Un peu de retour sur le contenu du coffret Bizarre Adventure de Hirohiko Araki après les avoir lus !
MaShônen BT :
Un shônen à l’ambiance étrange qui préfigure déjà, près de quinze ans avant, celle des premiers volumes de Yû Gi Oh, à savoir un shônen légèrement malsain dans la façon dont son protagoniste se fait justice contre les petits tyrans du quotidien. Si Yugi Muto punissait ces derniers au travers de jeux sadiques (avant l’hégémonie des dudududuels de cartes donc), BT utilise des tours de passe-passe pour embrouiller ou leurrer ses victimes. D’ailleurs beaucoup de ces tours sont expliqués et décortiqués, apportant une dimension crédible aux histoires, même si certaines situations sont tout de même tirées par les cheveux.
On appréciera surtout le style de l’auteur qui commence déjà à s’affirmer dès cette première publication qui détonne déjà auprès des autres oeuvres du Jump et qui doit sa publication à l’acharnement du tantô de Araki à convaincre ses pairs de l’inclure dans le magazine malgré la personnalité atypique de ce BT. Et on peut déjà s’étonner de voir un peu de Dio Brando dans BT, ainsi que de dresser quelques parallèles entre la relation BT / Kôichi et la relation Dio / Jonathan Joestar !
The Gorgeous Irene :
Le premier recueil d’histoires courtes d’Araki, publiées entre 81 et 86. Dommage qu’elles soient agencées ici dans le désordre chronologique, on profite moins de l’évolution du style de dessin de l’auteur.
On peut lire le pilote de BT, deux histoires à la sauce western (Outlaw Man et Poker Armé) dans lesquelles on sent déjà la patte scénaristique particulière d’Araki, même si on sent bien qu’il se cherche encore et que ça manque d’intérêt.
Dis Bonjour à Virginia est déjà un peu plus intéressant, se déroulant à huis clos dans l’espace et contant la façon assez particulière de tuer le temps des deux protagonistes.
Mais l’histoire la plus captivante est celle de Gorgeous Irene, en fait les deux histoires, publiées respectivement fin 85 et fin 86. Irene est une tueuse à gages dont l’apparence et la personnalité changent en fonction de son maquillage. Si on sent une forte influence du côté de la Cutey Honey de Gô Nagai, on remarquera surtout qu’avec ces histoires Araki commence à cultiver une certaine passion pour les poses excentriques, les vilains bien malsains et les combats à stratégies, marque de fabrique de l’auteur dans ses JoJo’s !
Baoh Raihosha :
Le plus gros volume des quatre.
Baoh est un parasite né d’expérimentations extrêmes sur l’évolution par une organisation secrète de scientifiques sans scrupule, le Dress. Il vit dans le corps du jeune Ikurô Hashizawa qui parvient à s’échapper avec l’aide d’une jeune fille de neuf ans ayant des pouvoirs psychiques, Sumire, également cobaye de l’organisation. Les deux infortunés devront continuellement fuir ou affronter les assassins envoyés à leurs trousses pour les supprimer et empêcher l’affaire de s’ébruiter.
Là, on est complètement dans du Araki des premières années de JoJo’s. L’auteur a bien digéré ses influences (notamment Frazetta, Gô Nagai et un peu Tetsuo Hara), et s’il se cherche encore niveau cadrage, ses histoires ont déjà le dynamisme et la narration typique de ses JoJo’s. En revanche les noms des attaques spéciales de son héros sont à coucher dehors et pas très accrocheurs.
Shikeishikkochu Datsugokushinkochu :
Second recueil d’histoires courtes du coffret, publiées entre 95 et 99 (et dans l’ordre chronologique cette fois), et là on est en plein dans le style et l’univers JoJo’s. L’auteur ne cache d’ailleurs pas que certaines de ces histoires étaient à la base des idées de scénario pour sa série phare.
La première histoire, Peine de Mort et Évasion, laisse beaucoup planer le mystère sur le pourquoi du comment le prisonnier est témoin d’étranges phénomènes dans sa cellule. On est pas loin d’être dans de l’onirique ou de l’absurde et effectivement cette situation n’aurait pas dépareillé dans la quatrième ou cinquième génération de JoJo’s.
L’histoire suivante, Dolce – Die Hard the Cat, raconte comment un jeune homme perdu en plein milieu de l’océan avec son yacht en panne perd peu à peu la tête et, la faim aidant, voit son chat d’une autre manière, sauf que ce dernier a des ressources insoupçonnées. Là encore on reste dans l’absurde et le bizarre avec un final complètement foutraque, du Araki pur jus.
L’histoire suivante n’est pas malheureusement pas inédite pour qui suit toutes les publications de l’auteur en France puisqu’il s’agit du premier spin-off de JoJo’s consacré à Rohan Kishibe (personnage présent dans la quatrième génération) déjà paru dans le premier des deux recueils consacrés au dessinateur de génie de Morio, sortis chez Tonkam sous le titre de Rohan Kishibe (Kishibe Rohan wa Ugokanai).
Ici Rohan n’est que le narrateur d’une histoire de fantôme se déroulant à Venise et dont il fut témoin. Les fans de JoJo’s ne seront pas dépaysés. Et à défaut de surprise, le lecteur ayant déjà lu l’histoire se consolera avec la première page en couleur (ce qui n’était pas le cas dans le recueil Rohan Kishibe).
La dernière histoire, Deadman’s Questions, intéressera aussi les fans de JoJo’s puisqu’elle met en scène nul autre que Yoshikage Kira, le tueur en série de Diamond wa Kudakenai, dans deux récits se déroulant après cette quatrième partie de JoJo’s ! À mes yeux la meilleure histoire de ce recueil, que l’on soit fan ou non de l’oeuvre phare d’Araki.
Voilà, je recommande chaudement ce coffret à tous.
Les fans de l’auteur apprécieront énormément de suivre son évolution de ses débuts jusqu’à la reconnaissance apportée par JoJo’s Bizarre Adventure, et saisiront mieux encore à quel point cette oeuvre est la parfaite synthèse de tout son univers.
Quant aux autres, ils découvriront un style et un univers uniques et accrocheurs de par leur aspect résolument Bizarre !
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead