Paradoxalement, je trouve que les vacances sont le bon moment pour poser ce topic : quand on rentre en hiver ou au printemps (cette année c'est tout comme) un peu fatigué(e) de sa journée, on a plutôt envie de s'écrouler sur le canap' avec une marrade de plage comme Crazy Beach que de lire un manga un peu "culturel"…
En tout cas, que ça attire ou pas comme topic, je trouve que ça manque sur le forum. Mais pas du tout dans les bacs de manga traduits et diffusés en France !
Il s'agit donc d'oeuvres traitant clairement d'un "champ" culturel donné, ou d'une ère historique, ou de lieux géographiques réels, d'arts divers, etc.
Le font-elles bien ou mal ? that is the question…
… qui m'amène à citer pour exemple 7 Shakespeares, dont je viens d'acheter les 2 volumes et dont je reparlerai ici sans doute.
Autres exemples :
Vinland Saga, Thermae Romae, Kenshin, Onmyôji, Zipang, Dossier A, Jin, Usagi Yojimbo, Botchan, Nishi-iro togarashii, Le Gourmet Solitaire, Genzo le Marionnettiste, Bride Stories, Histoire des 3 Adolf, etc., etc., il y en a sûrement bon nombre auxquels je n'ai pas pensé ici.
Certains ont déjà un topic dédié, mais peuvent servir de points de comparaisons. Puis on peut se demander aussi ce qu'apporte un manga donné dans le domaine qu'il aborde, ou plus généralement jusqu'à quel point le media manga peut décrire des faits culturels ?
Voili voilà.
Les manga culturels
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Je vais parler un peu de Kenshin. C'est fou ce que j'ai pu apprendre sur l'ère Meiji, la fin de l'ère Edo aussi, grâce à ce titre. Faut dire que je ne m'y connais pas vraiment en histoire japonaise mais mélanger des faits historiques avec des ingrédients typiques du shonen, je trouve ça très intéréssant car dans ce cas précis, Kenshin renseigne beaucoup sur la période en question sans être lourd comme auraient pu l'être d'autres titres.
bien vu pour Kenshin ma caille, et on complétera cette période avec le loup d'Hinata et PeaceMaker et Peace Maker Kurogane, et comme çà, et ben on est au top sur le bakufu ^^
Je citerais pour ma part Lord du duo Buronson/Ikegami qui reprend l’Histoire des Trois Royaumes et par là même de la Chine du moyen âge
bien vu pour Kenshin ma caille, et on complétera cette période avec le loup d'Hinata et PeaceMaker et Peace Maker Kurogane, et comme çà, et ben on est au top sur le bakufu ^^Je citerais pour ma part Lord du duo Buronson/Ikegami qui reprend l’Histoire des Trois Royaumes et par là même de la Chine du moyen âge
En effet !
Ce qui est curieux, c'est l'attrait des mangaka pour la période finale du bakufu. A part ceux que vous citez, Sotelo et Kuronoe, il y a aussi Jin, qui se passe juste avant Meiji et dont le pitch est un chirurgien de grand talent du Tokyo de l'an 2000 qui se retrouve – par la fameuse “déchirure spatio-temporelle” qui guette tant de héros – en l'an 1862. Il y a aussi cette histoire qui se fait un peu oublier déjà (la preuve, j'ai oublié le titre!) d'un groupe de jeunes gens qui a le projet d'attaquer les “Bateaux Noirs” du commodore Perry, et sûrement d'autres titres.
Peut-être parce que période troublée, riche en incertitudes ? période-charnière aussi, qui fut à la base du Japon en tant que pays moderne ?Un autre exemple de manga s'attardant sur la fin de l'ère Edo et le tout début de l'ère Meiji : L'Arbre au soleil (réalisé par Osamu Tezuka de 1981 à 1986). Un véritable coup de coeur pour ma part, moi qui ne connaissait que peu cette période qui prend place dans une époque que j'affectionne particulièrement concernant l'Europe (et notamment la Russie).
