Les manga culturels

20 sujets de 241 à 260 (sur un total de 379)

Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #520063

    Ceci dit, je trouve que le manga reste intéressant, malgré certains aspects répétitifs. Le fait que Ken ait pu, à un moment, changer les événements historiques fait qu’on s’interroge sur la suite, d’autant plus qu’on n’est plus qu’à 4 ans de la mort attendue de Nobunaga ; les personnages historiques représentés, qu’en tant qu’occidental je connais assez peu, sont également intéressants et charismatiques, qu’ils soient détestables ou sympathiques. Cela maintient mon intérêt.

    Bien d’accord, Cyril, c’est un des grands intérêts de la série ! Sur le caractère très différent des trois grands “Taîkun” comme on les appelle, il y a une illustration légendaire : on leur offre un rossignol au chant divin, mais il ne veut pas chanter.
    Oda Nobunaga : “Chante, ou bien je te tue.”
    Toyotomi Hideyoshi : “Chante, et je te donnerai du grain.”
    Ieyasu Tokugawa : “Je vais simplement attendre que tu chantes.”

    Ce dernier est peut-être un peu trop cool dans Le Chef de Nobunaga. Même s’il brillait par la patience et l’art d’avancer en arrière-plan, il ne s’embarrassait pas de scrupules et décida au final d’écraser le jeune fils Toyotomi et sa mère, à qui il avait juré fidélité !
    Ravi moi aussi de ton retour, estimé Cyril !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #520409

    En voilà un de manga culturel !!!
    Dans les pas de Nietzsche, classé en shojo (si l’on veut) par Soleil nous est arrivé. C’est l’adaptation de son propre roman par Mariru Harada, et elle s’est donc associée à deux dessinateurs pour cette version.
    A Kyôto, la jeune Arisa Kojima, en terminale, découvre que le garçon avec lequel elle était censée sortir s’est lié à une autre fille. Elle vit seule, travaille le soir (arbeito) comme beaucoup de jeunes pour payer son petit studio. Larguée et déprimée, elle se rend à un temple shinto, célèbre “pour y oublier l’amour” : on y passe à genoux à travers un petit tunnel creusé dans un rocher en dôme, en faisant un souhait (pour l’anecdote j’y suis allé avec une amie japonaise mais ne sais plus si j’ai souhaité qqch). Arisa opère la traversée (faut pas être obèse !) en souhaitant “changer, renaître”, “devenir quelqu’un d’autre”. Or un fort beau jeune homme à lunettes l’arrête dans une allée le même soir et déclare être le philosophe Nietzsche réincarné, qui a perçu son appel. Il lui promet donc de faire d’elle un “surhomme” (évidemment, le fameux surhomme nietzschéen n’a presque rien à voir avec la définition pervertie qu’en firent les nazis, malheureusement il faut bien avouer que la sévère critique du philosophe envers la pitié et la culpabilité comme inconscientes soumissions à un Dieu “mort” les aidait. Mais grand dénonciateur de l’Etat et antiraciste, Nietzsche à coup sûr n’aurait jamais accepté le Troisième Reich).
    Le manga est très drôle, car le comportement décalé du philosophe du 19e siècle est sans-gêne, voire rude avec son élève Arisa. Il trouve très normal de s’installer chez elle et de prendre son lit. Elle doit dormir dans le placard sur un futon, et lui faire la cuisine !
    Puis ils rencontrent un bellâtre encore plus canon que Nietzsche : c’est Kierkegaard, lui aussi réincarné, un croyant lui, mais par pur choix subjectif hors de la morale de ce séducteur célèbre, donc les deux philosophes débattent mais ne s’entendent pas si mal.
    Les mimiques d’Arisa souvent stupéfaite mais ébranlée sont assez hilarantes et naturelles ; le manga vulgarise avec une bonne fidélité les doctrines philosophiques authentiques, on voit que Mariru Harada les connaît parfaitement !
    A lire en France, pays nul en philo comparé au Japon. Un de nos plus grands philosophes, Bergson, relégué aux fonds de tiroirs de terminale ici, est une star là-bas !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #521141

