Les manga "tranche de vie"

20 sujets de 61 à 80 (sur un total de 101)

Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #520203

    Our Colorful Days tome 1 vient de sortir en français, il est signé de Gengoroh Tagame, auteur de Le Mari de mon frère. Comme on pouvait s’y attendre, c’est l’histoire d’un gay, un lycéen secrètement amoureux d’un camarade de classe ; il met par accident dans la confidence sa meilleure amie d’enfance, qui le prend assez bien malgré un sentiment naissant qu’elle avait pour lui. Leur “refuge secret” devient un café tenu par un sympathique barbu qui n’a aucune gêne à se déclarer ouvertement gay. Cela part plutôt bien, ce petit récit (ce sera en 3 volumes).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #521076

    L’éditeur Akata, qui fait un boulot courageux en sortant des sentiers battus par ses choix de manga, a décidé de proposer Trait pour Trait, histoire en 5 tomes par Akiko Higashimura (Le Tigre des Neiges) de sa vie professionnelle, et c’est aussi comique qu’instructif sur le circuit scolaire/ estudiantin en art au Japon, fort bien organisé.
    Notre future mangaka l’avoue tranquillement, elle ne foutait rien au lycée, sauf dans le club de dessin car elle voulait devenir auteure de jolis shojô mangas pleins de rubans, de fleurs et de mignonnes frimousses. Pour étendre un peu ses compétences, qu’elle croit exceptionnelles, elle se laisse convaincre d’aller dans un cours privé tenu par un artiste connu, et découvre alors ses méthodes : engueulades, coups de bambou sur la tête, pression d’enfer et dévalorisation de ses élèves ! La pauvre Hayashi (de son vrai nom) tombe de haut, et l’on rit bien des situations qu’elle subit… En fait ce prof va se révéler moins inutilement féroce qu’il n’en a l’air, et fournira à notre candidate une sorte de solidité bienvenue. La mangaka nous montre les beaux boulevards de front de mer bordés de palmiers de Miyazaki, sa ville natale (côte Sud-Est de Kyushu) au climat enchanteur et aux habitants charmants (sauf le prof !!). Pour l’anecdote, j’y suis allé pour 2 ou 3 jours et en garde en effet un très bon souvenir, arrosé de shochû à la patate douce (le seul shochû qui a du goût).
    Le manga fera 5 tomes, il est plein de drôlerie et j’aime beaucoup la façon dont se dessine Akiko Hayashimura, avec sa frange et sa queue de cheval.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #521922

    Shino ne sait pas dire son nom : c’est un one-shot plutôt original sorti chez Ki-oon, et que m’a prêté l’amie Sharbett.
    L’auteur masculin transpose sur une collégienne ce qu’il a vécu lui-même au même âge : un paralysant bégaiement dit “tonique”, différent de la forme “clonique” (répétition saccadée de syllabes) : il s’agit d’occasionnels blocages à prendre la parole, à prononcer quelque chose. Ainsi la pauvre Shino au moment de la rituelle présentation à la classe de tout nouvel élève se montre totalement incapable de prononcer son prénom et se ridiculise par ses énormes efforts vains et ses grimaces. Sa souffrance face aux moqueries qui s’ensuivent, notamment de la part d’un élève qui la singe, créent bien sûr dans ce manga une émotion analogue au bouleversant animé Silent Voice. Heureusement pour notre collégienne une autre, Kayo, va s’intéresser petit à petit à son cas, pas tout à fait par hasard car elle a une petite épine dans le pied elle aussi. Leur amitié toute simple de gamines, non dénuée de passagères brouilles, est extrêmement bien restituée à mon avis tout comme la vie banale dans un collège japonais.
    Un charmant petit manga, un peu mélo, éclairé par la postface de l’auteur. Dommage seulement qu’il n’explique pas pourquoi il a transposé son vécu sur une fille.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523954

