Se souvenir de moi

[Participant OfflineAncien★★★★]

Lord Yupa le 20 février 2024 à 20 h 59 min #541441

Xanatos et moi on aimerait beaucoup avoir la suite de L’Ile Errante, de Kenji Tsuruta, qui laisse le lecteur en plein cliffhanger à la fin du volume 2 ! Une jolie fille longiligne comme les aime l’auteur, pilote d’un vieil hydravion dans le Pacifique, cherche obstinément une étrange île baladeuse repérée jadis par son grand-père. Et la trouve ! Mais ça date de 2017…. )-:  …

Flow (Big Kana 2021) c’est seulement 3 tomes achevés par Yuki Urushibara autrice de la chouette série Mushishi adaptée en animé. Le héros en était un jeune exorciste essayant de remédier aux intrusions d’entités animalculaires (mushi) dans la vie des humains. Ici son sosie parfait, Hirota, est un spécialiste des Flows, désordres naturels liés à l’oscillation à peine perceptible en temps normal de notre espace-temps familier. Pour résoudre ces dérangements (par exemple un carrefour de trois rues qui passe à sept rues), Hirota remonte à la source, invariablement une émotion humaine, aidé par l’instinct magique de son chat à la fois paresseux et efficace. Une gamine binoclarde, Chima, l’aide aussi, embauchée comme assistante car Hirota est aussi flemmard que son chat. Chima en fait a trente ans mais a été victime d’un Flow qui l’a ramenée à treize ans. Le boulot est subtil car les Flows, très variés, tantôt presque insignifiants, tantôt spectaculaires, sont par nature même déroutants ! J’ai vraiment apprécié ce fantastique comme je l’aime, sans démons affamés à dents de sabre : qu’on leur donne un ouvre-boîte et du corned-beef, bordel !

[Participant OfflineGrand maitre★★★★★]

Xanatos le 21 février 2024 à 6 h 36 min #541443

J’abonde dans le sens de l’ami Yupa ! L’île Errante est un manga fascinant et somptueux (et oui l’héroïne est vraiment magnifique et d’une beauté ensorcelante) dont nous attendons désespérément la suite… 🙁

Espérons que Kenji Tsuruta, mangaka ô combien talentueux n’ait pas abandonné ce manga fascinant et sortant des sentiers battus. Il est poétique et fait rêver…

[Participant OfflineAncien★★★★]

Lord Yupa le 23 février 2024 à 20 h 45 min #541485

Xanatos wrote:

J’abonde dans le sens de l’ami Yupa ! L’île Errante est un manga fascinant et somptueux (et oui l’héroïne est vraiment magnifique et d’une beauté ensorcelante) dont nous attendons désespérément la suite… Espérons que Kenji Tsuruta, mangaka ô combien talentueux n’ait pas abandonné ce manga fascinant et sortant des sentiers battus. Il est poétique et fait rêver…

Du même Kenji Tsuruta, il y a eu Forget-me-not , un one-shot Sakka qui met en scène la même jolie fille longiligne, Mariel Imari, détective privée dans une Venise superbement dessinée par l’auteur. Elle vit dans un palais un peu délabré sur une île de la lagune, et a pour mission de retrouver un célèbre voleur insaisissable qui annonce toujours ses méfaits à l’avance ; l’échec de Mariel la priverait d’hériter du palais, gardé par un vieux secrétaire à la fois revêche et indulgent envers elle. C’est assez riche d’humour, mais publié il y a bien longtemps déjà. Pendant mon dernier séjour au Japon, avant le tsunami Covid, en 2019, j’ai eu la surprise de trouver au Junkudo de Kobé un nouveau one-shop de Kenji Tsuruta au titre en français ! La Pomme Prisonnière … Il a été traduit ici par Noeve Grafx en 2022, évidemment sous le même titre. D’ailleurs le récit dessiné en lui-même est parfaitement muet. On y voit l’éternelle et fine jolie fille qui s’enfonce dans un tunnel ferroviaire, avec un chat qu’elle porte sur sa tête dans un panier. Devant l’obscurité croissante, elle met le feu à une partie de ses vêtements pour en faire une torche ; peu à peu, elle doit en consumer d’autres, et bien sûr finit dans le plus simple appareil, marchant finalement au grand jour sur une digue ferrée entièrement cernée par la mer ; elle arrive à une tour étroite et haute et s’y installe ; il y a là des stocks de vivres et des bouteilles d’alcool, et elle se met à y vivre, toujours à poil et environnée de pas mal de chats. Au sous-sol de la tour, elle trouvera un riche trésor de bijoux et de couronnes, mais sera déçue par ses tentatives de faire l’amour avec les chats (ils se mettent vite à griffer !). Vers la fin il y a un cross-over avec Mariel à Venise ! S’agit-il d’un rêve ? Curieux manga.