    Arte tome 10 : la pétulante et charmante peintre Arte nous revient enfin !
    Elle s’est réinstallée dans sa ville natale, Florence, et habite toujours son “pigeonnier” sur le toit de Léo. Elle a été missionnée au tome 9 par le cardinal Silvio pour portraiturer une jeune aristocrate, dame Irene, en réalité pour l’espionner selon les ordres du cardinal. En fait dame Irene est Catarina, la fille de la reine de Castille (appelée Jeanne la Folle) et la soeur du futur Charles Quint. Les deux jeunes filles sympathisent, malgré l’opposition d’Azucena, la dame de compagnie ; Arte n’aime guère son rôle et met toute sa passion et un point d’honneur à réussir un superbe portrait d’Irene / Catarina, laquelle pourtant s’intéresse peu à la peinture et davantage à l’attachante personnalité d’Arte. Pendant ce temps celle-ci est toujours amoureuse de Léo mais ni elle ni même Kei Ohkubo ne semblent savoir quoi faire de cela. Tant mieux à mon avis, je me fiche pas mal d’en apprendre sur ses futures nuits chaudes avec son maître, ce qui m’intéresse c’est de voir Arte réussir comme femme-peintre ! Et l’on ne s’ennuie pas dans ce tome avec les affres de créatrice de notre jeune artiste…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 ans et 7 mois par Lord-Yupa Lord Yupa.
    Xanatos
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    Xanatos le #521143

    Ah super, je suis content que ce tome 10 de Arte se soit montré à la hauteur de tes espérances mon cher Yupa ! 😀

    Bon, je vais m’empresser de le commander dare dare sur le site de la Fnac avec les tomes 18 et 19 de Golden Kamui par la même occasion !

    Avec un peu de chances, ils arriveront avant ce week end, mais une fois que je les aurai reçu, priorité à Arte ! 😀

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #521225

    Goodbye my rose garden, tome 1 :
    Ce tout récent manga (2019) mérite place ici car il se déroule dans le Londres 1900, ambiance fin d’époque victorienne donc. De plus, c’est la petite équipe éditoriale Komikku qui le lance ici, et je tiens à les soutenir car longtemps un fidèle et bavard habitué dans leur défunte boutique à Paris.
    L’histoire fait fortement penser à Emma, et plus encore à Shirley, car elle est centrée sur la très jeune domestique d’une aristocrate ravissante mais célibataire. La petite Hanako a appris l’anglais au Japon et développé une passion pour les livres, notamment les romans de Victor Franks ; elle débarque chez son éditeur à Londres dans l’espoir de le rencontrer et de lui faire lire le roman qu’elle a écrit. Elle se fait jeter, effondrée sur les marches du perron, mais Mademoiselle Alice la prend en pitié en la trouvant là. Elle lui propose le gîte et le poste de femme de chambre dans sa vaste demeure. Fiancée à un jeune comte qui l’aime, Alice ne semble pourtant pas l’aimer et vivre un drame. Hanako voue bientôt une adoration sans borne à Alice et lui apporte son soutien, tout en apprenant les “étranges” moeurs anglaises. Un secret rôde…
    Le dessin est élégant, les minois charmants et l’auteur, un certain Dr. pepperco, est un grand fan de robes victoriennes et de tenues de soubrettes ; le récit est bien construit ; petit point faible : les rues de Londres et architectures sont assez peu détaillées, ainsi que les fiacres, d’ailleurs en 1900 on devrait déjà apercevoir quelques automobiles. La postface de l’auteur, très motivé, est amusante. Un manga qui vaut le détour !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #521558