    Mes Voisins les Yamada, en 3 gros volumes chez Akata/Delcourt.
    C’est paru en 2009, houlà c’était le vieux bon temps !
    On connaît le film animé Ghibli par Takahata, de loin son meilleur film à mon avis. N’oublions pas qu’il s’appuie directement sur ce manga “yonkoma” (gags en 4 cases) par Hisaichi Ishii. Non seulement les yonkoma ont ceci de plaisant que les relire plus tard garde beaucoup d’intérêt, aucune narration suivie n’étant déflorée et la plupart des petits strips oubliés, mais cette adaptation en français est de très bonne qualité.
    Les Yamada sont une banale famille japonaise attachante par son imperfection même. Elle compte 5 personnes :
    Takashi, le père, est un obscur petit chef de petit bureau dans une petite administration quelconque ; son salaire est des plus moyens, et ses loisirs se limitent au golf et au pachinko, comme 90% des hommes un peu mûrs au Japon. Quoique nul en réalité il se croit bon en bricolage ; il est assez attaché aux traditions mais son épouse n’en tient aucun compte.
    Celle-ci, Matsuko, femme au foyer, un peu trop corpulente car gourmande, est presque le personnage central du manga ; son drame quotidien est de savoir ce qu’elle va bien pouvoir cuisiner pour sa famille, et elle n’y met aucun raffinement. Elle est très négligente en effet, très paresseuse, très étourdie et représente en somme l’inverse exact de la “bonne épouse” selon les critères japonais.
    Le fils lycéen, Noboru, élève médiocre car presque incapable de vraiment travailler, gros dormeur et gros mangeur, se montre pourtant assez caustique et n’hésite pas à tacler son père sur ses nombreux ratages.
    Sa petite soeur, Nonoko, élève du primaire, gourmande elle aussi, aime jouer au foot et aux jeux vidéos. Par ailleurs elle n’est pas plus travailleuse que le reste de sa famille et fuit comme la peste les devoirs de vacances.
    Shige sa grand-mère vit aussi à la maison. Elle est moins étourdie et plus lucide que sa fille Matsuko. Elle adore le sumo à la TV, les matchs de base-ball, voire de football, souvent déroutée par certains termes modernes qu’elle ignore.
    Quelques autres personnages apportent leur lot de gags, telle Mlle Fujiwara la maîtresse de Nonoko, encore jeune célibataire frustrée qui boit le soir par compensation : elle est donc coutumière de la gueule de bois du matin, et ses élèves l’ont percée à jour depuis longtemps !
    Quelques gags très inscrits dans les références ou moeurs japonaises sont difficiles à rendre en français, mais c’est assez rare et des notes en bas de page aident les lecteurs. Les 3 volumes du manga concernent les années 1991 à 1993, dommage qu’on n’en ait pas plus.
    Takahata a ajouté des haïku à son adaptation filmée en belles couleurs pastels et bords effacés.

    Veggie11
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    Veggie11 le #524566

    Silver Spoon, l’un des derniers succès (au Japon) d’Hiromu Arakawa, s’achèvera ce mois chez Kurokawa avec son 15e tome. Je lisais le titre depuis sa sortie française en 2013, sans jamais décrocher, j’ai trouvé la série incroyablement reposante, divertissante et très instructive à la fois, un hymne au grand-air, à la bonne nourriture et un hommage aux agriculteurs, fermiers, éleveurs aux commandes de leurs petites exploitations familiales. Cher Silver Spoon, je sais que tu n’es guère aimé sur ce forum, j’aurais voulu partager mes impressions avec d’autres personnes, mais ce ne sera pas le cas. Sache une chose : je me réjouis déjà d’avoir cet ultime volume entre les mains. Merci Arakawa pour ton talent et j’espère que tu continueras à proposer des séries originales (et non des commandes à la Arslan).

    https://www.manga-news.com/index.php/actus/2021/01/27/La-suite-et-fin-de-Silver-Spoon-arrive-enfin-en-France?fbclid=IwAR361L22Klgb3eFmXqvhrg7uAPyqO92DPau4U013ZfIPjwAnil6sHajSBDo

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 ans et 11 mois par Veggie11 Veggie11.
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    Veggie11
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    Veggie11 le #524569

    Silver Spoon, l’un des derniers succès (au Japon) d’Hiromu Arakawa, s’achèvera ce mois chez Kurokawa avec son 15e tome. Je lisais le titre depuis sa sortie française en 2013, sans jamais décrocher, j’ai trouvé la série incroyablement reposante, divertissante et très instructive à la fois, un hymne au grand-air, à la bonne nourriture et un hommage aux agriculteurs, fermiers, éleveurs aux commandes de leurs petites exploitations familiales. Cher Silver Spoon, je sais que tu n’es guère aimé sur ce forum, j’aurais voulu partager mes impressions avec d’autres personnes, mais ce ne sera pas le cas. Sache une chose : je me réjouis déjà d’avoir cet ultime volume entre les mains. Merci Arakawa pour ton talent et j’espère que tu continueras à proposer des séries originales (et non des commandes à la Arslan).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #524596

