#TBT : Panda, Petit Panda

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À la fois recyclage de projets passés et matrice d’œuvres futures, Panda, Petit Panda a consolidé, il y a cinquante ans, l’amitié artistique entre Hayao Miyazaki et Isao Takahata.

Mimiko vit avec sa grand-mère dans une maison près d’une plantation de bambous. Quand son aïeule doit partir quelques jours à Nagasaki, la petite fille se retrouve toute seule… mais pas très longtemps ! Elle découvre en effet un bébé panda, Pan-chan, en train de dormir à l’arrière de la maison ! Passée la surprise, Mimiko et Pan-chan deviennent les meilleurs amis du monde, jusqu’à ce le père de ce dernier, Papanda, vienne récupérer son rejeton. En apprenant que Mimiko n’a pas de père, Papanda décide de jouer ce rôle pour elle, tout comme la petite fille sera une mère de substitution pour Pan-chan. Cet étonnant trio s’apprête à vivre de trépidantes aventures à l’école puis au zoo, et enfin au cirque !

Durant les années 60, Isao Takahata et Hayao Miyazaki se sont rencontrés au sein de Toei Animation, où ils firent également la connaissance de Yoichi Kotabe. Les trois hommes ont vite tissé des liens, unis par les mêmes idéaux politiques très à gauche, et par les mêmes envies artistiques. La production de Horus, prince du soleil fut ainsi très mouvementée, entre luttes syndicales et désir d’un film ne s’adressant pas aux enfants. Après son échec au box-office, la situation se fait encore plus tendue, au point que les trois camarades claquent la porte pour intégrer le studio A Productions où ils retrouvent leur ami et mentor Yasuo Otsuka. Tous les quatre se lancent dans l’adaptation des romans pour la jeunesse de la suédoise Astrid Lindgren, Fifi Brindacier : Takahata se charge d’adapter les histoires, Miyazaki développe l’univers graphique et Kotabe conçoit les personnages, le tout sous la houlette d’Otsuka. Miyazaki participe même à un voyage en Suède en 1971 pour à la fois effectuer des repérages et négocier les droits. L’équipe dépêchée sur place ne rencontre hélas pas l’autrice, qui finit par mettre son veto sur le projet. L’année suivante, Takahata et Miyazaki développent un projet de court métrage destiné à un public enfantin, et mettant en scène des pandas… mais qui est vite mis de côté par A Productions.

Quand, le 29 septembre 1972, la Chine offre au Japon deux pandas, le studio ressort immédiatement des cartons ce projet abandonné ! Takahata et Miyazaki recyclent alors leurs travaux sur Fifi Brindacier, tant au niveau de l’intrigue qui doit s’axer sur les petits riens du quotidien, que du graphisme, à commencer par le design de l’héroïne, petite casse-cou aux nattes rousses. Grâce à tout ce qu’ils avaient mis en place auparavant, il ne leur faut que deux mois et demi pour produire Panda, Petit Panda. Sorti le 17 décembre 1972, il cartonne dans les salles, confirmant ce que pensaient ses créateurs : les enfants ne cherchent pas du sensationnalisme à outrance au cinéma, mais le bonheur qu’on peut trouver dans des petits actes de la vie de tous les jours. Devant ce succès, A Productions demande une suite, produite en moins de trois mois et diffusée au cinéma à partir du 17 mars 1973, Jour de pluie au cirque. Si l’œuvre de jeunesse recycle les essais passés de Miyazaki et Takahata, elle porte aussi en elle les germes de leurs chefs d’œuvres futurs ! Comment ne pas voir dans le design de Papanda les esquisses de Totoro ? Les décors de Kiki la petite sorcière ne doivent-ils pas beaucoup aux repérages suédois de Miyazaki ? Cinquante ans après sa diffusion, Panda, Petit Panda n’est donc pas à considérer comme une œuvre mineure, mais un jalon majeur dans le parcours de deux géants de l’animation.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon