The Tell Tale Heart raconte l’histoire du secrétaire particulier d’un vieil homme fortuné. Une obsession naît dans le coeur de ce jeune homme : tuer son patron. Ce désir n’est motivé que par une seule chose : l’oeil de verre du vieil homme qui, restant perpétuellement ouvert, le fascine et l’insupporte. Un beau jour, le secrétaire passe à l’acte…

Raul Garcia aux commandes

Le réalisateur de ce court métrage de 9 mn 45 s s’appelle Raul Garcia. Son nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant, il est loin d’être un débutant ! Ce producteur, réalisateur et auteur a travaillé sur la plupart des grands longs métrages de Disney au cours de ces quinze dernières années : Aladdin, Le Roi Lion, Pocahontas et Fantasia 2000… Il travaille aussi comme animateur pour Amblin Entertainment à Londres, les studios Gaumont à Paris ou encore Filman / Gaumont à Madrid. Il a ainsi oeuvré sur Astérix et les Bretons ou le mythique Qui veut la peau de Roger Rabbit ?. On lui doit aussi un certain nombre de longs métrages comme Delirium, Les Razmoket à Paris et La famille Delajungle. Dernièrement, il a réalisé Sian Ka’an, enregistré à la fois en espagnol et en anglais par une distribution prestigieuse (Salma Hayek, Placido Domingo et Cheech Marin).

Garcia a utilisé pour The Tell Tale Heart un procédé de réalisation similaire à celui du film Renaissance. Ainsi, retrouve-t-on des acteurs dont les mouvements ont été digitalisés par Motion Capture puis placés dans des décors virtuels. Le noir et blanc, dense et envoûtant, retranscrit parfaitement l’aspect sombre et terrifiant du récit.

Deux maîtres de poids

De son propre aveu, Raul Garcia s’est inspiré du style graphique de Alberto Breccia (1991-1993), le plus grand artiste de BD argentin. Cet artiste a adapté un grand nombre de récits littéraires en bande dessinée comme ceux d’E.A. Poe, Jose Luis Borges ou encore Howard Phillips Lovecraft. Maniant avec talent le clair obscur, il a inspiré Frank Miller lors de son passage au noir et blanc sur Sin City. On retrouve donc un graphisme dense et tendu dans le court : les personnages ont une vraie « gueule » et les décors ténébreux semblent tout avaler en eux.

Enfin, deuxième allié, et pas des moindres, Bela Lugosi (1882-1956) ! Le célèbre interprète de Dracula au théâtre et au cinéma avait enregistré le récit de The Tell Tale Heart pour un one man show. On croyait l’enregistrement perdu mais il a été retrouvé et remasterisé pour le film. La voix chaude, inquiétante et envoûtante de l’acteur, ses gémissements pathétiques, son sens de la narration, voilà autant de qualités qui rendent le récit encore plus effrayant.

Ce projet a sans aucun doute permis à son réalisateur de travailler avec une nouvelle technique d’animation, tout en lui permettant de réaliser un sujet forcément moins vendeur que celui d’un Disney. Il s’agit d’une réelle performance, à tous les niveaux, qu’on espère pouvoir profiter un jour sur DVD.

Le site officiel de Raul Garcia : hometown.aol.com/raulgarci/myhomepage.