    Ah, désolé chère Veggie, j’avais lu les 2 premiers tomes de Silver Spoon, mais n’ai pas continué. Cette “tranche de vie” des paysans d’Hokkaido ne manquait pas d’intérêt, et tu as eu raison de la soutenir, mais l’humour sur le jeune citadin décalé et dérouté m’avait paru un peu lourd et répétitif, si je me souviens bien (il y a 7 ou 8 ans !). J’ai bêtement annulé mon voyage en compagnie d’amis à Hokkaido, lequel m’aurait sans doute motivé…
    Cela me fait penser que les mangas à une quinzaine de volumes deviennent plus rares au Japon, même si les rouleaux compresseurs shônen sont bien au -delà de 15 (mais je n’en lis aucun). Je suis évidemment Golden Kamui, plus de 20 volumes, et j’ai au complet Family Compo, Dorohedoro, Dossier A, XXX Holic, Le Maître des Livres, Usagi Yojimbo, Niji-iro Togarashi, Geobreeders, et même en japonais Maps, tout cela autour de la quinzaine… Et vous ?

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #524603

    J’ai parlé ici du volume 1, et le volume 2 est paru : Trait pour trait d’Akiko Higashimura, sa biographie d’artiste en 5 tomes.
    C’est plein d’émotion rétrospective à propos de son prof privé du fin fond de l’île de Kyushu, au Sud de l’archipel ; c’est plein d’humour aussi et d’autodérision. Jeune fille assez déjantée, spontanée et très paresseuse, elle réussit le concours national en appliquant un truc : les examens japonais sont faits de QCM en 3 questions assez naïves, et repérer les 2 “pièges” suffit très souvent à tomber sur la bonne réponse même si l’on n’y connaît presque rien ! En revanche, la luronne échouera sur l’épreuve pratique de peinture à Tokyo. Par un coup de chance à nouveau, elle est prise en section d’art universitaire à Kanazawa, ville aux hivers très rudes pour elle ! Etudiante, c’est alors que son jmenfoutisme et sa paresse, qu’elle ne cache nullement, la plongent dans les problèmes, même si au Japon comme aux USA on a peu à travailler après avoir réussi l’entrée en université (en France, la sélection se fait en fin de 1ère année de Fac puisque tout le monde a son Bac).
    Bien sûr, en dernière année elle craque pour un étudiant, et dans les retours du manga à notre époque on lui voit un petit garçon aujourd’hui (mais pas de compagnon).
    Higashimura est une star du manga, et son humour passe très bien pour nous Occidentaux. En français nous pouvons lire d’elle Le Tigre des Neiges, sur le chef de guerre et grand stratège Kenshin, qui aurait été une femme selon elle, et Tokyo Tarareba Girls sur la vie de 3 filles jeunes colocs dans la capitale.
    On apprend beaucoup sur la carrière de la mangaka dans Trait pour trait, cerise sur le gâteau c’est drôle et parfois émouvant !

    Veggie11
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    Veggie11 le #525188

    Vol.15 Silver Spoon - La cuillère d'argent - Manga - Manga news

    Voilà la fin d’une belle aventure qui aura duré 8 ans (je prends la parution française en référence). À l’instar de l’excellent ”Barakamon”, Silver Spoon incite le jeune à trouver sa voie professionnelle, à construire son avenir selon ses rêves mais sans pour autant se laisser aller. Chacun aura évolué à sa manière au fil de ces 15 tomes et on est content de voir qu’au final, Yûgo aura laissé une empreinte durable au sein du lycée agricole alors qu’au départ, ce n’était pour lui qu’une école de troisième catégorie. Malgré les difficultés personnelles qu’Hiromu Arakawa a traversé ces trois dernières années, obligeant la parution à être interrompue temporairement, ce tome est magnifiquement mis en scène et permet de revoir chaque personnage important dans leur nouvelle vie d’adulte. L’occasion aussi de retrouver le frangin Shingo, sa jeune épouse russe et leur petite fille pour de bons moments en famille.

    Merci Hiromu Arakawa pour cette si belle série.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #525862

    Cela fera plaisir à Akiko, le tome 5 et ultime de BL Métamorphose est sorti et je viens de l’acheter. J’en reparlerai dès que lu (la fin me fait un peu peur…).

    Trait pour trait tome 3 est sorti aussi, et La Cantine de Minuit tome 9. J’ai fait d’autres achats en manga et BD grâce à une rentrée d’argent, ça va me faire du grain à moudre !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #525879

    Et donc, BL Metamorphose tome 5 et final.