Sinon en mangas historiques, je découvre actuellement les oeuvres d'Hiroshi Hirata à la restitution historique impressionnante et également Les Mystères de Taisho, un manga policier réalisé par l'auteur des ''Lamentations de l'Agneau'' et ''Sing Yesterday for me'' qui prend place en 1920 et dont la restitution de l'époque est également admirable.
Les Mystères de Taisho, un manga policier réalisé par l'auteur des ''Lamentations de l'Agneau'' et ''Sing Yesterday for me'' qui prend place en 1920 et dont la restitution de l'époque est également admirable.Tu touches là une thématique chère à notre ami Yupa qui affectionne ce titre tout particulièrement il me semble (c'est le titre avec le journaliste non ?)
Tu touches là une thématique chère à notre ami Yupa qui affectionne ce titre tout particulièrement il me semble (c'est le titre avec le journaliste non ?)Exact, bien cher Kuro, j'apprécie fort Les Mystères de Taishô, et suis très content de voir que c'est aussi le cas de la hautement estimable Veggie ! ceci dit tu perds ton dentier et tes lorgnons dans le potage puisqu'il n'y a point de journaliste dans ce récit, mais un détective privé avec une toute jeune assistante qui semble avoir des prémonitions stupéfiantes sur l'avenir du monde !
Mais en effet je t'avais montré aussi un Go Nagai sur une journaliste des commencements de l'ère Meiji.
Pas le temps de développer, je dois réexpédier tout à l'heure à l'aéroport un Japonais venu me saluer 3 jours ! + tard donc.
@ Veggie : je confirme de très bons échos sur L'Arbre au Soleil (pas encore lu).Je confirme, il ne s'agit pas d'un journaliste mais d'un détective privé ! Pour ma part, ''Les mystères de Taisho'' furent une bonne surprise et il me tarde de lire le tome 3 !
Concernant ''l'Arbre au soleil'', je regrette néanmoins la piètre édition française concernant la traduction : elle n'est pas mauvaise dans l'ensemble, mais d'innombrables fautes parsèment les 8 volumes (Wegman à la place de Wirgman alors que son identité est claire comme de l'eau de roche même en VO, c'est impardonnable) ! De plus, le traducteur semble être parti dans l'idée que les lecteurs potentiels seraient tous des docteurs ès Histoire du Japon (''Ou alors débrouillez-vous, fouillez sur Internet ou dans les bouquins, ça vous cultivera un peu, hé hé''), car peu de notes de traduction nous aident à saisir complètement le contexte culturel et les différentes allusions laissées par Tezuka dans son oeuvre. Si les faits sont fort bien expliqués par l'auteur, la traduction manque malheureusement de repères tant historiques que culturels. Bref, comparé à l'édition espagnole qui à chaque fin de volume propose quelques pages sur différents points historiques évoqués dans ''l'Arbre au soleil'', la version française fait un peu pâle figure…
Autre manga culturel découvert grâce à ma soeur (qui a très bon goût en matière de manga) et qui vaut largement la peine : Bride Stories, un manga très intéressant prenant place dans une région non loin de la mer Caspienne. Une recherche très poussée sur l'architecture, l'art, les vêtements ou encore l'alimentation avec en toile de fond la vie de couple (à l'époque tout à fait dans les normes) entre une jeune fille de 20 ans et un garçon de 12 ans ! Une réussite.
Je confirme, il ne s'agit pas d'un journaliste mais d'un détective privé ! Pour ma part, ''Les mystères de Taisho'' furent une bonne surprise et il me tarde de lire le tome 3 !Le tome 3 est sorti en français il y a déjà bien du temps, et c'est le 4 qui se fait désespérément attendre…
Le problème des postfaces “pédagogiques” se pose en effet dans le cas des manga culturels !
