A l’occasion de la très prochaine réimpression des 8 premiers volumes de cet incroyable manga publié chez Soleil, je me devais de vous convaincre ABSOLUMENT de profiter de cette exceptionnelle opportunité d’acquérir l’un des titres les plus fameux de l’archipel.
Oh ! me direz-vous, c’est pas les bons mangas qui manquent, même parmi ceux traduits chez nous.
Mais Dorohedoro est un rare chef d’œuvre de créativité, d’originalité.
Il faut dire que l’auteure, une jeune femme nommée Q. Hayashida, fait partie des très rares mangakas qui ont l’insigne honneur d’être publiés dans l’ultra élitiste IKKI, revue particulièrement pointue qui a ouvert ses pages à des pointures comme Taiyo Matsumoto par exemple.
Q. Hayashida pourtant étant une quasi inconnue avant d’être publiée dans IKKI : elle avait seulement signé l’adaptation d’un jeu vidéo en manga (ou l’inverse chais pas trop), Maken X. Ce court manga cependant, en trois tomes, paru entre 2000 et 2001, montre une dessinatrice qui possède déjà un style bien particulier (tant dans son univers bien élaboré que dans son humour bien spécial ! Notez que Maken X est publié à l’étranger par Panini Comics. Chez nous ils en font rien, les cons…).
Est-ce ce travail qui lui a ouvert les portes d’IKKI ? En tout cas on peut dire qu’ils ont eu du flair chez IKKI et les remercier bien bas d’avoir permis à cette artiste de pouvoir laisser libre court à son imagination déchainée !
Nikaido et Caïman, les héros.
Dorohedoro commence donc en novembre 2000.
Le premier chapitre met en scène un curieux personnage amnésique à la tête de reptile, Caïman, vivant dans la misérable ville de Hole. Accompagné de son amie Nikaido ils font la chasse à des mages qu’ils soupçonnent d’être à l’origine du sort qui l’a transformé ainsi. Balèzes, ils font des ravages parmi les mages, jusqu’au jour où ils vont attirer l’attention sur eux de En, un big boss du monde des mages qui n’entend pas laisser ses hommes se faire occire plus longtemps…
D’emblée Q. Hayashida en impose. D’abord par son style, très fouillé. Les premières pages montrent des personnages fins, puissants, harnachés dans des combinaisons guerrières et combattant dans des dédales et ruelles sombres. Sorti moins d’un an après Blame ! il est difficile de ne pas faire de rapprochement entre Tsutomu Nihei et Q. Hayashida. Le côté gore accentue d’ailleurs les points communs esthétiques entre ces deux mangakas. La comparaison reste cependant seulement pertinente sur les premiers chapitres, l’auteure développant un style plus « rond » et fantaisiste dès la fin du premier tome de Dorohedoro.
En, le puissant "parrain" du monde des mages, organise une réception. Tout le monde a revêtu son masque de mage pour l'occasion.
Ce qui frappe ensuite, c’est l’originalité de cette œuvre, sa profondeur.
D’un point de départ simple (qui a jeté un maléfice sur notre héros, et pourquoi ?), l’histoire ne cesse ensuite de se complexifier à chaque chapitre, multipliant les révélations, sans jamais une seule fois – en 14 ans !!!! – ne lâcher le morceau sur l’origine du sort accablant ce pauvre Caïman.
En revanche, Q. Hayashida construit minutieusement son univers en dévoilant petit à petit son intrigue.
Noi et Shin, les redoutables tueurs de En.