    Sans spoiler davantage , je dirais simplement que la fin, heureusement, ne consiste pas dans le décès de la charmante Mme Ichinoi. Bon, même si Urara et elle se sont apportées mutuellement un énorme soutien, l’une dans son introversion angoissée d’ado, l’autre dans sa solitude vide de veuve, on aurait aimé voir cette relation plus stabilisée en quelque sorte. Par exemple Mme Ichinoi aurait adopté Urara, et ce n’est pas difficile au Japon. Mais bien sûr impossible puisque notre ado a déjà sa mère, chez qui elle vit sans problème sérieux, et même son père divorcé, qu’elle voit sans grand plaisir mais sans haine. Et Mme Ichinoi a une fille, qui vit aux USA, mariée. Enfin, ça reste bien bouclé, en parallèle avec la fin purement sentimentale du manga BL “Tu seras mon ange gardien”, et elles l’ont été l’une pour l’autre. Cent petits détails de la vie courante au Japon sont bien rendus, ça me rend malade. J’ai en France de la famille, des amis et des personnalités que j’admire, mais les moeurs courantes de ce pays me sont difficiles à supporter plus de 2 ans…

    Xanatos
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    Xanatos le #525883

    BL métamorphose semble être un très beau manga, qui plus est, assez court. Je tâcherai de me pencher dessus.

    Ceci dit, je ressens à travers ton message à quel point aller au Japon te manque mon cher Yupa. Bien que je ne sois jamais allé à ce jour dans ce magnifique pays, je te comprends aisément, toutes les fois où nous avons discuté ensemble, je me rendais bien compte à quel point aller là bas te permettait de te ressourcer, de te sentir incroyablement bien, de retrouver ta belle famille, visiter des lieux culturels fascinants, de discuter avec des gens charmants et sympathiques…

    On espère tous que cette pandémie mondiale soit vaincue au plus vite et j’espère que tu pourras retourner au Japon prochainement.

    C’était toujours un plaisir en tout cas de lire tes rétrospectives de tes séjours au Japon.

    Veggie11
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    Veggie11 le #525885

    BL métamorphose semble être un très beau manga, qui plus est, assez court. Je tâcherai de me pencher dessus.

    Je suis aussi BL Métamorphose depuis sa sortie, je l’avais même remarqué alors qu’il n’était disponible qu’au Japon. Je ne sais plus si j’en ai parlé dans les titres que je suis à chaque sortie ? En tout cas, j’ai été rapidement séduite par le duo principal. De plus, l’histoire peut très bien plaire aux personnes plus âgées par son côté ”Relations et partages intergénérationnels”.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #526192

    Cantine de Minuit 9 : ce tome rejoint toute la qualité des 8 précédents. Comme je l’ai dit, la série me replonge dans le charme jovial d’un petit izakaya de Kyôto où j’avais mes habitudes lors de mes 4 précédents séjours là-bas. Celui du manga a pour seules différences de n’ouvrir que la nuit et de se situer à Shinjuku, à proximité de Kabukicho, le quartier cho, pardon chaud. Je devine même le coin, dans les petites ruelles populo à droite du passage sous le chemin de fer qui est l’accès à Kabukicho. On ne peut pas faire un synopsis des trente historiettes, où de plus la recette d’un petit plat banal au Japon (mais toujours un peu décalé pour nous) sert de catalyseur aux récits existentiels des habitués. La grande finesse psychologique et l’acuité de l’auteur, à travers des conversations ordinaires et des vécus simplement “humains, trop humains” n’a d’égale que sa profonde empathie envers ces êtres et leurs problèmes, qu’ils surmontent comme dans la vraie vie : tant bien que mal. Les uns vivotent sur le fil, les autres sont riches mais désespérés ou seuls, et jamais Yarô Abe n’a la puérilité navrante et vaniteuse de militer pour un “engagement” censé apporter le Paradis sur Terre. Comme le patron, son porte-parole, c’est l’absence de jugement moral qui le caractérise. Comment fait-il pour tirer à chaque fois une sorte de constat doucement humaniste, ou légèrement désabusé, de ces petits destins insignifiants en apparence et pourtant révélateurs de la “condition humaine” ?? Quel talent !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #526554

    Tokyo Tarareba Girls est un manga sorti au Lézard Noir, de Akiko Higashimura (Le Tigre des Neiges, Trait pour Trait). L’excellence de l’oeuvre lui a valu aux USA l’Eisner Award en 2019, excusez du peu !

