L’Oxalis et l’Or, t. 1 est un manga que nous propose Glénat avec un bandeau citant Satoru Noda, l’auteur de Golden Kamui : “Encourageons cet auteur qui crée une oeuvre novatrice basée dur des recherches historiques !”
Je l’ai bien sûr acheté et en reparlerai dès que lu.
Il s’agit de la fameuse Ruée vers l’or et vers la Californie en 1848 / 1849, un vrai séisme mondial ; simultanément, une terrible famine ravageait l’Irlande, où une jeune fille noble mais ruinée décide avec son tout jeune serviteur de risquer sa chance en Amérique, comme des millions de gens firent alors : on se doute que ce ne sera pas une équipée de tout repos !!
Au temps pour moi, la jeune Amelia n’est pas noble, c’est une fermière orpheline de 14 ans expulsée par le propriétaire des terres ; ceux-ci, généralement anglais, chassaient les Irlandais incapables de payer le fermage, le mildiou ayant ravagé leurs récoltes ainsi que les pommes de terre dont ils se nourrissaient, d’où la famine. Conor, un grand gaillard, est le fidèle valet d’Amelia parce que depuis des générations sa famille est au service de celle d’Amelia (coutume courante dans les anciennes régions rurales). La très jeune “patronne” et le valet n’ont qu’une idée : gagner la Californie, où en 1848 on a découvert de très riches filons d’or, et Amelia a décrété que tous deux deviendront non pas prospères mais riches à millions ! Ils réussissent à payer le billet pour New-York, dans un voilier car les navires à vapeur étaient encore rares en 1849 : le voyage est d’un mois et demi, dans des conditions lamentables pour les émigrants miséreux comme eux, il faut oublier les paquebots de 1920 / 1930 qui mettaient moins d’une semaine… A New-York il faut aussi oublier la Statue de la Liberté, érigée 40 ans plus tard, et les gratte-ciel : c’est juste un grand port très dense, aux maisons basses, ce qui n’empêche pas l’émerveillement d’Amelia et Conor, qui n’ont jamais vu une si énorme ville. Logés d’abord dans un dortoir pour les pauvres, ils n’échappent pas aux risques des rues dominées par des gangs, dont certains “cassent de l’Irlandais” (voir le film “Gangs de New-York” qui reflète la même brutale époque.
Tout cela est très bien documenté, bien mené aussi, et malgré une ambiance qui n’a rien de rose, l’auteur nous rend très sympathiques les deux courageux héros : Amelia, pétulante, passionnée et très attachée à son “bon chien-chien” Conor, et celui-ci, totalement dévoué à l’adolescente. Quelques touches légères d’humour évitent le misérabilisme. Pas étonnant que L’Oxalis et l’Or ait plu à Satoru Noda (“Golden Kamui”). La suite, la suite !
Et l’Oxalis, alors, c’est quoi ? c’est l’emblème de l’Irlande ! à savoir une petite herbe à trois feuilles qui ressemble au trèfle mais qui n’est pas en fait le véritable trèfle.