    Toujours chez Komikku (soutenez-les !), voici enfin le tome 2 de Les Fleurs de la Mer Egée, manga historique dont j’ai parlé ici p. 12.
    La plus importante qualité de cette oeuvre est le grand soin apporté à la documentation historique et géographique, laquelle se renforce de pages-bonus didactiques “Comment ? Quoi ? Explique-nous Lisa !” En tant que narration en revanche, il ne s’agit guère que du voyage touristique de nos deux héroïnes Lisa et Olha, rejointes par une petite orpheline crétoise, Tyuva au sens pratique déjà très exercé car interface entre marchands, voyageurs et ports méditerranéens. Après Venise et Split, on visite Raguse, Kotor, Corfou et la Crète. On a droit aux repas en chaque lieu avec détails sur les plats et la cuisine du lieu, et ce qu’il en demeure de nos jours : il est évident que l’auteur, Akame Hinoshita, s’est fait payer le voyage par son éditeur ! Lisa la brunette et héroïne principale reste plutôt primesautière et rentre-dedans, Olha la blonde toujours plus calme et admirative de Lisa. Un jeune capitaine de navire vénitien, Lorenzo, joue un rôle protecteur, rémunéré par contrat : le récit ne perd pas de vue les aspects financiers. En revanche il est curieux qu’au contraire de nombre de mangas qui ne l’esquivent pas, il évacue toute trivialité réaliste (les toilettes, les bains, les règles). Nulle allusion au sexe non plus, à part à Venise, pendant des siècles haut lieu de la prostitution. Olha s’est retrouvée en Italie parce que son père en Crimée a arrangé de loin son mariage avec le fils d’un vieil ami génois ; or le temps qu’elle arrive à Gênes (et ça fait une trotte !) le jeune homme a été assassiné : Olha est donc une jeune veuve vierge ! Lisa, elle, à 16 ans a déjà repoussé deux prétendants au mariage, au mécontentement de sa famille, et préfère fuir avec Olha pour l’aider à retrouver sa petite soeur, mais aussi pour découvrir le monde dans le but de devenir marchande : assez peu réaliste au 15e siècle pour une fille noble. Celles-ci ne pouvaient guère choisir leur mari ou leur destin, en fait les filles du peuple jouissaient souvent d’une liberté plus grande, contrairement aux idées reçues.
    Ce manga est très instructif, même si l’intrigue manque de sel et si les décors urbains paraissent très simplifiés hors quelques monuments. Il se terminera au tome 3 et de fait il ne tiendrait pas plus longtemps à moins de lancer une vraie problématique. Mérite l’intérêt de tout amateur/trice d’Histoire (et de cuisine !).

    Veggie11
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    Veggie11 le #521606

    Isabella Bird tome 6

    Isabella Bird, femme exploratrice Vol. 6

    Sorti 1 an et demi après le précédent tome (mais la parution au Japon est également lente), ce 6e tome s’inscrit dans la lignée de la série. Ici deux thèmes principaux sont mis en scène : tout d’abord la médecine occidentale opposée à la médecine traditionnelle chinoise du précédent tome, avec notamment pas mal de cases consacrées au béribéri, maladie due à une carence en vitamines. Le manga explique d’ailleurs que cette maladie a atteint tout le Japon depuis que le riz blanc, en opposition au riz complet traditionnel, s’est également implanté dans les campagnes alors qu’avant, seule la métropole (et surtout les riches) en consommaient. En deuxième partie, l’héroïne est confrontée à un gigantesque incendie qui lui permettra de découvrir la gestion d’un tel événement au Japon, la sérénité de la population après le drame et quelques coutumes locales qui ne manqueront pas de la perturber. On découvre aussi en parallèle la fabrication traditionnelle du papier japonais et Isabella ne manque pas de constater à quel point le papier occidental s’est fragilisé depuis qu’il est produit industriellement.

    Vivement la suite !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #521715

    Merci pour l’annonce, Veggie, longtemps en effet que j’attendais de suivre Isabella dans son équipée ! Me suis précipité sur ce tome 6, et j’en dirai un mot dès que tout lu ; quoique tu aies déjà signalé le principal sans pour autant spoiler. Je ne sais pas si Isabella arrivera à Akita pour le célèbre festival des mâts à lanternes portés à bout de bras (c’est en août, j’y ai assisté, et réussi à porter un mât !). Passionnantes moeurs du vieux Japon, et dessin de bien meilleure qualité qu’au début.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #521843

