Kenshin

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Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #502028

    Pour être plus précis, c’est surtout du manga récent édité par Le Lézard Noir que je vais parler, car malgré mon estime pour les premiers épisodes de la série je n’ai pas continué. Mais les fans auront peut-être du grain à moudre sur ce fameux personnage qui a donné lieu aussi à un film live. Pas grave si cela déborde un peu de la rubrique “Manga & BD”.
    Le vrai titre du manga est Yukibana no Tora, soit Le Tigre des Neiges, un des surnoms du grand guerrier Kenshin.
    Grand guerrier ? Ou grande guerrière ?
    En effet la thèse de la mangaka Akiko Higashimura est que Kenshin aurait été une femme.
    De façon assez amusante, elle réserve au début et parfois ensuite le bas des pages à des explications pour “les nuls en Histoire du Japon”, et il faut bien l’avouer, l’hypothèse comme elle le montre repose sur des bases et documents assez solides, y compris la “révolution machiste” tout à fait attestée menée par les premiers shogun Tokugawa sur le modèle chinois confucéen, où la femme = zéro. Un exemple particulièrement spectaculaire en est le kabuki : inventé par une femme, Izumo-no-Okuni, joué par des femmes, il fut interdit en 1629 et remplacé par un kabuki exclusivement masculin. Les annales et récits déformèrent bien des faits pour glorifier les hommes au détriment des femmes. C’est par une ironique revanche qu’une mangaka s’est lancée dans Le Pavillon des Hommes, où elle transforme en femmes les shogun Tokugawa.
    Le manga “Le Tigre des Neiges” commence bien sûr par la naissance d’une fille alors que le père, puissant chef du clan Nagao qui “a buté son boss” comme dit la mangaka, attendait un garçon. Certes il en a déjà un, mais celui-ci déteste la guerre et préfère la poésie, et la musique au moyen du tsutsumi, le petit tambour, comble du déshonneur : même pas le taiko, le gros tambour ! Le père décide donc que cette fille sera élevée en tous points comme un garçon, préparée à la guerre. En effet il vieillit, a de puissants ennemi, et la guerre des clans en cette époque Sengoku est presque constante. En fait, ces troubles perpétuels fournissaient beaucoup d’occasions d’ascension sociale pour les gens doués, artisans, artistes, paysans même. Hideyoshi Toyotomi, simple et obscur péquenot devenu soldat, devint maître de tout le Japon.
    Pour revenir au manga, il est agréablement dessiné, visiblement très bien documenté, et comprendra plusieurs volumes. Dommage qu’il soit cher (13 euros), bien que d’un format supérieur au bunko.

    Xanatos
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    Xanatos le #502050

    Ooooh très intéressant ! J’ignorais qu’il existait un autre manga intitulé Kenshin  que la série culte de Nobuhiro Watsuki ! 😀

    La thèse de la mangaka Akiko Higashimura est fort intéressante.

    D’ailleurs même le héros éponyme de Watsuki a un physique androgyne, dans certaines cases du manga ressemble vraiment à s’y méprendre par une femme. Cela est encore plus accentué dans la version originale du dessin animé où il est interprété justement par une femme !

    Il est vrai en tout cas que le personnage de Kenshin est inspiré d’un homme ayant réellement existé prénommé Gensai Kawakami.

    En tout cas, merci pour ta critique du premier tome du Tigre des Neiges j’y jetterai un coup d’oeil dès que j’en aurai l’occasion. 🙂

    13 euros, c’est cher en effet, mais si la qualité est au rendez vous, ça ne me dissuadera pas de le découvrir.

     

    Le synopsis n’est pas sans rappeler celui de Lady Oscar où le Général de Jarjayes avait élevé sa fille comme une femme.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #502129

    Il est vrai en tout cas que le personnage de Kenshin est inspiré d’un homme ayant réellement existé prénommé Gensai Kawakami.

    Le synopsis n’est pas sans rappeler celui de Lady Oscar où le Général de Jarjayes avait élevé sa fille comme une femme.

    En fait cher Xan’ la mangaka et son équipe éditoriale (puisqu’au Japon il y a toujours celle-ci derrière un auteur) après enquête sur les lieux sont persuadés que le célèbre et historique Kenshin était bel et bien une femme. Son nom fut d’abord Nagao Torachiyo dans son enfance de “garçon manqué”, puis Nagao Kagetora à sa majorité ; à 31 ans elle s’appelle Uesugi Masatora ; enfin Uesugi Tenshin, gouverneur du Kanto. Tous les mois vers le 10, Kenshin se retirait, et même en pleine bataille, souffrant “du ventre” (règles douloureuses ?) en un pavillon privé. Son vrai portrait est imberbe, un autre ayant été maquillé d’une barbe, etc. La doc semble sérieuse. Toutefois le titre n’est pas “Kenshin” mais “Le Tigre des Neiges”.
    Dans l’Histoire le cas du général de Jarjayes est loin d’être rare, tant il importait aux grandes familles d’avoir un héritier maître du domaine et du nom. En l’absence de garçon, des filles ont assuré le rôle, par exemple au temps de la Fronde.
    Le manga rend très bien le dynamisme et le mélange de colère et de chagrin de la gamine condamnée à n’être qu’une fille, malgré le soutien de son père. Le grand frère plutôt efféminé et indolent évite avec adresse tout conflit en s’assumant tranquillement, et l’humour est fréquent. Enfin le dessin et la mise en page sont remarquablement agréables, clairs et maîtrisés. En effet la prolifique Akiko Higashimura n’est connue chez nous que pour Princess Jellyfish, mais la jaquette nous apprend que Naoki Urasawa lui a fait l’honneur d’être sa première invitée dans son émission TV sur les mangakas célèbres.
    A la fin de ce volume 1, la petite future Kenshin a moins de dix ans, ce qui promet des suites !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #506060