Je me souviens d'y avoir pointé quelques jolies erreurs. D'autres fois c'est excellent et enrichissant, voire assez ardu, comme sur Onmyôji, histoires situées dans la capitale Heian-kyô vers l'an 990, où un “exorciste” et magicien célèbre, Abe no Seimei, parvient à régler de complexes histoires de yôkai et de démons sur la base de l'Onmyôdo, “magie” très spécifique de l'acculturation Chine taoïste / Japon shinto. Les notes de fin de volumes en sont un vrai traité de mystique ! mais le récit est très agréable : on y “sent” (sans le comprendre) le mental des gens de cette époque !! quelle machine à voyager dans le temps !7 Shakespeares :
Bizarre manga, je doute fort qu'il ait autant de succès que l'oeuvre précédente du même mangaka, Harold Sakuishi, à savoir Beck, le "manga rock"!
C'est le dessin qui gêne, d'une part : il paraît maladroit, les personnages ont beaucoup de raideur ; ils sont caricaturaux dès qu'ils sont émus ou en situation comique (notamment avec des bouches énormes ou des démarches à la Charlot) et peuvent alors changer de tête du tout au tout, comme la jeune Chinoise Li. Le problème étant que par ailleurs la volonté de réalisme des décors et du cadre général demeure évidente.
Puis il y a le récit. L'auteur semble très bien documenté sur le théâtre anglais du temps, mais après un court prologue autour du manuscrit authentique de "Hamlet" et de Shakespeare, on part pendant tout le reste du volume 1 dans une communauté de Chinois installés à Liverpool, et ça devient bien capillotracté avec les "pouvoirs spéciaux" de la petite Li… En plus je me demande si dès le règne d'Elisabeth Ière vers 1570 / 1580 il aurait pu y avoir un Chinatown à Liverpool !! les Portugais et les Espagnols seuls (et veillant jalousement sur leurs routes maritimes comme la série TV Shogun le montre parfaitement) commençaient à aborder la Chine et le Japon, et l'on était bien loin de l'émigration dans l'autre sens.
Le volume 2 redevient intéressant culturellement, exposant très en détail comment à cette époque le théâtre profane de comédies et de drames d'amour patronné par des corporations (bouchers, marchands de sel, etc.) et joué dans des églises commence à y supplanter les épisodes bibliques traditionnels depuis le Moyen-Age, au grand dam des esprits conservateurs. Côté intrigue du manga, on commence à deviner comment l'auteur va réussir (hélas artificiellement) à résoudre le fameux "mystère Shakespeare" et les "Lost Years".
En effet, comme l'auteur le rappelle, on a la preuve de la naissance, du mariage, des 4 enfants et de la mort d'un certain Shakespeare à Stratford-upon-Avon, mais rien attestant des études particulières ou une activité théâtrale à Londres. Sept ans après ce mariage ( = "lost years"), un certain Shakespeare pas marié apparemment et même plutôt gay, qui vit à Londres et semble d'une brillante culture historique, rompu à l'art théâtral comme au jeu d'échec contre le grand intellectuel du temps Ben Johnson, publie des pièces admirées de tous, y compris par la reine qui n'est guère une cancre scolaire… Y avait-il deux Shakespeare ??Vu au Japon plusieurs illos / couvertures de volumes de la série manga "Charisma" – ou "kalisuma" si vous préférez.
Etrange Jeanne d'Arc, étrange Napoléon, étrange Adolf Hitler, étrange Sigmund Freud, tous pris et montrés à l'adolescence, gracieux et sveltes (encore que cela se conçoit bien pour Jeanne d'Arc, dont la carrière ne s'étend que de 16 à 18ans). Le thème est sans doute l'indétermination première de leur destin.
Pourtant la plupart de ces uchronies débouchent sur une implacable détermination quels que soient les événements.
Comme ces rois des tragédies grecques qui s'efforcent en vain de faire mentir l'oracle…Vu au Japon plusieurs illos / couvertures de volumes de la série manga “Charisma” – ou “kalisuma” si vous préférez.