[Participant OfflineAncien★★★★]

bub le 29 février 2024 à 16 h 24 min #541588

L’ile errante est en effet un excellent cru de Tsuruta. Peut-être même mon préféré. Le fait qu’il n’aie pas de fin n’est pas si génant que ça. On sent vraiment qu’il ne savait vraiment plus où aller vers le milieu du second tome. Au moins il laisse une fin (quasi)ouverte, pas bien grave.

Si je devais comparer cette oeuvre à d’autres, pour moi ce serait une sorte d’ersatz des cités obscures pour la fascination architecturale qu’exerce cette mystérieuse ile, sous le soleil et les embruns méditerranéens. Une plongée dans un délire architectural, à défaut d’une histoire bien solide.

Je trouve étonnant que les premières œuvres de cet auteur soient aujourd’hui devenues introuvables. Forget me not par exemple est tout à fait recommandable et grand public.

Reste Emanon pour les amateurs, adaptation d’une série de romans si j’ai bien compris.

[Participant OfflineAncien★★★★]

Lord Yupa le 25 mars 2024 à 10 h 18 min #541890

bub wrote:

L’ile errante est en effet un excellent cru de Tsuruta. Peut-être même mon préféré. Le fait qu’il n’aie pas de fin n’est pas si génant que ça…. Je trouve étonnant que les premières œuvres de cet auteur soient aujourd’hui devenues introuvables. Forget me not par exemple est tout à fait recommandable et grand public. Reste Emanon pour les amateurs, adaptation d’une série de romans si j’ai bien compris.

En effet, cher Bub, on a du mal aujourd’hui à trouver les premières oeuvres de Kenji Tsuruta, par exemple les aventures de Miss China dans Spirit of Wonder . J’en ai une édition en anglais, et aussi le coffret DVD de 2 disques publié par Beez. As-tu lu Forget me Not  puisque tu en parles ? Le cycle d’Emanon est tout à fait remarquable, et le 4ème volume laisse à nouveau un goût d’inachevé.

Je viens de relire avec grand plaisir un manga en 3 tomes hélas à commander parce que “vieux” (2015, Glénat) : Love in the Hell , de Reiji Suzumaru.

C’est bien construit par une logique parfaite et drôle, sexy mais non porno, parfois émouvant, cela vaut le détour ! Rintaro, un raté de 27 ans, ayant trop bu a loupé une marche pour regagner son minable petit appartement, et son fantôme contemple son cadavre à la tête fendue, un peu triste  : “ça passe trop vite, une vie”, mais ajoute “ce n’est pas comme si quelque chose me retenait ici”. N’ayant jamais rien fait, donc rien  de mal, il entend un signal sonore, se sent emporté, et se dit “je vais me la couler douce au paradis”. Or il se réveille par terre, doté d’un corps, à poil, et une jolie fille en tenue cuir un peu sexy, deux petites cornes sur le front, lui lance “Bienvenue en enfer !” Stupéfait, Rintaro en reste longuement muet, pendant que la fille se répète, semble se demander s’il comprend, et alors ajoute “W… Welcome to hell !” 🙂 . Et Rintaro  constate le ciel fait de noirs nuages grondant, le décor de rocs pointus et arides, un étang de lave bouillante, un chien féroce à trois têtes : il est bel et bien en enfer ! La jeune démone, Koyori,  est une débutante de 17 ans, et c’est son premier pécheur attitré. Son devoir est tous les soirs de lui faire subir des tortures, depuis les coups de fouet à l’explosion de la tête, pour qu’il expie ses péchés. Tous les matins, les pécheurs ont le corps régénéré ; ce corps peut être habillé (un des premiers soucis de Rintaro, qui a honte devant Koyori), et il connaît la faim. Il y a une ville, mais on y paye les marchands avec des billets de “rancunes”. Les démons sont salariés, mais les pécheurs n’en gagnent que par des souffrances. Bien sûr les démons ont tous les droits à frapper, blesser les pécheurs : c’est en somme leur rendre service ! Ainsi Yukihiko, un jeune type sympa avec qui Rintaro noue amitié est un “grand maso” et donc fort riche. Sa démone attitrée, Momoné, est une superbe blonde, amie de Koyori et beaucoup plus cruelle qu’elle, chaque pécheur ayant son démon ou sa démone qui suit ses “progrès”. Mais ce qui hante Rintaro à travers ses aventures en enfer, c’est la nature du péché qui lui vaut d’être là, et dont il a tout oublié. Il saura, peu avant la fin, très bien agencée, émouvante. J’ai beaucoup apprécié la parfaite cohérence du système infernal, l’humour, les monstres et les belles démones. Bien sûr peu à peu la pas bien méchante Koyori et Rintaro se lient d’un sentiment fort.  A lire, si on le trouve !!