Glass no Kamen (Version 2005)
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Ce n’est pas dans mes habitudes de parler d’une série vue dans des conditions bof, moi qui ai l’habitude de regarder des séries inédites en français grâce à l’import. Enfin, en attendant de trouver une autre solution, j’ai quand même décidé de faire part de mes impressions. Je n’avais guère revu la série originale de 1984 depuis 2015, mais j’avais continué à suivre quelque peu le manga par des extraits de chapitres tardifs correspondant à la dernière vague de volumes reliés. J’ai donc un peu tout repris à zéro pour cette nouvelle série, ne me rappelant que de quelques événements majeurs.
Quelques indications sur les personnages principaux (et équivalents en français)
Maya Kitajima (Laura Nessonier) : jeune fille entre 13 et 19 ans (son âge évolue tout au long de la série), d’origine très modeste, élevée par sa mère – le père n’est guère mentionné, sinon qu’il est décédé quand Maya était petite. Passionnée de dramas, de théâtre et de cinéma, elle adore rejouer les rôles devant des enfants. Après sa rencontre avec Mme Tsukikage, elle va persévérer dans le jeu d’acteur, interprétant des rôles variés dans de multiples domaine. Maya est en guerre quasi perpétuelle avec Masumi Hayami (voir plus bas), qu’elle considère comme un homme d’affaires arriviste et sans cœur, ignorant que c’est lui le fameux admirateur qui lui offre des roses violettes et beaucoup de soutien psychologique.
Chigusa Tsukikage (Chloé de St-Fiacre) : ancienne vedette défigurée, vivant désormais avec pour seule ambition la reprise de la pièce de théâtre ”La déesse écarlate/nymphe écarlate”, une histoire écrite par son ancien mentor et amant qui lui a légué les droits de la pièce avant de se suicider. Mme Tsukikage a donc ouvert une école de théâtre chargée de former de jeunes actrices qui pourraient interpréter le rôle principal de cette pièce. Professeur sévère et exigeante (un peu comme les entraîneurs des anime sportifs), mais bienveillante envers Maya, qu’elle prendra sous son aile.
Ayumi Himekawa (Sidonie Lécuyer) : jeune fille du même âge que Maya, ses parents sont riches et issus du monde du spectacle. Ayumi dans cette version (plus fidèle au manga) n’est pas vraiment prétentieuse, bien au contraire elle a beaucoup de mal à supporter les exigences et la pression qui reposent sur ses jeunes épaules. Cataloguée jeune actrice à la beauté prometteuse, elle se lance dans des rôles moins prestigieux pour s’assurer de son talent réel, par crainte qu’on vante ses mérites uniquement grâce au nom de ses parents. Rivale de Maya, elle refuse de l’éliminer de la scène comme un obstacle, car sans elle, Ayumi n’aurait plus de motivation pour progresser.
Masumi Hayami (Maxime Darcy) : jeune président à la tête de la Daito Corporation, une importante société de production de spectacles qui convoite les droits de la pièce ”La déesse écarlate”. Loué pour son physique avantageux par les dames et pour ses talents d’homme d’affaire, il est réputé insensible, glacial et uniquement intéressé par l’argent. Derrière son masque de verre se cache en vérité un jeune homme fragile, marqué par une éducation stricte et la perte précoce de sa mère. Sa rencontre avec Maya, de 11 ans sa cadette, va peu à peu lui révéler des sentiments qu’ils avaient refoulés. Mais Maya le haïssant, les deux ne vont cesser de se tirer dans les pattes, obligeant Masumi à dissimuler son affection (puis son amour) pour Maya derrière l’identité de ”l’admirateur aux roses violettes”.
”Glass no Kamen” version 2005 est donc un remake du manga reprenant tout à zéro, à commencer par le design des personnages. Si la version 1984 se rapprochait à peu près du dessin de Suzue Miuchi, celle de 2005 a préféré l’actualiser un peu, notamment pour Ayumi qui porte désormais une coiffure plus moderne. Si le nouveau design n’est pas aussi beau que celui des OAV éditées en 1998, il reste tout à fait honorable et on reconnaît parfaitement le dessin de la mangaka. Concernant l’animation, elle est également correcte, mais largement inférieure aux meilleures productions TMS des années 80. On sent un manque de budget évident, néanmoins l’animation n’est pas aussi catastrophique que dans ”Angel Heart” et se permet quelques belles audaces, par exemple lorsque Maya improvise une peinture murale lors d’une audition. Les génériques sont très entraînants et le premier est même beaucoup plus approprié au contexte de la série que celui de la première série (en VO). Les décors sont de très bonne facture malgré les couleurs numériques qui ont encore un peu tendance à jurer.
