Joann Sfar

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Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501647

    C’est quand même quelqu’un de très créatif, d’un talent formidable et unique en son genre.
    Il y a Le Petit Vampire, Le Chat du Rabbin et d’autres oeuvres, plus actuellement L’Ancien Temps, dont je viens de lire le tome 1 Le roi n’embrasse pas. Il m’est personnellement difficile de savoir si j’aime ou non Joann Sfar, et à nouveau sur ce récit.
    Le dessin volontairement déjeté, au trait mou, ne me met pas à l’aise.
    Le vieux loup narrateur qui introduit cette espèce de conte de fée annonce en prologue qu'”il n’y aura pas de morale à cette histoire”, et qu'”il n’est pas de cette école”. Pourtant le conte s’occupe beaucoup de morale : il développe une éthique du paganisme, en opposition radicale au “Dieu Unique”, le Méchant.
    La page 56 développe la thèse : les dieux grecs antiques sont en prison, vaincus, et personne n’a la clé. Il n’y a plus que de petites divinités, impuissantes face au Dieu Unique, qui “a des Papes et leurs armées partout en Europe pour infantiliser, punir, frustrer les êtres humains”. Mais comme ceux-ci “aiment qu’on les maltraite, ils suivent ce Dieu. Les petits dieux de la nature n’interdisent rien, c’est leur faiblesse”.
    Sfar se montre donc un écolo-anarchiste du genre pessimiste, sans illusion sur la nature humaine. Idées plutôt lucides, dont le seul point négatif est qu’elles ne servent à personne d’autre que des artistes ou êtres d’exception, alors que les masses humaines s’écrasent sous leur propre nombre, réclamant le soutien de l’Etat ou de Dieu.
    Sfar est donc bien obligé de créer deux êtres d’exception (servis par de petites entités païennes-divines), un jeune “sourcier”, Cassian, et une belle “sourcière”, Nadège, qui peut se changer en renarde et qui le fuit sans cesse. Le récit est leur aventure, dont le deuxième axiome (pessimiste aussi) est le hiatus infranchissable entre les deux sexes dans l’amour : Cassian veut épouser Nadège, la fixer, avoir des enfants, alors qu’elle ne veut que changer en tout et en amour, errer, quitter les forêts, vivre la grande cité. Le roi n’est fidèle à sa femme que par crainte de l’Enfer, la reine lui préfère sa Licorne, et même le vieux loup-narrateur et sa panthère, qui “baisent comme des lapins” (sic) ne le font pas sans conflit et incompréhension mutuelle…
    Un peu comme dans Le Chat du Rabbin, rien n’est simple, et les dialogues filent, filent, rebondissent l’un contre l’autre dans le désaccord constant. Sfar le Sépharade (il le revendique lui-même) est dans une perpétuelle tchatche dialectique “méditerranéenne” qu’il semble applaudir : pas étonnant que lors de sa visite au Japon il soit resté constamment critique, à l’extérieur de ce monde “harmonique” aux sobres échanges verbaux et au profond culte du consensus.
    Mais c’est un très grand de la BD !

    • Ce sujet a été modifié le il y a 1 semaine et 3 jours par Dareen Dareen.
    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501649

    Mince, message disparu à cause d’une modification !! Grrr. Je le retaperai demain, j’y parlais de “L’Ancien Temps”, tome 1, “Le Roi n’embrasse pas”.

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