    De l’aveu de notre auteure, c’est un “horrible manga” inspiré par les anecdotes de ses copines trentenaires et quadragénaires pas encore mariées, à leur grand désespoir ! Dans la postface où elle se confie, la mangaka avoue que son premier mariage a été un échec total. Ayant divorcé “aussitôt”, elle a galéré 5 ans en mère célibataire d’un petit garçon avant de se remarier récemment (au moment où elle écrit, en 2014, à 38 ans). Elle estime que le mariage est loin de représenter l’idéal du bonheur, qui est une construction personnelle selon elle.

    Le manga joue beaucoup sur une certaine frénésie apparue au Japon à l’annonce des JO en 2020 : l’héroïne centrale, Rinko, et ses deux proches amies ont passé 33 ans, toujours célibataires. Leur drame est que pour la “grande fête de 2020”, si ça se trouve elles ne seront toujours pas mariées ! Il ne leur reste que 7 ans ! Elle ont un système (inspiré des pompiers) : elle s’envoient un texto “Urgence”. Urgence niveau 1, c’est juste pour boire ensemble parce qu’elles s’ennuient ; Urgence niveau 2 c’est pour se plaindre du travail ou des collègues ; Urgence niveau 3 c’est quand on veut cracher sur quelqu’un ; Urgence niveau 4, besoin de conseils pour une histoire de mec !!!! Aussitôt, la réunion du trio a lieu, dans un petit boui-boui où elles se torchent au shôchû accompagné à la façon japonaise par un peu de laitance de poisson et de foie de morue. Bien sûr aucun des problèmes de nos luronnes ne se résout autrement qu’avec des “y a qu’à…” et des “faut qu’on…” D’ailleurs Yaka (sous la forme d’une petite créature “foie de morue”) et Fokon (entité “laitance de poisson”) interviennent dans les fantasmes après boire de Rinko pour la réprimander et la secouer moralement. On rit beaucoup des déboires, crises de rage et faux espoirs de notre trio de célibataires , malgré leur situation au fond pas très drôle : à 23 ans, Rinko a bêtement rejeté la demande et bague de son collègue “trop ringard”, pas assez bellâtre ou charismatique, quoique sérieux et sincère. A 33 ans elle n’a plus qu’à s’en mordre les doigts : elle est une “vieille” qui ne fait plus flasher les hommes sur elle.

    Il va sans dire que je nie énergiquement qu’il s’agisse d’une sombre “(op)pression de la société japonaise” : je connais en France plusieurs femmes trentenaires qui sont exactement dans la même situation que nos trois looseuses, et à Paris 50% des gens sont des solitaires, hommes ou femmes. Cet aspect de la condition humaine est universel et pas du tout d’aujourd’hui. Ici, il est mené avec un humour décapant, des dessins hilarants, et un brio formidable par Akiko Higashimura, laquelle est une star au Japon et le mérite !!

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #526590

    J’ai oublié de dire que tarareba, dans le titre, c’est du foie de morue, servi souvent en accompagnement quand on siffle un saké ou un shôchû dans un izakaya. Sous l’influence japonaise, je suis d’ailleurs devenu un adepte du foie de morue en boîte dont nous disposons en France. C’est très bon pour la santé, en plus !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #527044

    Toujours chez Le Lézard Noir, nous avons maintenant 2 tomes  des Chroniques New-Yorkaises par Akiko Kondoh, graphiste et mangaka venue s’installer à New-York il y a 3 ou 4 ans, du moins au moment où elle a publié ce journal dessiné de sa vie d’expat. Les différences culturelles la frappent évidemment. Ainsi elle ne supporte que très difficilement les chaleureux  attouchements “hugs” typiques. Elle a très froid quand tous les Américains se promènent en T-shirts, et chauffent à peine leurs appartements par mesure d’économie ; cause selon elle : les Japonais sont censés (mais est-ce bien vrai ?) avoir une température corporelle inférieure à celle des Occidentaux. Bien sûr la nourriture et les restaurants lui paraissent horriblement chers (au Japon pour 8 à 10 euros vous faites facilement un petit repas correct, un verre de bière inclus, même à Tokyo). Par ailleurs elle est obligée, quand elle invite des amis, de tenir compte des nombreux végétariens qui gravitent dans son milieu, les pires étant les vegans : ni viande ni poisson ni oeufs ni produits laitiers ; comme elle l’avoue “Je ne pourrais jamais” (moi non plus, et pour quoi faire ? pour avoir une auréole de sainteté, et pouvoir traiter de crapules tous les autres ? c’est ça, tous les puritanismes !). En revanche elle trouve très pratique le métro américain, qui fonctionne sans arrêt toute la nit, et la présence de poubelles partout (il n’y en a presque pas au Japon). Elle découvre aussi, invitée pour un Thanksgiving assez décontracté, qu’on y mange force pizzas de toutes sortes, mais pas de dinde (elle ne le précise pas, mais c’est sans doute pour tenir compte de la secte des végétariens…) . Bref, certaines moeurs américaines reflètent les nôtres, en partie seulement. Et pour une Japonaise, les “bizarreries” sont nombreuses, et souvent amusantes ! Manga à lire !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #527045