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Pour l’histoire, les 25 premiers épisodes resteront familiers au spectateur ayant connu la version 1984. Si l’on excepte que l’histoire se passe désormais dans les années 2000 et non plus dans les années 70, la majorité des événements sont exactement les mêmes, à quelques détails près; durant ces différences, la version 2005 colle alors davantage au déroulement du manga contrairement à celle de 1984 qui prenait des libertés. Inversement, quelques scènes existant dans le manga et dans l’anime de 1984 n’apparaissent plus dans la version 2005, mais ce n’est guère gênant. La série se laisse très bien regarder durant cette partie équivalente à la 1984, même si l’on connaît déjà les événements et les pièces jouées, la version 2005 a beaucoup de punch et joue allégrement sur la relation haineuse entre Masumi et Maya, ou encore les crasses que fait subir Daito Corporation à l’encontre de l’école de Mme Tsukikage.
L’histoire se sépare donc définitivement de la version 1984 avec ce qui, dans cette dernière, correspondait au dernier épisode. Maya a gagné un prix pour son interprétation d’Helen Keller et accepte un engagement dans une série drama. De son côté, la secrétaire de Masumi découvre qu’il aime Maya et lui offre régulièrement des roses violettes de manière anonyme (”C’est l’excuse que vous avez utilisée durant tout ce temps pour renier vos sentiments”). Ce secret va cependant perdurer pendant une bonne partie de la série. Comme dans le manga, Maya a certes des soupçons sur Masumi, mais refuse de le voir comme l’admirateur aux roses violettes, d’autant que ce dernier persiste dans son rôle de façade, traitant Maya comme une gamine, en l’appelant essentiellement par son surnom ”Chibi-chan” (”la petite”). Il faudra attendre les derniers épisodes pour que le pot aux roses (^^) soit découvert et que la situation évolue enfin.
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La série animée, tout comme le manga, se veut ainsi très psychologique, décrivant les rapports houleux entre les acteurs, les producteurs et réalisateurs, la jalousie de certaines anciennes actrices stars désormais mises de côté, le gigantesque business que représente le monde du spectacle… donnant un ton très réaliste à l’ensemble de la série. Comme je le disais plus haut, certains personnages ont une personnalité légèrement différente à celle de la version 1984, là encore pour se rapprocher du manga. Outre Ayumi, Masumi Hayami est un personnage très intéressant et bien étudié par Miuchi : s’il reste toujours en apparence sarcastique et impassible, il se montre aussi plus impulsif, maladroit (il se ramène avec un panier de fruits pour Mme Tsukikage alors que la troupe vient de découvrir l’implication de Daito dans leur échec pour obtenir un prix), timide, dominé par un père autoritaire qui apparaîtra dans les derniers épisodes. Maya est restée fidèle à elle-même, sa passion pour le théâtre la rend très attachante et on a envie qu’elle s’en sorte, notamment après un terrible drame qui lui fera perdre toute entrée dans le monde du spectacle.
Une seule partie de l’anime m’a moins passionnée, il s’agit de celle où Maya tient le rôle principal dans un drama : si les mécanismes de production et de promotion sont intéressants, l’histoire semble prétexte à pousser Maya vers l’échec, rendant les épisodes assez indigestes (c’est également le cas dans le manga). Son flirt avec le jeune acteur principal n’arrange pas non plus l’intrigue, vu qu’au final cet élément ne réapparaîtra pas. Heureusement, la série se rattrape beaucoup par la suite : comme Maya doit reconstruire sa réputation, elle use de nombreuses stratégies pour monter des spectacles et obtenir de nouveaux rôles. Si j’avais à indiquer une partie ayant eu ma préférence, ce serait clairement tous les épisodes post-drama, où Maya reprend du poil de la bête et peu à peu sa place dans le milieu théâtral. Les derniers épisodes montent crescendo avec une première répétition pour la Déesse écarlate et un premier rapprochement entre Maya et Masumi. De quoi regretter que la série n’ait pas pu continuer, malgré l’existence de chapitres ultérieurs (et en espérant une fin un jour).
Je ne peux que vous encourager, si vous avez aimez la première série, à découvrir ce remake plus moderne. Elle a certes quelques légers défauts, mais reste passionnante dans l’ensemble grâce à ses personnages hauts en couleur et la mise en valeur du théâtre et du spectacle en général.
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Cette réponse a été modifiée le il y a 4 ans et 9 mois par
Veggie11.