Magic Knight Rayearth Saison 1 / Arc I / Partie 1 (appelez comme vous le voulez ^^)
Un anime dont je n’attendais pas grand-chose, mais qui au final s’est avéré bien sympathique. En France du moins, le quatuor Clamp est essentiellement connu pour ”X”, ”Tokyo Babylon”, ”Card Captor Sakura” et plus récemment ”XXX Holic”, ”Tsubasa Reservoir Chronicles” ou ”Chobits”. Rayearth fait plutôt partie des titres à moyenne réputation, l’anime étant arrivé très tardivement et uniquement en DVD chez IDP en 2005, soit 10 ans après la diffusion de la série. Le manga a certes été proposé dès 1996 chez Manga Player puis Pika, mais dans une mauvaise édition aux planches retournées, mal traduit… Pika le réédite par ailleurs depuis novembre dernier dans une bien meilleure édition, revue et corrigée, et cette fois dans le sens japonais !
Rayearth est donc un manga au départ, prépublié dans le magazine pour fillettes et jeunes filles Nakayoshi, où fut également proposé ”Card Captor Sakura”. Ici, pas de sous-entendus yaoi, pas de côté apocalyptique poussé à l’extrême… le ton se veut plus soft et forcément plus accessible à un public entre 8 et 14 ans. Les héroïnes sont d’ailleurs un peu plus jeunes que les précédents protagonistes de Clamp. L’anime quant à lui, diffusé à partir de 1994 au Japon, est réalisé au studio TMS Entertainment et divisé en 2 parties : la première adapte les tomes 1 à 3 et la seconde les tomes 4 à 6. Comme précisé plus haut, je vais déjà commencer par m’intéresser à la première partie avant de revenir plus tard sur la seconde, lorsque je l’aurais terminée.
Rayearth se passe dans un univers d’heroic-fantasy type Isekai des années 90, dans lequel trois jeunes filles ordinaires, Hikaru (tête brûlée, mais courageuse et fidèle à ses amies), Umi (prétentieuse et colérique, mais déterminée) et Fuu (plus timide, mais douce et sérieuse), vont être appelées à délivrer la princesse Émeraude, retenue prisonnière par le ”méchant” grand-prêtre Zagato. Dans ce monde appelé Cephiro, sa stabilité dépend des prières du ”pilier”, une personne choisie pour garantir à elle-seule l’équilibre, la paix et la joie au sein de la population. Mais depuis son enlèvement, Cephiro est à l’agonie et menace de s’effondrer si Émeraude n’est pas retrouvée rapidement. Les trois jeunes filles, qui pourtant ne se connaissaient pas, ont été appelées par Émeraude en personne pour devenir les ”Magic Knights de la légende” et sauver ainsi ce monde de l’extinction. Malgré leur incompréhension et leur inexpérience, elles vont devoir accepter cette mission pour revenir à Tokyo, réveiller les Rune God (des sortes de robots géants) et apprendre à développer des pouvoirs dont elles ignoraient l’existence.
Voilà ce qu’il en est du scénario de la partie 1. On retrouve pas mal de poncifs du genre bien entendu (ainsi que des personnages-type : le mage chargé d’enseigner aux héroïnes, le jeune guerrier errant, la sorcière sexy…) et l’histoire suit un schéma assez classique, parsemé de rencontres diverses, de combats entre les héroïnes et l’un des sbires de Zagato, de recherches de matériau / objet sacré pour forger les armes du futur combat final… Mais les Clamp s’amusent beaucoup avec ces clichés, soit en apportant quelques changements (le mage Clef a un âge avancé, mais l’apparence d’un enfant), soit en usant de l’humour qu’on leur connaît bien (les oreilles de chat, les SD/Chibi, les personnages qui ont des noms de marques de voitures…). En parlant d’humour d’ailleurs, si dans le manga les Clamp savent tout de même se modérer pour éviter de dédramatiser trop souvent l’intrigue, l’anime abusera durant une partie des épisodes de ces fameux SD/Chibi. C’est particulièrement flagrant entre les épisodes 1 à 15, où le ton se veut encore plus humoristique et malheureusement, les scénettes qui étaient amusantes en manga ne le sont plus vraiment dans l’anime. Fort heureusement, le staff finit par comprendre que l’histoire prend désormais une tournure plus dramatique et lâchent cet humour bon enfant pour des épisodes 16 à 20 sans excentricité. Cette partie est à mon sens la plus réussie de la saison 1.
