Hikaru s’est certes excusée vis-à-vis de Lantis et ce dernier lui a répondu qu’elle n’avait rien à se reprocher et qu’il ne lui en voulait pas, mais Nova jouera beaucoup sur cette relation compliquée pour mieux manipuler Hikaru.
L’ambiance est forcément beaucoup plus sombre voire apocalyptique durant certains épisodes, cependant l’humour n’a pas non plus disparu, exprimé notamment au travers de personnages hauts en couleur comme les sœurs Tata/Tatra (qui invoquent des Djinns grotesques pour combattre !). On pourrait aussi citer Aska ou Primea, mais leurs excentricités ne plairont pas forcement à tous tant les éclats de rire de la fillette et les crises de jalousie de la fée sont particulièrement envahissants. Néanmoins, là où Primea reste un personnage énervant (et assez inutile) jusqu’à la fin, Aska finit par devenir attachante au fil des épisodes. Enfin on notera que si dans la saison 1, la fin était plus que dramatique et laissait un goût amer au spectateur et aux héroïnes, ici le final est plus optimiste. Sans trop dévoiler, disons que l’effort des Magic Knights saura proposer un avenir plus radieux pour elles et pour les habitants de Cephiro.
Ce sera aussi l’occasion pour Hikaru d’avouer enfin son amour à Lantis et de découvrir qu’il en est de même pour lui. Comme une victoire envers le système du pilier, qui avait empêche les Romeo et Juliette de la première partie de s’aimer librement
Cette saison 2 corrige ainsi beaucoup de défauts de la première et permet au spectateur de mieux comprendre le fonctionnement de l’univers de Cephiro et le rôle du pilier. C’est aussi l’occasion de découvrir d’autres pays voisins, très différents l’un de l’autre – par exemple Autozam, le monde d’Eagle, est entièrement mécanisé, un peu à la manière de La Metal dans les séries de Leiji Matsumoto, alors que Fahren, le monde d’Aska, est basé sur la Chine ancienne. Enfin, l’histoire aborde des thèmes finalement pas si puérils : la peur, la fin du monde, l’obsession du pouvoir, le remord… En raison de sa rivalité avec Nova, de son rôle potentiel pour l’avenir de Cephiro et de ses regrets, Hikaru est aussi davantage au centre de l’intrigue, là où dans la première saison elle tournait autour des trois amies. Néanmoins, ni Umi ni Fuu ne sont négligées ou oubliées ; elles sauront chacune de leur côté trouver une stratégie ou compter sur leurs compétences pour se sortir d’une situation délicate et ramener la paix parmi les différents adversaires. Enfin, on remarquera une belle amélioration dans l’animation et les dessins, beaucoup plus jolis que dans la première partie, ainsi que de superbes génériques. Seul regret, les musiques de fond sont plutôt anecdotiques. Comme je l’ai expliqué au début, cette saison 2 prend beaucoup de libertés avec le manga, mais parvient à créer un intérêt grâce à sa propre direction de l’histoire. Ainsi, elle ne devient pas un doublon au manga ou une adaptation inutile, mais un complément avec sa propre identité. Je ne peux que vous recommander de découvrir Rayearth : si les débuts sont vraiment laborieux en animation, la série se bonifie avec le temps et garde une fraîcheur très années 90. À noter que le doublage japonais est absolument excellent et que l’on retrouve plusieurs voix connues de cette décennie.
Voici par ailleurs les génériques de début de cette saison, toujours très dynamiques :