J'ai revu récemment le très excellent Les ailes d'Honnéamise.
Premiere oeuvre de Gainax, le film n'a pas pris une ride, et reste d'une qualité technique encore largement valable aujourd'hui.
Pour rappel, c'est l'histoire d'un petit groupe de militaire rattaché à une force spéciale secrète qui a pour but d'envoyer un homme dans l'espace. Le royaume imaginaire où se déroule l'intrigue est en conflit avec une autre puissance. Shiro, le héros, fera une rencontre déterminante avec une jeune femme qui lui permettra de se donner à fond dans le programme spatial et de devenir le premier homme dans l'espace.
Le scénario, bien que très ambitieux, pêche un peu du fait que l'objectif d'envoyer un homme dans l'espace n'a pas de motivation stratégique de la part du Royaume et de l'armée d'Honnéamise : il s'agit juste d'un groupe de types un peu branleurs qui voudraient d'abord rester planqués dans l'armée, puis se découvre tout à coup un intérêt pour la chose. On est bien loin des considérations géostratégiques de la course à l'espace entre URSS et USA à l'époque de la guerre froide. Comparé à grand tort à l'étoffe des héros, les ailes d'Honnéamise n'a sur le fond pas grand chose à voir avec son homologue américain, si ce n'est que les deux parlent de fusées.
Des illustrations de personnages célèbres de la physique et de l'astronautique ont été glissés dans les génériques des ailes d'honnéamises. Mais il s'agit juste d'un patchwork d'images qui ne diront absolument rien aux profanes de la conquète de l'espace. J'espérais beaucoup apprendre de choses avec les commentaires des réalisateurs du film, mais niet.
Alors du coup, le projet de nos héros paraît surréaliste : aucun essais de fusées, Shiro monte directement dans la première fusée qui sort de l'usine. La fusée elle-même étant montée à la main par une quinzaine de vieux techniciens et la bonne volonté des quelques potes du héros. Les réalisateurs savaient-ils vraiment de quoi ils parlaient ( ce que je trouve abusé compte tenu du budget démentiel dont a bénéficié ce film à l'époque : 800 million de yen au final ! ) ? une fusée c'est une cathédrale technologique, un monstre de mécanique, pas un mécano monté en quelques mois dans un hangar de banlieue. Mais le rendu final est tout de même magnifique.
Le modèle évident qui a inspiré la fusée est la Vostok de Gagarine. Je comprends ce choix, car elle cadre bien avec ce que l'on peut supposer de l'avancée technologique du Royaume d'Honnéamise : elle est à la fois rustre et simple, avec un petit côté steampunk. Ceci dit, la fusée du film me semble nettement plus grande que l'engin de gagarine. Me trompe-je ?
L'assemblage en fuseau des boosters typiquement russe.
Le décollage, peu orthodoxe, de la fusée.
La fusée sur son pas de tir. Chose curieuse, les animateurs ont imaginé une fusée montée à la verticale, façon américaine, alors que les Russes dressaient la fusée à la verticale seulement au dernier moment.
Voilà pour ma grosse critique de cet aspect particulier du film. Pour le reste, je reste fan de cette oeuvre unique, qui se pose comme une référence incontournable des grands anime nippon : guerre, amour, pardon, misère, science, spiritualité, le nombre de thématiques abordées par ce film paraît sans fin.
Grosse critique à l'égard des éditeurs : une scène cruciale du film a été supprimée, censurée, car jugée pas très "catholique". le héros violant tout bonnement la jeune femme, et oui, ça choque.
Dommage.
En bref, un film magnifique, riche, drôle par moment, tragique aux autres moments, pointant du doigt certaines graves dérives de nos sociétés, un film incontournable quoi.