Concernant les héroïnes, elles sont chacune attachantes à leur manière et leur collaboration fonctionne très bien. De manière intéressante, les Clamp opposent ces trois jeunes adolescentes âgées de 14 ans, à peine sorties de l’enfance, à des personnages féminins physiquement plus mûres et vivant une relation bien moins chaste avec les hommes. Hikaru, Fuu et Umi n’en sont pas encore là bien évidemment, mais les Clamp suggèrent que cette période ne tardera pas d’ici quelques années. Là où ”Card Captor Sakura” évoquait peu la question des relations amoureuses – en dehors du duo Thomas/Mathieu – ici l’amour a une place bien plus importante. Et pour revenir sur ce thème de manière approfondie, je vais devoir parler de la fin de la saison 1. Attention SPOILS pour ceux qui veulent garder la surprise !!
Le grand-prêtre Zagato, un air de Grand-Pope Saga qui n’est peut-être pas si anodin…
Emeraude et Zagato version manga. Des rumeurs circulant parmi les fans ont supposé que le duo Zagato/Émeraude pourrait être une allusion à un ship très controversé de Saint Seiya autour de Saga/Saori.
[Spoiler]À partir de l’épisode 18, les Magic Knights sont donc enfin face à Zagato, le grand-prêtre qui, sournoisement, kidnappa et enferma Émeraude, causant ainsi le désastre qui secoue Cephiro. Du moins est-ce la thèse retenue par les héroïnes. Zagato est l’ennemi à abattre, une sorte de Grand-Pope (période Sanctuaire) resté dans son antre depuis le début et qui consent enfin à se montrer maintenant que tous ses sbires ont échoué. C’est de sa faute si Cephiro est menacé par la destruction, de plus il a commis des actes impardonnables en transformant le mage Clef en pierre, mettant ses hommes en danger, contrôlant mentalement l’un de ses plus fidèles alliés… Les Magic Knights sont plus que déterminées à en finir avec lui ! Voilà qu’elles se retrouvent soudain devant un Zagato tout aussi déterminé, mais qui semble cacher quelque chose. À la question d’Hikaru – ”Pourquoi avez-vous emprisonné Émeraude ? À cause de ça, Cephiro va s’effondrer ! Émeraude est bien le pilier qui apporte l’équilibre et la paix à Cephiro, non ?” – Zagato répond de manière inattendue : ”Pourquoi la princesse doit-elle prier pour Cephiro ?”. Hikaru est surprise par cette réponse, mais ne semble pas en tenir compte, sans doute trop prise par la tension du combat. Zagato les attaquera en poursuivant : ”Elle n’a aucune liberté, elle est réduite à une seule chose : prier… pourquoi doit-elle rester enfermée seule dans le rôle du pilier ? Pourquoi doit-elle passer le reste de sa vie à vivre ainsi ?”. Les Magic Knights n’entendront pas ces paroles ou ne les comprendront pas, en tout cas elles ne voient qu’un Zagato belliqueux qui menace de les tuer si elles persistent dans leur mission. Persuadées de vaincre ainsi la source des malheurs de Cephiro et d’Émeraude, les jeunes filles envoient contre Zagato une puissante attaque combinée qui met un terme définitif à sa vie. Mais ce geste, qu’elles pensaient bénéfique pour Émeraude, va au contraire traumatiser la princesse. Sous le coup de l’émotion, Émeraude, qui jusque là avait gardé l’apparence d’une petite fille, grandit subitement et devient une jeune femme d’une grande beauté mais remplie de revanche et de haine à l’encontre des Magic Knights, celles qui ont osé tuer ”son amour”. Car oui, et c’est un véritable choc pour Hikari/Umi/Fuu, Émeraude est amoureuse de Zagato et ce dernier l’aime également en retour. Or, cet amour ne peut être partagé, les pensées et les désirs du pilier devant se concentrer uniquement