Depuis plusieurs mois, la situation est assez déprimante. Heureusement, il reste une série pour rendre le sourire, antidépresseur confirmé depuis vingt ans, Haré + Guu !
Tout va pour le mieux ou presque pour Haré : certes, le garçon de 11 ans doit faire toutes les corvées à la place de sa mère, l’alcoolique et frivole Weda, mais tous deux vivent heureux dans leur village tapi au fond de la jungle. Mais, un beau jour, en rentrant de sa cueillette de bananes, Haré découvre une étrange fille à la peau pâle à son domicile, la petite Guu que sa mère a décidé d’adopter. Par chance, elle s’avère aussi gentille que mignonne… jusqu’au lendemain, où elle montre une attitude totalement différente. Seul Haré semble remarquer cette transformation, contrairement au reste du village. Pire, Guu possède de nombreux autres pouvoirs, comme celui d’avaler les gens dans son estomac digne d’une dimension parallèle ! Désormais, le jeune garçon devra survivre aux mille et une manigances de l’étrange petite fille…
Impossible de résumer Haré + Guu ! Si la relation entre les deux enfants sert de fil rouge à la série, elle s’inscrit plus dans le registre des comédies comme Les Simpsons ou South Park, où un cadre géographique (la jungle et son village) et toute une galerie de personnages secondaires permettent de développer une intrigue différente à chaque épisode. Et quelle galerie ! Entre un prof otaku qui passe ses journées à dormir, l’ancien du village aux poils de torse drus, un médecin pervers qui obsède la coiffeuse, ou les trois personnes vivant au sein de l’estomac de Guu, on ne sait plus où donner de la tête. Absurde et déjanté, carburant à cent à l’heure, parodiant la pop-culture (Evangelion et les magical girls en prennent pour leur grade), Haré + Guu ne respecte rien, à commencer par soi-même en explosant le quatrième mur (Guu fait tomber la neige sur la jungle pour que la série ait droit à son épisode de Noël !)
À l’origine, on trouve un manga de Renjuro Kindaichi paru entre 1997 et 2009 dans les pages du Shônen Gangan, mensuel de Square Enix, découpé en deux « saisons » de dix tomes, Jungle ha itsumo Hare nochi Guu (les 100 premiers chapitres) puis Haré + Guu. Première réalisation de Tsutomu Mizushima (qui continuera dans l’humour avec Crayon Shin-chan et Genshiken avant de s’attaquer au plus sombre xxxHOLIC), la série de 26 épisodes produite chez Shin-Ei débute sa diffusion à la TV nippone le 3 avril 2001. Si elle parvient en France via l’éditeur DVD Beez, ce ne sera pas le cas de sa suite en OAV, produite deux ans plus tard. Quand on y regarde de plus près, Haré + Guu parvient à faire rire en abordant ici ou là des thèmes extrêmement tragiques (les filles-mères, l’alcoolisme, le suicide, le harcèlement sexuel…), traités avec tant de dérision que la série reste aussi efficace à l’ère de la cancel culture. On en viendrait presque à espérer son retour pour pouvoir rire de bon cœur de la pandémie de coronavirus qui nous touche actuellement. En attendant, il suffit de (re)voir son générique pour retrouver instantanément le sourire !
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