A ma grande surprise il n'y avait encore aucun sujet consacré à ce monsieur.
Ou alors je suis passé à côté. 😉
La bonne nouvelle, pour ceux qui ne le savaient pas encore, c'est que Family Compo est enfin réédité !
La mauvaise c'est que c'est publié chez Panini…
J'ai rapidement feuilleté, je dirais simplement que la qualité du papier n'est pas au Rendez-Vous. Mais bon, à 10€ le volume grand format, force est de constater que Panini prend le chemin inverse des autres éditeurs : il casse les prix.
Pas trop fait gaffe à la traduction non plus. ça a l'air d'être écrit en français, c'est déjà pas mal. 😉
Après, ce titre mérite une présentation digne de ce nom, car il en vaut largement la peine !
C'est l'histoire d'un garçon, Masahiko, (la vingtaine ou pas loin) qui se retrouve orphelin. Un peu perdu il voit débarquer un beau jour devant sa porte sa tante qu'il n'a pratiquement jamais connue suite à une brouille familiale, dont il ignore la cause. Il se souvient bien que sa mère avait un frère, mais ne se rappelle pas de grand chose de cette partie de la famille.
Il accepte de venir vivre chez ses proches parents et fait la connaissance de sa cousine top canon : Shion
Masahiko est aux anges et croit que le vent a enfin tourné pour lui, le boulet poissard ultime.
Mais au cours d'une soirée mémorable et fort comique le malheureux va rapidement découvrir le terrible secret qui entoure cette famille : sa tante est en fait son oncle et son oncle est en fait sa tante. C'est un couple de travelos ! Et pour couronner le tout, voilà que le héros se pose à présent des questions sur le véritable sexe de Shion !
Et c'est parti pour 14 volumes complètement délirants !
Hojo laisse tomber (enfin pas longtemps…) le petit monde des détectives et des yakusas pour le joyeux bordel (sans jeux de mots !) du petit univers des travestis et des mangakas.
Tout est prétexte à faire du moindre truc le plus banal de la vie quotidienne un festival de n'importe quoi qui finit sous des litres d'alcool ou à poil, c'est selon.
Rapidement l'histoire s'enrichit de personnages secondaires très intéressants. Hojo en profite pour creuser alors les problèmes familiaux, les relations de couple, de parents et enfants, de tolérance sexuelle avec une subtilité et un tact rare. C'est la grande force de ce manga de vous faire passer du rire aux larmes avec le plus grand naturel du monde.
Autre gros point positif : Masahiko est étudiant, et ses histoires de coeur pose souvent le problème d'aborder le plus délicatement possible ses problèmes de cul. ça change des amourettes lycéennes innocentes et cela ouvre des perspectives intéressantes : quel avenir se présente à Masahiko, l'éternel indécis ?
Ce thème vous rappelle quelque chose ?
Et bien oui, Family Compo est à mes yeux le Maison Ikkoku des années 90. C'est le même délire, la même sensibilité, et à peu de chose près les mêmes personnages.
Masahiko c'est l'éternel étudiant (Yusaku Godai) qui tombe amoureux d'une fille inaccessible (Kyoko) et dont les atermoiements le conduiront bien malgré lui dans les bras d'une autre, sous les yeux d'une bande de joyeux drilles associaux qui lui pourrissent la vie.
Bref, si vous avez aimez Maison Ikkoku, vous ne serez pas en terrain inconnu avec Family Compo.
Niveau dessin, c'est là aussi du très grand Hojo. Les mecs, vous fondrez TOUS devant la jeune soeur de l'oncle de Masahiko. TOUUUUUUS.
Blague à part, Hojo a un souci du détail avec ce titre plutôt poussé. Certaines pages se déroulant à la campagne sont tout bonnement magnifiques dans leur qualité, leur mise en scène, du grand boulot.
Hojo se permet même à certains moments d'explorer des pistes narratives inédites, difficiles, expérimentales (poussant le jeu du travestissement et du changement de rôle très loin). Certains chapitres valent leur pesant de cacahuètes scénaristiques : à quelques moments, il y a au moins 3 niveaux de lectures différents pour le même passage.
La densité de ce titre est d'ailleurs très largement sous estimée chez les critiques. J'y reviendrai croyez-moi ! Mais pour l'instant, je ne veux pas gâcher le plaisir de ceux qui découvrirait ce titre enfin disponible à un prix raisonnable.
Foncez, vraiment, c'est un condensé de ce que Hojo sait faire de meilleur, c'est même encore mieux que ça : c'est Hojo qui se parodie et se sublime lui-même.