sur Cephiro. Depuis qu’Émeraude a commencé à désirer davantage Zagato, Cephiro a commencé sa lente agonie… Ce n’est donc pas l’enlèvement d’Émeraude et la trahison de Zagato qui ont provoqué cette situation, mais bien les sentiments d’Émeraude pour le grand-prêtre. Inquiet pour le devenir de la princesse, Zagato a préféré l’enlever et la garder au secret pour la protéger. Et si Émeraude a fait appel aux Magic Knights, ce n’est pas pour qu’elles tuent Zagato, mais pour qu’elles tuent… la princesse, seul moyen de sauver Cephiro. D’abord bouleversées et choquées, refusant de commettre un tel geste, les trois jeunes filles acceptent la mort dans l’âme de respecter le vœu d’Émeraude : rejoindre Zagato, afin qu’elle ne puisse penser qu’à lui et être à ses côtés éternellement. Avant de mourir, Émeraude renverra les adolescentes là d’où elles étaient venues, à Tokyo.[/Spoiler]
Cette ultime partie de la saison 1 tranche littéralement avec les premiers épisodes; l’humour des débuts a complètement disparu, le décor est plus inquiétant et les combats également plus violents (le sang est beaucoup plus montré que lors des premiers épisodes). Lorsque le trio arrive pour la première fois à Cephiro, elles faisaient face à un paysage idyllique aux couleurs chatoyantes, peuplé de créatures étranges et loufoques (à ce titre, Mokona est un incontournable de la série dans ce registre), et où les gens semblaient heureux. À partir de l’épisode 16, Cephiro n’est plus qu’un paysage de roches et de déserts, envahi par les tempêtes, les éclairs et un ciel obscurci. Si au départ le staff se perdait dans l’humour enfantin, on appréciera qu’ils aient au moins adapté l’ambiance de la série lors de ce tournant dramatique.
Si j’avais une remarque particulière à faire à la série, outre l’humour enfantin envahissant, ce serait en particulier le rythme des épisodes par rapport au manga. En effet, à l’épisode 4, je me suis rendue compte que la série avait déjà adapté 1 tome 1/2 du manga, alors qu’il restait également 1 tome 1/2 à adapter sur… 16 épisodes restants. Autant le dire franchement : il y a énormément de rajouts dans cette première partie, pas forcément des plus intéressants (en particulier lors de la balade en forêt) et seuls deux développements sortent du lot : celui de Ferio l’épéiste, qui apparaît bien plus dans l’anime, et Ascot, l’un des fidèles de Zagato, qui a droit à plus de combats face aux héroïnes. Ce n’était pas forcément le rajout le plus intéressant, mais les combats sont bien menés et on ne ressent pas d’ennui. Seuls les épisodes finaux respecteront largement plus le manga; devant le manque de fidélité d’ailleurs, Clamp s’investira davantage sur la saison 2.
Magic Knight Rayearth est une série sympathique, un peu hésitante sur 10 premiers épisodes (entre hommage et parodie du RPG pour finalement devenir plus sérieuse), pas trop mal réalisée (même si ça manque parfois d’animation) et dotée de génériques très entraînants. À l’instar de Sakura, le public cible reste très jeune et il ne faut pas en attendre énormément non plus. Mais elle se laisse bien regarder grâce à ses personnages attachants, ses couleurs vives et son mélange de magical girl/mecha assez original.
Je vous invite d’ailleurs à retrouver le fameux générique de début via ce lien, il est très chouette, coloré et met directement dans l’ambiance. Il a même eu droit à une version italienne pour une sortie vidéo chez Dynit !
https://www.youtube.com/watch?v=SD4314ZrwsY (et je me vois obligée de le poster ainsi, car sinon le forum ne le prend pas…………….)