    Le Tigre des Neiges, tome 2

    Voilà que la carrière de la jeune Tora, future Uesugi Tenshin, commence à se dessiner. Son père décède et son grand frère doit donc devenir chef du puissant clan Nagao à son grand regret. Il a toujours été de santé faible et de volonté molle, et tous les seigneurs vassaux, qui ont chacun leur petite armée de paysans mobilisables et leur plus modeste château se préparent à en profiter pour se coaliser contre leur suzerain Nagao. Mais l’un d’eux, Saneyori, reste obstinément fidèle et, venu prévenir les Nagao, va obtenir le “soutien de prestige” de l’installation en son château du “petit frère” Tora. Celle-ci est passée par une crise à 13 ans, ses premières règles, qui la prennent de court car elle ignorait le phénomène. Cela ne fait que renforcer sa volonté d’être “un garçon”. En armure, elle va mener les troupes de Saneyori et montrer un sens stratégique extraordinaire.
    En parallèle, la mangaka suit le destin du futur grand rival de Kenshin, un peu plus âgé qu’elle et très fin stratège aussi, Takeda Shingen. La thèse d’un Kenshin féminin continue à être solidement étayée par Akiko Higashimura, notamment par le fait que Kenshin selon l’Histoire eut ses entrées au vu et au su de tous dans les appartements privés des femmes et filles des grands seigneurs y compris le shôgun, chose impensable s’il avait été un homme (et toujours resté célibataire de surcroît !).
    Dans ce volume on en apprend beaucoup sur l’ère Sengoku et la complexité de son système féodal si bizarrement analogue à celui de l’Europe médiévale. Alors que la Chine et les autres royaumes orientaux n’ont pas du tout la même histoire que l’Europe, celle du Japon semble parallèle, y compris par la période moderne.
    Le dessin est superbe, ainsi que les yeux de Tora-Kenshin et sa belle armure.
    On sourit beaucoup des bas de pages où Higashimura narre les aléas de son travail, et où au début elle accueille avec des larmes plein les yeux un lecteur virtuel et lui remet une récompense pour avoir lu son manga jusqu’au 2e tome ! Elle raconte aussi que pour se motiver elle boit du saké “Kenshin”, car “nous autres mangakas on n’est pas compliqués”.
    J’adore ces apartés et postfaces pleins d’humour et autodérision des mangakas, si peu usités par les auteurs de BD occidentaux : orgueil ? crainte envers l’éditeur ? va savoir.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #509783

    Je tiens à applaudir à nouveau Le Tigre des Neiges, arrivé chez nous au tome 4.
    Notre battante Kagetora a atteint 18 ans, après déjà une brillante carrière de stratège et chef de guerre, ayant remporté trois batailles depuis ses 15 ans, et donc sauvé le territoire du clan de son père, Nagao.
    Le manga très documenté révèle de nombreux aspects de la pleine période Sengoku (1540 / 1570, sorte de “Guerre de Trente Ans”du Japon”) et dans ses comiques apartés de bas de page la mangaka s’irrite d’ailleurs des gens qui au Japon même ne connaissent en Histoire que l’ère Edo, très différente. On apprend maints détails, comme le fait que les adolescentes ainsi que notre future Kenshin pour masquer les saignements des règles usaient de l’introduction de cocons de vers à soie ! Akiko Higashimura montre aussi par l’intégration au château du jeune messager et de sa soeur cet effet d’ascenseur social des guerres qu’on ne doit jamais oublier.
    Les touches d’humour, nombreuses, balancent la gravité du récit de ces conflits.
    Le destin de Kenshin sera de guerroyer bien souvent contre le seigneur Takeda Shingen, à peine plus âgé qu’elle et assoiffé de conquêtes. Tout à fait par hasard les deux jeunes maîtres de clan se croisent dans un bain en plein air, ignorant leur identité respective, Takeda ébloui par cette très jolie fille nue, Kenshin furieuse de ses avances !
    Très intéressant manga, fin de psychologie et sans ennui aucun !!

    Benjamin
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    benjamin le #516234

    petit remontage de topic pour vous annoncer que le tigre des neiges a recu le Prix bd Jeunes Adultes aux festival d’angouleme felicitations !!!!