    J’oubliais : elle est stupéfaite aussi de constater que lorsqu’elle demande à quelqu’un son groupe sanguin, en général il ou elle ne le connaît même pas ! Or les Japonais en tirent toute une caractérologie (de bazar, il faut bien le dire) sur la personne, et donc ils le connaissent tous. Nous le connaissons nous Français, mais pour des raisons purement médicales.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #527281

    C’est un manga publié en France par meian, éditeur que je ne connaissais pas, et qui m’a intrigué : Escale à Yokohama, par Hitoshi Ashinano. Comme je connais bien Yokohama, j’ai acheté les 4 volumes parus (mais peu distribués).

    Etrange, contemplatif, d’action presque nulle, pure “tranche de vie” donc. Dans un futur pas si lointain, la montée des eaux a presque noyé tous les grands ports tels Yokohama, dont ne subsistent que les quartiers hauts. A quelque distance au bout d’un promontoire et d’un sentier, il y a un café, tenu par la gentille, souriante, mignonne Alpha. Si elle ressemble à une jeune fille d’à peine 20 ans, son âge réel reste flou car c’est un robot très perfectionné. Elle se déplace en scooter et a des relations amicales avec le vieux gérant d’une station-service proche, aussi rarement fréquentée que son café. Le petit-fils du vieux, Takahiro, d’environ 12 ans, aime bien venir voir Alpha, et réciproquement. Ce garçon a parfois aperçu Misago (= le balbuzard), une fille “sauvage” mince et totalement nue aux petits crocs d’animal, qui vit dans la baie et s’y nourrit de petits crabes. Alpha gère le café pour son maître parti au loin ; un jour il lui envoie un message par l’intermédiaire d’une jeune robote, Kokone, qui le transfère à Alpha par un baiser sur la bouche. Mais il ne s’agit que d’encouragements à continuer. Rien ne change donc à part cette nouvelle amie pour Alpha. Les actions très quotidiennes sont insignifiantes, car l’auteur ne semble chercher qu’à décrire un cadre, des paysages très bien dessinés mais très déserts, ainsi que de jolies jeunes filles contemplatives telle Alpha. Elle sourit largement et presque invariablement ; elle ne digère pas les protéines animales mais peut consommer légumes, fruits et café. Lors d’une fête au village proche, on lui fait boire un peu de saké, ce qui la lance dans une magnifique danse… avant de s’écrouler les quatre fers en l’air !

    Donc pas de vraie intrigue, un climat surtout. Sympa, mais on aimerait en savoir plus sur le mécanisme et les possibilités et limites de notre charmante robote. Au 4e tome peu en est connu ; ça viendra peut-être, car une doctoresse âgée en sait long sur l’origine d’Alpha…  Un manga pour rêver à un futur cool et calme….

    Takeda-Shingen
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    Kuronoe le #527512

    Kowloon Generic Romance : un petit titre de Mayuzuki Jun (Après la pluie) que nous livre Kana et j’ai pour ma part bien accroché.

    Pourtant il ne s’y passe pas grand chose, l’attirance réciproque entre deux japonais expatriés à HK qui bossent dans une agence immobilière de Kowloon. Elle, assez renfermée mais qui tente des approches discrètes, lui, très rustre, froid de premier abord mais qui cache un grand coeur. Bref, un couple japonais quoi. C’est vraiment une histoire de la vie courante – mais de toute façon c’est annoncé dans le titre – mais il y a un petit quelque chose qui fait qu’on accroche. Sûrement l’ambiance de Kowloon très bien retranscrite (enfin d’après ce que j’en ai vu dans les films) y est pour beaucoup. Le contexte est assez original du coup. Les personnages sont assez attachants et le dessin  plaisant (et Kujirai est bien jolie). Au final on se surprend à dévorer ce premier tome pour mériter le cliffhanger de fin, pas forcément original, mais pourquoi pas.

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