L’ile errante est en effet un excellent cru de Tsuruta. Peut-être même mon préféré. Le fait qu’il n’aie pas de fin n’est pas si génant que ça…. Je trouve étonnant que les premières œuvres de cet auteur soient aujourd’hui devenues introuvables. Forget me not par exemple est tout à fait recommandable et grand public. Reste Emanon pour les amateurs, adaptation d’une série de romans si j’ai bien compris.
En effet, cher Bub, on a du mal aujourd’hui à trouver les premières oeuvres de Kenji Tsuruta, par exemple les aventures de Miss China dans Spirit of Wonder . J’en ai une édition en anglais, et aussi le coffret DVD de 2 disques publié par Beez. As-tu lu Forget me Not puisque tu en parles ? Le cycle d’Emanon est tout à fait remarquable, et le 4ème volume laisse à nouveau un goût d’inachevé.
Je viens de relire avec grand plaisir un manga en 3 tomes hélas à commander parce que “vieux” (2015, Glénat) : Love in the Hell , de Reiji Suzumaru.
C’est bien construit par une logique parfaite et drôle, sexy mais non porno, parfois émouvant, cela vaut le détour ! Rintaro, un raté de 27 ans, ayant trop bu a loupé une marche pour regagner son minable petit appartement, et son fantôme contemple son cadavre à la tête fendue, un peu triste : “ça passe trop vite, une vie”, mais ajoute “ce n’est pas comme si quelque chose me retenait ici”. N’ayant jamais rien fait, donc rien de mal, il entend un signal sonore, se sent emporté, et se dit “je vais me la couler douce au paradis”. Or il se réveille par terre, doté d’un corps, à poil, et une jolie fille en tenue cuir un peu sexy, deux petites cornes sur le front, lui lance “Bienvenue en enfer !” Stupéfait, Rintaro en reste longuement muet, pendant que la fille se répète, semble se demander s’il comprend, et alors ajoute “W… Welcome to hell !” 🙂 . Et Rintaro constate le ciel fait de noirs nuages grondant, le décor de rocs pointus et arides, un étang de lave bouillante, un chien féroce à trois têtes : il est bel et bien en enfer ! La jeune démone, Koyori, est une débutante de 17 ans, et c’est son premier pécheur attitré. Son devoir est tous les soirs de lui faire subir des tortures, depuis les coups de fouet à l’explosion de la tête, pour qu’il expie ses péchés. Tous les matins, les pécheurs ont le corps régénéré ; ce corps peut être habillé (un des premiers soucis de Rintaro, qui a honte devant Koyori), et il connaît la faim. Il y a une ville, mais on y paye les marchands avec des billets de “rancunes”. Les démons sont salariés, mais les pécheurs n’en gagnent que par des souffrances. Bien sûr les démons ont tous les droits à frapper, blesser les pécheurs : c’est en somme leur rendre service ! Ainsi Yukihiko, un jeune type sympa avec qui Rintaro noue amitié est un “grand maso” et donc fort riche. Sa démone attitrée, Momoné, est une superbe blonde, amie de Koyori et beaucoup plus cruelle qu’elle, chaque pécheur ayant son démon ou sa démone qui suit ses “progrès”. Mais ce qui hante Rintaro à travers ses aventures en enfer, c’est la nature du péché qui lui vaut d’être là, et dont il a tout oublié. Il saura, peu avant la fin, très bien agencée, émouvante. J’ai beaucoup apprécié la parfaite cohérence du système infernal, l’humour, les monstres et les belles démones. Bien sûr peu à peu la pas bien méchante Koyori et Rintaro se lient d’un sentiment fort. A lire, si on le trouve !!