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #516390

    Le Festival d’Angoulême vient en effet de découvrir (en 2019) le manga “Maison Ikkoku”, au bout de … 25 ans ? (à vérifier) et d’accorder par conséquent le Grand Prix de l’an dernier à Rumiko Takahashi !!! On croit rêver, quand on connaît les choix habituels de cette bande de post-soixante-huitards qui ignoraient ce qu’était une femme jusqu’à ce que Riad Sattouf leur impose de s’en occuper par chantage au jury…
    Le Tigre des Neiges est comme je le signale ici un excellent manga, actuel, par une femme. Ce changement sera t-il vraiment durable ? L’avenir nous le dira.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #517282

    Le Tigre des Neiges t. 5 est paru ici, par les temps qui courent il faut le commander en ligne…
    Notre héroïne Nagao Kagetora, alias Tora “le Tigre”, alias Kenshin, mène une vie plus paisible dans ce volume, occupée à la mise en valeur de son fief Echigo. A part tout de même qu’elle décide de perdre sa virginité, mais d’une façon plutôt autoritaire ; elle considère que cela lui permettra de surmonter son effarouchement envers les hommes. En fait le récit suit plutôt Takeda Harunobu, plus tard Shingen, grand adversaire de Kenshin, aux airs un peu rêveurs mais en fait très cruel chef de clan. Les complexes conflits et assauts entre petits seigneurs de la guerre sont finement décrits. Tora a sorti de leur basse condition trois individus, un solide garde du corps, une jeune servante qui la coiffe et le jeune frère de celle-ci, Shiro, garçon un peu efféminé destiné à servir à Tora de doublure, de “kagemusha” (cf. le film de Kurosawa). Je me répète mais notre auteure décrit ici une loi politiquement très incorrecte et pourtant maintes fois vérifiée dans l’Histoire : les périodes de guerre sont de puissants ascenseurs sociaux pour d’excellents cerveaux absolument pas faits pour de longues études ; périodes aussi de très rapides progrès techniques dans tous les domaines, mais ça non plus on ne doit pas l’enseigner aux jeunes.
    Le dessin rend à merveille certains paysages, mais aussi et surtout la beauté farouche de Tora, notamment par ses yeux superbes. En revanche dans le bonus de fin Akiko Higashimura s’est caricaturée elle-même en imitant le style de Schulz dans “Peanuts” !!

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #519294

    Comme le clame le Tweet affiché ici par Animeland, “Le Tigre des Neiges” est une des meilleures oeuvres disponibles en manga !
    On attend avec impatience le tome 6 !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #519383

    Renseignement pris, ce tome 6 ne paraîtra ici que le 3 septembre, c’est long… Au Japon le manga s’est achevé au tome 9 en avril, très applaudi.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #525238

    J’ai enfin comblé mon retard sur l’épopée de Kenshin, Le Tigre des Neiges tome 6 et tome 7, parus il y a un mois. Toujours avec beaucoup de drôlerie et d’abattage, Akiko Higashimura se met en scène elle-même et introduit le tome 6 en criant sur son public virtuel et lui rappelant l’identité de chaque personnage, qui ont tous existé mais sur qui on ne sait souvent rien, ce qui la rend libre : “L’important c’est d’y croire !!” gueule t-elle. Ici, mention spéciale à Shôsuke, un gamin précédemment missionné pour empoisonner Harukage, frère aîné de Tora, mais devenu le serviteur totalement dévoué de celui-ci. Beaucoup d’émotion justement autour de l’aimable, doux et souffreteux grand frère… Le sinistre Takeda Shingen se prépare à anéantir Tora, sans savoir qu’elle est une femme (mais il commence à le soupçonner, malgré le leurre de la doublure Shiro). Bien documentée sur la période Sengoku (vers 1550), Higashimura nous montre non pas les fameux et superbes châteaux des environs de 1600, comme celui du Héron Blanc à Himeji ou celui de la Corneille Noire à Okayama, mais les rustiques “forteresses” (yashiki) de palissades de bois où vivaient dans une grande frugalité ces seigneurs combattants. Comme le volume 7 décrit la première des deux “batailles de Kawanakajima”, célèbre pour les Japonais mais essentiellement complexe jeu stratégique avec peu de combats, la mangaka se désole dans ses apartés (“perte de 50% de lecteurs !!”). Et comme en Europe à l’époque, on stoppait la guerre avant l’automne car les soldats, paysans en temps de paix, retournaient au village pour les moissons, seules sources de richesse pour eux comme pour les seigneurs.

    Le bonus de fin, toujours amusant, où la mangaka se raconte, nous apprend qu’aux vacances d’été elle doit s’occuper de son fils écolier mais que pour cette fois elle part en repérage sur les sites des combats de Kenshin, avec des collaborateurs de sa boîte éditoriale. Pas de mari, père du gamin, en vue : elle semble donc divorcée, ce qui n’a rien d’étonnant pour une femme à très forte personnalité comme elle ! Le divorce par volonté féminine fut toujours admis au Japon ;  il faut avouer que de nos jours c’est devenu si répandu que plutôt problématique. Comme dans tous les pays modernes.

     

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