Etrange Jeanne d'Arc, étrange Napoléon, étrange Adolf Hitler, étrange Sigmund Freud, tous pris et montrés à l'adolescence, gracieux et sveltes (encore que cela se conçoit bien pour Jeanne d'Arc, dont la carrière ne s'étend que de 16 à 18ans). Le thème est sans doute l'indétermination première de leur destin.
Il s'agit d'Afterchool Charisma, publié en France par Ki-oon depuis l'année dernière.
Si cela t'intéresse, j'avais parlé du premier tome ici. 😁Il s'agit d'Afterschool Charisma, publié en France par Ki-oon depuis l'année dernière.
Si cela t'intéresse, j'avais parlé du premier tome ici. 😁Ah oui, merci beaucoup Akiko ! faut dire qu' “Afterschool” est ici en kanji, et les volumes sous cello…
Donc avis mitigé, et les raisons m'en semblent justes. J'aurais préféré une approche plus directe que cette histoire de clones, de toute façon.Le tome 4 est sorti cette semaine. Cette fois-ci, je n'ai pas été marqué par certains dessins somptueux comme ceux d'Amir chassant ou de Talas les cheveux au vent. Non pas que les dessins soient devenus laids, bien loin de là. Mais les nouvelles fiancées décrites ici m'ont tellement fait pleurer de rire que je n'ai guère fait attention au reste.
Les fiancées, rencontrées par le Dr Smith à l'occasion d'une étape de son voyage, sont ici deux jeunes jumelles, Lalra et Leyli, bien déterminées à se trouver un mari (de préférence des frères pour qu'elles restent ensemble ; mais ils doivent aussi être beaux, attentionnés et riches) et à lui mettre le grappin dessus. Au grand agacement de leur père, elles multiplient les tentatives foireuses. Mais Kaoru Mori sait s'arrêter juste à temps pour les rendre amusantes et attachantes et non agaçantes. Leur entourage est aussi réussi : même si les parents des jumelles organisent un mariage arrangé, comme de coutume, ils cherchent le bien de leurs filles et leur laissent une liberté importante à la fin du volume. Après un volume 3 à l'ambiance douce-amère, celui-ci se montre bien moins pessimiste. On retrouve aussi un peu, au début et à la fin du tome, Amir et Parya, cette dernière ayant un prétendant vraiment intéressant.
Les qualités culturelles de Jin ne sont même pas à démontrer.
Au bout d'une dizaine de tomes (je suis rendu au 12), on se rend compte que l'auteur explore tour à tour chaque aspect de la culture japonaise à la fin de l'ère Edo, et que son héros médecin des années 2000 projeté en 1862 peut, grâce à son art médical, graviter dans tous les milieux, rencontrant aussi bien des acteurs de kabuki que des pompiers, des voleurs, des geisha, des sumo, des princesses… chacun de ces milieux est détaillé sans lourdeur du fait des implications de l'intrigue elle-même, et elle est en général habile et émouvante.
Il y a aussi mainte intrusion de l'Histoire, la grande, en cette période de vaste basculement où les Japonais se sentent déchirés entre la conviction que l'Occident a une avance énorme sur eux, et la volonté de préserver leur identité et leurs trésors culturels / traditionnels. Comme on sait, il se passera le malentendu habituel : ramené au pouvoir par un ample mouvement populaire pour éliminer les étrangers et le modernisme, face au shogoun et aux samouraïs qui ont "perdu la face" en acceptant ou en pliant devant ces deux éléments, l'empereur Meiji va au contraire ordonner la modernisation à marches forcées et faire appel massivement aux instructeurs étrangers, ne s'en débarrassant qu'à long terme !! car ce n'est presque jamais le peuple qui fait l'Histoire.
