Je prépare un livre intitulé “Mort aux cafetiers!” Enfin, ça me tente sérieux.
J’avais déjà révélé ici les agressions, moeurs grossières et méprisants comportements de cette tribu implacable, essentiellement masculine et habillée en pingouins. Vers 14h aujourd’hui, je sors pour une course vers St Lazare, mais il fait chaud et je me dis “Tiens, je m’enfilerais bien un panaché bien frais!”
Je descend à la station Liège parce que les troquets n’y manquent pas, mais en plein soleil c’est rude, et pas à l’intérieur car j’aime fumer un cigarillo tous les deux jours et ça me tente aussi. La première terrasse à l’ombre : tables équipées de couverts, assiettes, serviettes pour lunch. “Je peux m’installer, juste pour un panaché ?” – “Ah non, dit le garçon, c’est pour déjeuner.” -“Déjeuner à 14h 20 ? ” réponds-je. Il ne répond même pas, retourne à l’intérieur, et je jette le répond-je, euh, l’éponge, me dirigeant vers un autre troquet. Là il y a, ô surprise, deux tables nues à l’ombre, entre deux autres “pour déjeuner” interdites aux simples buveurs, ces minables de sous-consommateurs… Je m’installe. Le garçon ne vient pas. Mais heureusement deux jeunes femmes à côté veulent déjeuner, et il arrive, s’occupe d’elles, me remarque enfin (des fois je me demande si je ne suis pas transparent sans le savoir), et je lui demande un panaché. Il ne vient pas. Enfin il arrive avec les plats pour mes voisines, se retourne et semble sursauter un peu ; “ah, ça y est, il réalise son oubli et va revenir” pensé-je. Je commence à avoir vraiment soif. Plus de 10 minutes passent, et il ne vient toujours pas. En me retournant, je l’aperçois au bar, en train de nettoyer et de ranger. Il m’a définitivement oublié. Je me déplace vers l’intérieur, mais entretemps il a disparu. J’avise un autre garçon et lui signale que j’attends depuis pas mal de temps un panaché. Je retourne à ma place (heureusement que j’ai un bouquin à lire). Attente. Juste au moment où je me prépare à aller faire une troisième commande en gueulant, seul moyen de maîtriser la nomade et décérébrée tribu cafetière, le précédent garçon réapparaît avec mon panaché et un petit pot de cacahuètes en bonus. Il s’excuse. Bon, passons. Je consomme en fumant et lisant, puis demande au garçon ce que je lui dois : “5 euros 10” “- Euh… juste pour un panaché ??” “- Ah mais il y a les cacahuètes.” “- Je croyais que c’était pour vous excuser du retard.” “-Aussi, mais je dois les mettre sur la note.”
Ha ha, elle est bien bonne. Et je ne trouve rien à répondre, encore acculé au pétage de plomb. Pour ce prix-là au Japon, j’ai un repas d’udon-kitsune, avec thé à volonté, sauces, soupe miso, tsukemono, bol de riz.
Mort aux cafetiers!