    Oui, très bien ce tome 6 d’Isabella Bird ! Je crois savoir que vers 1860 / 1870, la France, alliée au Shôgun a envoyé au Japon des officiers instructeurs pour son armée : ils révélèrent aux autorités japonaises qui pour “nourrir bien” leurs soldats leur donnaient du riz blanc que cela répandait le béri-béri dans les troupes… Après 1871, le Japon préféra les instructeurs de l’armée allemande, qui venait d’infliger une dérouillée grandiose à l’armée française. De plus dans la Guerre de Bôshin (1868/89), la France avait choisi le Shôgun, alors que l’Angleterre bien plus réaliste avait pactisé avec l’Empereur, d’où jusqu’en 1914 d’assez froides relations franco-japonaises, sauf sur le plan artistique.
    L’Oxalis et l’Or, t. 1 est un manga que nous propose Glénat avec un bandeau citant Satoru Noda, l’auteur de Golden Kamui : “Encourageons cet auteur qui crée une oeuvre novatrice basée dur des recherches historiques !”
    Je l’ai bien sûr acheté et en reparlerai dès que lu.
    Il s’agit de la fameuse Ruée vers l’or et vers la Californie en 1848 / 1849, un vrai séisme mondial ; simultanément, une terrible famine ravageait l’Irlande, où une jeune fille noble mais ruinée décide avec son tout jeune serviteur de risquer sa chance en Amérique, comme des millions de gens firent alors : on se doute que ce ne sera pas une équipée de tout repos !!

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #522125

    L’Oxalis et l’Or, t. 1 est un manga que nous propose Glénat avec un bandeau citant Satoru Noda, l’auteur de Golden Kamui : “Encourageons cet auteur qui crée une oeuvre novatrice basée dur des recherches historiques !”
    Je l’ai bien sûr acheté et en reparlerai dès que lu.
    Il s’agit de la fameuse Ruée vers l’or et vers la Californie en 1848 / 1849, un vrai séisme mondial ; simultanément, une terrible famine ravageait l’Irlande, où une jeune fille noble mais ruinée décide avec son tout jeune serviteur de risquer sa chance en Amérique, comme des millions de gens firent alors : on se doute que ce ne sera pas une équipée de tout repos !!

    Au temps pour moi, la jeune Amelia n’est pas noble, c’est une fermière orpheline de 14 ans expulsée par le propriétaire des terres ; ceux-ci, généralement anglais, chassaient les Irlandais incapables de payer le fermage, le mildiou ayant ravagé leurs récoltes ainsi que les pommes de terre dont ils se nourrissaient, d’où la famine. Conor, un grand gaillard, est le fidèle valet d’Amelia parce que depuis des générations sa famille est au service de celle d’Amelia (coutume courante dans les anciennes régions rurales). La très jeune “patronne” et le valet n’ont qu’une idée : gagner la Californie, où en 1848 on a découvert de très riches filons d’or, et Amelia a décrété que tous deux deviendront non pas prospères mais riches à millions ! Ils réussissent à payer le billet pour New-York, dans un voilier car les navires à vapeur étaient encore rares en 1849 : le voyage est d’un mois et demi, dans des conditions lamentables pour les émigrants miséreux comme eux, il faut oublier les paquebots de 1920 / 1930 qui mettaient moins d’une semaine… A New-York il faut aussi oublier la Statue de la Liberté, érigée 40 ans plus tard, et les gratte-ciel : c’est juste un grand port très dense, aux maisons basses, ce qui n’empêche pas l’émerveillement d’Amelia et Conor, qui n’ont jamais vu une si énorme ville. Logés d’abord dans un dortoir pour les pauvres, ils n’échappent pas aux risques des rues dominées par des gangs, dont certains “cassent de l’Irlandais” (voir le film “Gangs de New-York” qui reflète la même brutale époque.
    Tout cela est très bien documenté, bien mené aussi, et malgré une ambiance qui n’a rien de rose, l’auteur nous rend très sympathiques les deux courageux héros : Amelia, pétulante, passionnée et très attachée à son “bon chien-chien” Conor, et celui-ci, totalement dévoué à l’adolescente. Quelques touches légères d’humour évitent le misérabilisme. Pas étonnant que L’Oxalis et l’Or ait plu à Satoru Noda (“Golden Kamui”). La suite, la suite !
    Et l’Oxalis, alors, c’est quoi ? c’est l’emblème de l’Irlande ! à savoir une petite herbe à trois feuilles qui ressemble au trèfle mais qui n’est pas en fait le véritable trèfle.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #522556

    Dans les pas de Nietzsche : le tome 2 est paru.