De plus le manga – qui ne laisse rien ignorer de ces ambiguïtés et contradictions – montre de très beaux dessins de décors, costumes, sites de grandes cités, parfaitement documentés !
C'est une bien belle machine à voyager dans le temps, ce Jin !Tiens, cobbe je suis enrhubé comme un bot et bas cabable de be déblacer, j'ai du temps bour relire Blaton.
Dossier A : le thème central et fil rouge, c'est la recherche de l'Atlantide, à travers une bonne dizaine de “pistes”.
Mais on ne doit quand même pas perdre de vue que Platon est la seule source du récit, et plus précisément deux dialogues, le “Timée ou De la nature”, et le “Critias ou De l'Atlantide”.
Avant ceux-ci on a “La République” où Socrate expose l'Etat idéal, qui évoque l'Italie fasciste, mais en pire (si vous croyez que Platon était favorable à la démocratie athénienne, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil jusqu'au fond du calcif).
Dans le “Timée” on retrouve Socrate dans la maison de Céphale où la veille, apprend-on, il a décrit la Société Idéale, devant les mêmes quatre amis. Il émet le souhait que ceux-ci complètent le tableau de cette sympathique caserne (“de la caverne à la caserne 😛 ). Il y a là l'”homme d'action” Hermocrate de Syracuse (on se souvient que Platon a été Ministre de la Propagande du tyran Dion de Syracuse), un certain Timée de Locres, Critias élève de Socrate, et un 4ème non nommé.
Critias commence, et affirme que la “République idéale” chantée par le gentil Socrate a déjà existé, oui ! car il y a 9000 ans les Athéniens vivaient exactement comme cela, c'est-à-dire des dirigeants-philosophes inamovibles, une caste héréditaire de soldats comme exécutants de leurs ordres, une population civile “utile à l'Etat” au-dessous, et encore plus bas une caste héréditaire de bouseux pour nourrir les autres. Car pas de monnaie, pas de commerce, berk, l'argent c'est sale. Les femmes et les enfants sont tous mis en commun, vu que c'est pas des individus ça. Et Critias assure qu'il tient ce récit sur les antiques Athéniens, “premiers par la sagesse et par la force”, de son aïeul nonagénaire, lequel le tenait de Solon, lequel le tenait d'un prêtre égyptien de Saïs. Or il y a 9000 ans donc, un immense empire insulaire “au-delà des Colonnes d'Hercule” se lança dans la conquête de toute la Méditerranée. Toute ? Non, car la petite Attique, avec Athènes, résista victorieusement. Puis elle arracha au joug des Atlantes les autres peuples, et poursuivit l'ex-conquérant l'épée dans les reins. Hélas, un cataclysme alors engloutit l'île Atlantide dans la mer, et avec elle toute l'armée athénienne. C'est pourquoi, conclut Critias, “les Athéniens d'aujourd'hui, ces grands enfants, ont oublié leur passé glorieux” (entendez : se vautrent dans la démocratie).
Puis Critias promet de traiter plus longuement ce thème historique.
En effet ce prologue est court, et Timée prend la parole ensuite beaucoup plus longuement (et largement hors-sujet), d'où le titre de ce dialogue.Mais j'y reviendrai moi-même car les médocs me donnent sommeil, là. 😌
Donc Timée se lance à son tour.
Il raconte essentiellement comment un Dieu du Bien et du Juste, le Démiurge, a créé le monde et les êtres humains. Puis comment il a inséré une âme éternelle dans des corps faits d'une vague substance inférieure (qu'il évite de nommer “matière”, peut-être pour échapper à la critique des Démocritiens et Epicuriens résolument matérialistes). Cela fait en tout cas de Platon, si cela rend bien sa propre théorie, un adepte du judaïsme ! 😉 .
