Gebeka

trois syllabes pour un distributeur unique

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« Gebeka est l’assemblage des initiales des trois fondateurs de la société », indique avec un sourire Marc BONNY. « Notre premier gros coup en distribution fut de ressortir Mon voisin Totoro en décembre 1999 (1), qui reste à ce jour le dessin animé que je préfère, celui qui me donne plus que jamais envie de continuer à distribuer des films d’animation. » Au palmarès des films distribués par Gebeka, signalons Corto Maltese en décembre 2002, Bécassine et le trésor Viking en décembre 2001, Mari Iyagi, Grand Prix du festival d’Annecy 2002, et plus récemment, Le roi et l’oiseau de Paul GRIMAULT et Les contes de l’horloge magique de Ladislas STAREWITCH. « Nous avons la volonté de mettre en avant la création française et européenne en matière de dessin animé » ajoute-t-il. Cette volonté s’étend non seulement aux créations contemporaines, mais aussi à la sauvegarde d’un patrimoine déjà important, comme pour l’oeuvre de STAREWITCH et le film clé de Paul GRIMAULT.

Janvier et février constituent la bonne période pour tirer des bilans, et tracer la feuille de route pour les trimestres à venir. Si Les contes de l’horloge magique n’ont malheureusement pas trouvé leur public et devraient plafonner au seuil de 20 000 entrées (« un problème de communication sur la cible » résume, laconique, le patron de Gebeka), En revanche, Le roi et l’oiseau a obtenu un succès certain puisque en période de pré Noël, et face à une très grosse concurrence, il a réussi à attirer 110 000 spectateurs. Son succès en DVD (70 000 exemplaires vendus !) devrait réinstaller le film dans l’imaginaire populaire pour encore quelques années, et lui permettre de réintégrer le dispositif Ecole et Cinéma (2) pour la rentrée 2004.
Le 11 février, Gebeka commence sa saison en salles en distribuant L’île de Black Mor de Jean François LAGUIONIE sur 170 copies. Gros pari pour Gebeka, Black Mor devrait ratisser large et selon Marc BONNY « permettre à l’oeuvre de LAGUIONIE d’être mieux connue, après la sortie en demi-teinte il y a quelques années du Château des singes. » Seconde sortie prévue, Les aventures de T’choupi, réalisé par Jean-Luc FRANCOIS, qui sera distribué le 7 avril sur 300 copies. Destiné aux tout petits mais également aux enfants, Les aventures de T’Choupi devrait bénéficier des vacances de Pâques pour assurer son succès.

Pour l’automne, Gebeka annonce sa volonté de distribuer deux oeuvres du tchèque Karel ZEMAN, Le dirigeable volé et sa dernière oeuvre, provisoirement intitulée Jeannot et Mariette. Le reste demeure top secret, mais nous ne manquerons pas de vous en parler ! Gebeka ne se limite désormais plus à de la distribution mais souhaite oeuvrer plus en amont, au niveau du développement des oeuvres et de la coproduction. Ainsi le prochain film mettant en scène le petit héros populaire Kirikou, appelé Quatre souvenirs de Kirikou, est soutenu par Gebeka. De la même manière, par fidélité aux créateurs, la société de distribution encourage le projet U de Serge ELISSALDE et Grégoire SOLOTAREFF, précédemment auteurs d’un des épisodes de Loulou et autres loups. Finaliser tout cela fera sans doute une année bien chargée pour Marc BONNY.

Un observateur privilégié du marché du dessin animé

Observateur privilégié du marché du dessin animé, que ce soit concernant les productions télévisuelles comme les longs métrages destinés d’abord aux salles de cinéma, Marc BONNY affine son analyse : « En France, on a un gros travail en cours sur l’originalité des scénarios et sur la qualité des graphismes. Le problème ne tient pas au nombre de créatifs, tout le monde sait qu’ils sont très nombreux tant dans le dessin animé que dans la BD ou dans les jeux vidéo, mais à la chance qui peut leur être donnée de réaliser un film. On arrive à une croisée des chemins. Il y a eu un gros problème de sous financement du dessin animé, mais avec les productions ambitieuses que l’on trouve sur les écrans, les choses changent dans le bon sens. On a enfin de vrais budgets, il suffit de voir le lancement du nouvel Astérix en dessin animé prévu pour 2006, avec une enveloppe annoncée de près de 25 millions d’euros ! » Faut-il nécessairement prendre les droits sur une licence aussi populaire qu’Astérix pour faire bouger les choses ? « Le studio le plus en vue pour moi, ce sont les Armateurs. Ils représentent l’élan du cinéma français d’animation. Sylvain CHOMET et ses Triplettes de Belleville, Michel OCELOT et son Kirikou qui a redonné un nouveau souffle au métier, les jeunes pousses comme Jean-Luc FRANÇOIS, sont autant de créateurs originaux avec une forte personnalité. Mais rien ne pourra se faire sans succès public et un fort soutien des institutions et des producteurs. »

Concernant la fermeture des studios 2D de Disney, M. BONNY secoue la tête, fataliste : « Je trouve que c’est une grosse erreur. La technique, aussi parfaite soit-elle, ne pourra jamais remplacer une belle histoire. Fermer les studios 2D parce qu’ils ne sont pas assez rentables est une manoeuvre de financier cupide et non d’artiste.» Peut-on songer alors à des solutions de production alternatives, comme l’animation Flash, nettement moins onéreuse ? « Je suis intéressé par toutes les formes d’animation, et suis bien sûr sensible aux croisements des techniques. On trouve déjà tellement d’intégration 3D dans les dessins animés traditionnels… Utiliser les logiciels comme Flash, pourquoi pas ? Les résultats sont bons, la technique est fiable. Reste encore, répétons-le, la question du contenu. Sans âme ni quelque chose à raconter, cela ne sert à rien. »

Enfin, un pronostic quant au développement du dessin animé français ? « Il y a encore énormément de places sur le marché français en terme de présence des dessins animés, tous publics confondus. J’estime qu’il peut absorber sans problème 10 à 15 films par an. Il ne reste qu’aux producteurs de prendre des paris et de soutenir l’animation, qui en a bien besoin. Et nous serons là pour distribuer les films, le cas échéant ! »

Remerciements à M. BONNY pour sa disponibilité.

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