    A Kyôto, que le manga a la bonne idée de montrer un peu, la jeune Arisa continue à suivre les préceptes de son mentor Nietzsche, non sans éprouver une certaine jalousie quand surgit en personne le grand amour (platonique) du philosophe, Lou Salomé en superbe motarde à moulante tenue cuir ! Entretemps Kierkegaard se ridiculise dans un café en démontrant par une crise de nerfs que l’angoisse est intimement liée à la liberté, puisque chaque choix libre, par exemple un sorbet en dessert, revient à en écarter beaucoup d’autres, un gâteau ou une glace, donc à perdre une foule d’options ! Et il panique alors !
    Avec sa cousine Risa un peu plus âgée, Arisa ensuite se rend dans un établissement tenu par… Schopenhauer, et où se trouve aussi le bellâtre séducteur Wagner. Le célèbre misogyne Schopenhauer, un type mûr et sévère lui, rappelle sèchement aux deux jeunes filles que la vie est une m..e puisqu’elle oscille entre la souffrance frustrée tant qu’on n’a pas ce qu’on veut, et l’ennui qui souligne fatalement de son vide effrayant la fin de la frustration. Cet électrochoc cependant fait grand bien à Risa, qui en oublie un déboire qu’elle subit.
    Puis Arisa rencontre sa copine Shimono qui lui présente son boyfriend assez âgé, Sartre (lequel appelle Shimono “Beaver”, “Castor” donc, comme Simone de Beauvoir !). En fait Sartre ne développe ici que sa prestigieuse période existentialiste, car après 1950 il a tout simplement émargé au communisme du “génial camarade Staline”, puis après d’abondantes larmes lors de sa mort, à celui du “génial camarade Mao”.
    Vraie culture, mais aussi humour dans ce curieux manga, même si le scénario abuse des cafés où l’on palabre !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #522910

    La Lanterne de Nyx, tome 5, est paru peu avant le reconfinement.
    Kan Takahama pour suit son exploration brillamment documentée du choc culturel entre le Japon et la France fin 19e siècle, et ce volume est surtout consacré à Miyo et à son arrivée à Paris : elle a été recrutée par le directeur de la Kiryu Kosho Kaisha, associé désormais à son ex-rivale, la maison Vingt. Que ce soit lui ou Momotoshi et son ami Victor, ils sont abasourdis de s’apercevoir que le célèbre Goncourt et ses amis, raffinés amateurs d’art leur réclament à prix d’or des estampes japonaises ukiyo-e de Hokusaï, Hiroshige, Utamaro etc., lesquelles ne valent rien dans le Japon Meiji et servent de papier d’emballage. C’est tout à fait authentique : pour les Japonais, cet “artisanat” reproductible par planches n’avait pas du tout valeur d’art, et ils n’estimaient “artistes” que des peintres à oeuvres uniques presque tous oubliés de nos jours car sans originalité. On peut comparer à ce que valait en 1960 une planche d’origine d’Uderzo ou de Morris comparée à un bout de nappe de restaurant griffonné par Picasso… Cela commence à s’inverser en salles d’enchères !
    En parlant de prix, le manga p. 151 mentionne un coquet dédommagement versé à Momotoshi de… 50 yens ! Une note nous l’indique, c’est à l’époque environ 1700 euros. Le yen n’ayant jamais été réévalué au fil des décennies, 50 yens permettent aujourd’hui d’acheter un unique bonbon dans une confiserie !
    A part cela, les personnages sont bien campés, variés et interagissant dans un Paris 1880 bien reconstitué. Un manga remarquablement maîtrisé, à lire !!

