L’édition collector est encore disponible en click and collect sur les sites de certains libraires (Gibert, Cultura). J’ai l’impression que la fnac sort assez vite les précommandes pour garder des tomes à disposition en magasin. J’ai pu l’avoir à la fnac des halles vendredi mais le vendeur avait laissé les collectors cachés sous son bureau, probablement pour éviter que des spéculateurs n’en prennent plusieurs. En revanche, il n’avait pas reçu les ex-libris.
Ma critique : par rapport à Goldorak, la couverture médiatique est bien moins vaste : si je tape Saint Seiya time odyssey sur gooogle actualités, hors sites spécialisés, je n’ai que 3 occurrences : la RTBF (dans le cadre d’une convention), France info et BFM. Dommage que Kana n’ait pas fait plus de promotion ; cette BD est très bonne – mais un cran en dessous de Goldorak à mon avis.
L’histoire de ce premier volume se veut fidèle à celle du manga et se passe entre la fin de l’arc des chevaliers d’argent et l’arrivée d’Aiola, dans un interstice du manga donc. Et c’est un peu là le principal défaut du volume, au même titre que pour Saintia Shôn qui utilise le même procédé. C’est même un double défaut : Alquié et Dollen donnent un peu l’impression de placer les événements au forceps et de faire un mix entre le manga et le dessin animé, qui ont quelques différences notables. Le manga est la base de l’histoire, et il y est fait beaucoup référence dans les bonus de l’édition collector. Les designs des armures, notamment celles de bronze et d’or, en sont issus avec des différences notables par rapport au dessin animé. Mais la relation entre les chevaliers de bronze et Saori, à ce stade de l’histoire, est beaucoup plus proche de celle qu’on a dans le dessin animé que dans le manga. De même, parler de résurrection d’Ikki n’a de sens que dans le dessin animé – mais l’évocation du conseil de Hyoga n’en a que dans le manga. Enfin, la personnalité de Shura, présent dans la BD mais développée surtout dans l’histoire de fin du volume, est plus proche de celle du dessin animé.
Et la présence d’un Shiryu aveugle ne me semble guère possible dans aucune des deux continuités.
Ca reste à chaque fois des petits détails, pas catastrophiques mais suffisants pour me gêner un peu. La BD de Goldorak, placée après la fin du dessin animé, n’avait pas ce type de problème.
Cela n’enlève ceci dit rien aux grandes qualités du titre. D’abord, les dessins sont de toute beauté – et là, heureusement, on est plus proche du dessin animé que du manga -, avec de très belles attaques, principalement celles d’Ikki, un antagoniste au design original et de nouvelles armures très réussies – je pense notamment aux moires, mais aussi aux évolutions de celle d’Ikki.
Au niveau du scénario, chaque volume est censé mettre en valeur un des Bronze (ici Ikki, donc), sans oublier les autres cependant. Et de fait, les 4 autres chevaliers (et Athéna) ont leurs moments de gloire et, si je mets à part une page de présentation, il faut attendre plus de la moitié du volume pour que le chevalier du phénix apparaît – et à partir de là, il sera seul en scène, ce qui donnera lieu à des évolutions psychologiques réussies et à des attaques spectaculaires, avec notamment un envol du phénix de toute beauté.
Les ennemis sont réussis également. D’abord, l’antagoniste principal, Chronos, qui n’est pas le père de Zeus mais le dieu du temps, a des motivations vraiment originales et compréhensibles. Ses sbires sont intéressants également et ont leurs parts de mystère, parfois résolues dans ce volume (les moires), parfois non (Arctos), ce qui, avec l’évolution des motivations de Chronos, donne envie de connaître la suite. Et les moires donnent du fil (c’est le cas de le dire) à retordre au chevalier phénix qui, contrairement à Seiya, n’hésite pas à frapper des femmes – mais, un peu comme Zoro face à Monet, ne va pas jusqu’à leur donner le coup de grâce.
Le volume fait un peu de rétrocontinuité forcée mais ça a le mérite de mettre en valeur les pouvoirs de Chronos. Et ça donne aussi envie de voir ce que les auteurs vont en faire pour la suite. S’il y a quelques choses embêtantes dans ce volume, ça ne l’empêche néanmoins pas d’être une réussite.
Quelques mots sur la version collector : outre un fourreau, une couverture différente et un format plus grand, on a :
– les classiques schémas d’armures : pas grand chose à dire sur les classiques mais les nouvelles imaginées par Alquié sont originales et ont de la personnalité ;
– diverses illustrations, croquis et explications sur les méthodes de travail des auteurs ; les premiers sont très jolis, les explications sont vraiment intéressantes et nous montrent comment le scénario et les personnages ont évolué, notamment au fil des discussions avec Kurumada et son équipe ;
– une courte nouvelle sur Guilty, le maître d’Ikki, qui développe certains points ellipsés dans la BD. C’est un bon développement, même si je trouve une phrase un peu douteuse, et on a de très belles illustrations.