Pour ce qui est des femmes, Timée évite cependant la côtelette. Au départ certes il n'y avait que des vrais êtres humains, des mâles. Mais en se réincarnant à la seconde génération, “ceux qui étaient couards et avaient mal vécu se sont transformés en femmes” 😒 . Ah, l'idolâtrie du zizi…
Bref, le “Timée” continue son espèce d'anthropologie délirante pendant des plombes, et donc les amateurs d'Atlantide en sont pour leurs frais.Ils se tournent alors vers le “Critias”, où justement Critias tient sa promesse de suite au récit de l'empire insulaire.
Cet empire était “plus grand que la Libye et l'Asie réunies”, mais se trouvait donc confronté à la ferme résistance de l'Athènes primitive, où Athéna et Héphaïstos avaient fait germer toute une race d'hommes “bons et sages”, avec une constitution “bien organisée”, toujours avec des dirigeants pas élus mais “au service des dieux”, une caste de guerriers, une autre caste d'agriculteurs, et tout le monde en fonction de père en fils.
Mais comme en ces temps lointains toute la terre était sous la domination directe des dieux, il se trouve que la race des Atlantes, elle, était la procréation de Poseidon uni avec une mortelle, Clitô. Le dieu l'installa sur une colline centrale, entourée d'une ceinture de terres et de mers concentriques. L'île centrale eut pour roi le premier-né des dix fils nés de Clitô, Ridienne, euh non, il ne s'appelait pas comme ça 😂 , mais il construisit un rempart indestructible brillant comme de l'or, en un métal appelé orichalque. Les autres fils étaient rois d'autres parties du territoire. Puis cet empire richissime grâce à d'abondants minerais conquit un empire “jusqu'à l'Egypte et à la Tyrrhénie”. Il y avait en Atlantide un splendide temple, avec statues d'or de Poseidon et de Clitô, des canaux entre les terres, des ponts de communication. Mais longtemps après vint une époque de décadence et de troubles.
“Alors Zeus, pour les punir, ayant convoqué les dieux, leur tint ce langage…” Et c'est ici que s'interrompt le texte, argh! quel cliffhanger !!A vrai dire, les philologues pensent que le “Critias” n'est pas de Platon.
En effet il paraît que le style est très lourd et platement familier, très différent de celui du philosophe.
De plus, Platon cherche toujours à évacuer les dieux de la mythologie grecque traditionnelle, ne les mentionnant même pas, comme faisaient d'ailleurs les autres philosophes antiques.
Enfin il y a au début une insistance anormale à se vanter de donner une suite au “Timée” (qui est inachevé aussi, et peut-être bien la dernière oeuvre de Platon).Mais en tout cas le ou les auteurs de ces deux textes semblent avoir surtout voulu développer un paradigme politique (et anti-démocratique) et non une étude historique. On appelle “paradigme” un récit assez court et imagé illustrant une idée pour la rendre plus frappante (dans le cas des historiettes narrées par Jésus, comme “le bon Samaritain”, on parle de paraboles) ; or Platon pratiquait souvent ce genre de contes, les plus connus étant la Caverne, et l'Anneau de Gygès.
Bref, je le vois très mal barré, Iriya dans Dossier A ! mais ça ne fait rien , c'est très jouissif à lire ! 😛Je deviens vraiment lourd sur ce topic, mais tant pis.
Quoi de plus culturo-instructif et agréable à lire que L'Encyclopédie de la Préhistoire, de Jiro Taniguchi ?
Il y a peu de sauriens dans ce volume à plusieurs chapitres, et davantage de mammifères primitifs comme ma tante Ginette par exemple (un sosie de Carmen Cru).
Avec une grande adresse, Taniguchi nous suggère une très crédible (je trouve) “pensée animale”, simple certes, faite de réactions à l'environnement et d'émotions, de désirs (comme celui de courir plus vite), de savoirs élémentaires (le tigre à dents de sabre sait que les proto-chevaux passeront là où il est embusqué), mais qui dépassent largement la thèse de Descartes de “l'animal-machine qui ne pense pas”, laquelle m'a toujours choqué. Thèse qui révèle surtout l'immense orgueil de l'Homme, sa volonté acharnée de se réserver exclusivement la Pensée. Et je trouve très “japonaise”, très shintoïste, cette démarche opposée de Taniguchi.
