Alita Battle Angel
Réalisation: Robert Rodriguez
Yupa, Sharbett, Nael et moi même nous sommes donc allé voir Alita Battle Angel l’adaptation cinématographique du manga culte de Yukito Kishiro: Gunmm que je considère personnellement comme un chef d’oeuvre du 9e art ainsi qu’un monument du cyberpunk.
Alors qu’en est il de cette adaptation aussi attendue que redoutée ?
Et bien personnellement j’ai beaucoup aimé et je suis ressorti satisfait de la salle 🙂 .
Le film ne transcende pas l’oeuvre originale (qui a mit la barre tellement haut qu’elle est indétrônable) mais elle ne la galvaude pas du tout fort heureusement.
On va tout de suite commencer par le point fort, l’atout majeur du long métrage, l’élément le plus important que l’équipe a réussi avec brio: Gally.
Notre chère héroïne est formidablement bien caractérisée et elle est aussi attachante et touchante que dans le manga.
Si au début du récit, elle est candide et naïve, comme une enfant innocente découvrant le monde, nous la voyons petit à petit prendre de l’assurance, elle a de plus en plus confiance en elle, et on retrouve son intelligence brillante, sa sensibilité exacerbée ainsi que son bagou, son audace et son humour quelquefois sarcastique.
Rosa Salazar est tout bonnement brillante dans le rôle et quant aux “gros yeux”, on s’y fait au bout de deux minutes.
La plupart des acteurs ne sont pas en reste: Christoph Waltz est irréprochable dans le rôle du docteur Ido, l’éminent scientifique ayant trouvé Gally dans la décharge, qui lui a sauvé la vie et est devenu son père adoptif. Son caractère a été respecté, on retrouve sa personnalité nuancé: d’un côté c’est un scientifique gentil, intelligent, attentionnée envers sa “fille” et ses patients, et d’un autre côté, on retrouve sa facette plus sombre où il éprouve un certain plaisir morbide à trucider des criminels via son activité de chasseur de primes.
D’ailleurs, tout comme dans le manga, tout laisse supposer qu’il est un serial killer qui détruit des cyborgs pour “améliorer” la morphologie de Gally et cette dernière est terrifiée à l’idée qu’il soit un fou meurtrier et veux l’empêcher de commettre le pire.
Certaines scènes semblent réellement tirées des cases du manga et celles ci nous reviennent en mémoire, plus puissantes que jamais…
Zappan le chasseur de primes qui deviendra plus tard un ennemi mortel de notre héroïne est là aussi fidèlement adapté: c’est un homme arriviste, cruel, cynique et absolument sans pitié. Ses interactions avec Gally sont assez savoureuses. Ed Skrein livre une prestation très convaincante.
Je suis en revanche plus dubitatif sur le traitement de Vector.
L’interprétation de Mahershamad Ali n’est pas à remettre en cause: il est absolument exemplaire dans le rôle, il insuffle beaucoup de prestance et de classe à Vector et on retrouve le caractère magouilleur et manipulateur de cet escroc en tout point odieux.
Je déplore seulement
Spoiler
qu’il ne soit qu’un pantin du professeur Desty Nova
[collapse]
.
Le monstrueux et terrifiant Makaku, cet être difforme et colossal qui dévorait des cerveaux pour se sustenter mais qui parvenait à nous émouvoir via son passé pathétique et tragique n’a ici pas la même profondeur. Il a été rebaptisé sous le nom de Grewhiska et, si il n’est pas aussi creux que le monstre insipide des OAVs, il n’a pas non plus la même consistance que celle du personnage original. Il n’est heureusement pas non plus un personnage caricatural et constituera un antagoniste de taille pour notre valeureuse cyborg.
Le film adapte trois story arcs majeurs du manga: le cycle de Makaku, la rencontre et la romance entre Gally et Yugo et le Motorball.
Le scénario est intelligemment construit et les ramifications entre ces trois récits capitaux dans la vie de Gally sont cohérentes au sein du long métrage.
Le Motorball par exemple n’est pas introduit comme un cheveu sur la soupe: le gagnant de ce sport peut toucher une récompense mirobolante qui lui permettrait d’aller sur Zalem, l’Eden visée par Yugo, le jeune homme dont Gally est amoureuse.
Parmi les autres qualités du film, on fera bien des éloges sur les scènes d’action visuellement époustouflantes et qui sont spectaculaires, lisibles et très efficaces.
Au sujet des défauts du film: et bien il n’est pas aussi viscéral que le manga.
De plus, si le film a réussi souvent à m’émouvoir, il n’a pas réussi à me toucher autant que le manga. Plusieurs passages de l’oeuvre originale m’avaient absolument bouleversé dans l’oeuvre d’origine et mit mon coeur en lambeaux tellement l’histoire m’avait “pris aux tripes”, alors qu’ici, les mêmes scènes, bien que très tristes, n’ont pas le même impact émotionnel.
Et puis, comme me l’avait dit Yupa, l’intrigue n’a pas la même richesse et profondeur narrative que la BD, même si elle est globalement bien construite.
Enfin, la décharge (rebaptisé “Iron City”) n’est pas aussi sordide et poisseuse que celle de la BD: elle ressemble davantage à un bidonville où il fait parfois bon vivre, même si la cité ne ressemble pas non plus à un eldorado…
En définitive, Alita Battle Angel est un très bon film, visuellement splendide, divertissant et intelligent.
Il ne sublime pas Gunnm mais ne traîne pas du tout dans la fange ce joyau de la bande dessinée mondiale.
Je vous conseille de le voir au cinéma, pour l’apprécier dans des conditions optimales.