On entre en empathie avec les animaux, sans anthropomorphisme puéril, à travers des “discours intérieurs” minimalistes et pourtant révélateurs d'un degré embryonnaire de la pensée.
De nombreux commentaires et notes scientifiques sur l'évolution des espèces vous rendront incollable dans ce domaine.
J'aime beaucoup le lire et le relire. 😛Actuellement, j'en suis à ''Emma'' (même auteur que ''Bride Stories''), un titre publié voilà quelques années chez Kurokawa. Je lisais même les résumés dans Animeland, déçue de ne pas avoir assez de sous pour me tourner vers tant de titres alléchants (tout mon argent de poche passait dans : Animeland du mois + 2-3 titres-phares de ma collection qui a depuis bien évolué…). Bref, j'ai rattrapé mon retard grâce à la réédition chez Ki-Oon (cet éditeur remonte dans mon estime ces derniers temps) et autant le dire, j'ai bien fait !
La reconstitution de l'Angleterre victorienne est très réussie et l'auteur sait bien mettre en avant la problématique à la fois de la pauvreté (nous sommes en pleine période post-révolution industrielle avec les difficultés sociales que cela amène) et des classes sociales. À l'époque, il est impensable qu'une simple domestique épouse un jeune homme de la haute-bourgeoisie. Alors Emma malgré sa situation parviendra-t-elle à s'imposer à la famille de son amant ? Mystère…
Une autre part importante de ce premier volume est consacré aux colonies anglaises, principalement l'Inde par l'intermédiaire du prince Hakim même si pour le moment, le prince semble plusmêléé aux intrigues du trio Emma/Williams/lui-même que dans une position politique.
Bref, voilà un titre prometteur qui nous propose une jolie reconstitution du XIXe siècle anglais sans trop d'anachronismes (pour ce que j'ai pu noter) et la mentalité des gens de l'époque est égalementa ssez fidèle.
Yuu Higuri est une auteur qui aime fouiller l'Histoire pour construire certains de ses mangas. Malheureusement, Cantarella s'est très mal vendu en France et Ludwig II doit être difficile à trouver aujourd'hui. Cependant, si l'auteur fait preuve d'une réelle érudition, s'agit-il de mangas véritablement historiques ? En fait, ce cadre d'une grande exactitude devient la scène de personnages bâtis selon la fantaisie de la mangaka. Avez-vous déjà imaginé Machiavel en sorcier ? Yuu Higuri oui 😃
Il est logique que ce choix artistique déplaise à une partie du public, notamment lorsque les relations entre les personnages commencent à dépasser la simple amitié. Ludwig II est un shôjo selon son magazine de prépublication, mais il est très souvent considéré comme un yaoi au vu du contenu. D'un autre côté, on ne peut pas dire que l'homosexualité du héros soit un fantasme de l'auteur…
Pour ma part, j'adore. De l'Histoire, des relations pleines d'ambiguïté, des personnages au physique typé shôjo… Tout me plait. Mais je regrette beaucoup que les deux derniers volumes de Cantarella ne soient jamais sortis en France. Kazé a malheureusement perdu la licence de cette série au moment où ils étaient publiés au Japon. Après avoir longtemps attendu une suite, j'ai trouvé cette conclusion très frustrante. J'ai d'ailleurs consulté Wikipedia pour en savoir un peu plus sur les Borgia, ce qui m'a permis de me spoiler sans l'aide de personne pour les tomes 11 et 12 japonais.
Heureusement pour les amateurs d'Histoire italienne, les Borgia vont bientôt revenir dans les mangathèques françaises. Ki-oon nous proposera bientôt le seinen Cesare, où l'on découvrira une autre façon de représenter cette famille bien connue.
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