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523364

    La Lanterne de Nyx nous montre Miyo, qui n’est qu’une ado, boire du vin à Paris au cours d’un repas : étourdie, elle s’endort aussitôt ! Kan Takahama nous révèle alors “les lois de l’époque sur l’alcool”. Au Japon, le code civil Meiji ne fixe un âge limite d’autorisation (à 20 ans) qu’en 1896, et c’est toujours en vigueur. Mais le Japon antérieur admettait traditionnellement qu’autour de 15 ans on pouvait boire de l’alcool, garçons ou filles. Quant à la France, en 1879 aucune législation n’existait (toutefois on ne buvait presque rien d’autre que du vin qui titrait à 8 degrés), et la page 163 nous le révèle, jusqu’en 2009 on pouvait boire de l’alcool dès 16 ans à condition que ce soit à la maison. Maintenant, c’est seulement à 18 ans.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523367

    Peut-être grâce au confinement, qui a donné du temps aux traducteurs et adaptateurs, un certain nombre de mangas culturels sont disponibles dans nos librairies, qui sont désormais ouvertes (aidez-les !) :
    Arte 11
    L’Oxalis et l’Or 2
    Les Fleurs de la Mer Egée 3
    Good Bye my rose garden 2
    Le Tigre des Neiges 6

    Pour Isabella Bird 7, c’est très bientôt, pour le 3 décembre.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523475

    Arte 11
    L’Oxalis et l’Or 2
    Les Fleurs de la Mer Egée 3
    Good Bye my rose garden 2
    Le Tigre des Neiges 6
    Isabella Bird 7

    Le tome 3 et final “Les Fleurs de la Mer Egée” est plutôt décevant, je ne peux pas en recommander la lecture. C’est très “moe”, centré sur deux adolescentes et deux gamines voyageuses qui sont là pour charmer les lecteurs par leur innocence et leur joli minois, au détriment d’une certaine vraisemblance en 1458 dans la zone instable entre empire ottoman et ultimes possessions de Venise en Mer Egée : on en vient à ne rien comprendre à l’intrigue dans ce volume, et les détails sur les spécialités culinaires viennent… comme un cheveu sur la soupe !
    En revanche, le tome 2 de “Good bye my rose garden” est bien mené, avec analyse assez fine des psychologies.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523476

    Arte 11
    L’Oxalis et l’Or 2
    Les Fleurs de la Mer Egée 3
    Good Bye my rose garden 2
    Le Tigre des Neiges 6
    Isabella Bird 7

    Le tome 3 et final “Les Fleurs de la Mer Egée” est plutôt décevant, je ne peux pas en recommander la lecture. C’est très “moe”, centré sur deux adolescentes et deux gamines voyageuses qui sont là pour charmer les lecteurs par leur innocence et leur joli minois, au détriment d’une certaine vraisemblance en 1458 dans la zone instable entre empire ottoman et ultimes possessions de Venise en Mer Egée : on en vient à ne rien comprendre à l’intrigue dans ce volume, et les détails sur les spécialités culinaires viennent… comme un cheveu sur la soupe !
    En revanche, le tome 2 de “Good bye my rose garden” est bien mené, avec analyse assez fine des psychologies.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523616

    Tiens, je n’avais pas remarqué que mon précédent post s’était affiché en double !

    Arte 11 :
    On y retrouve un personnage du tome 2, Nanna, une prostituée abîmée par sa déchéance, laquelle est due à son amour pour un escroc, voleur de tous ses biens et totalement indifférent à sa chute sociale. Veronica la courtisane de haut vol qui s’en est bien sortie l’avait fait connaître à Arte pour détourner celle-ci de tomber amoureuse. Mais dans ce tome Carolina en la rencontrant développe la thèse inverse : “quoi qu’il arrive, l’amour est merveilleux”, point de vue hyper-romantique et avouons-le stupide ; Kei Ohkubo valorise sans doute ainsi ce que l’amour a d’irrationnel et qui semble inexplicable aux autres (Nanna continue à aimer le type qui l’a plongée dans la fange, et c’est hélas la clé mentale de nombre de prostituées dans la vie réelle). Carolina la princesse d’Espagne pousse donc Arte à se déclarer à Léo “quoi qu’il arrive”, mais cette dernière n’y arrive pas. Heureusement, car elle est noble et dans une optique de réalisme historique elle ne pourrait épouser Léo ou se mettre à la colle avec lui sans être étiquetée comme “fille perdue”. Un peintre à l’époque est un rien du tout, un artisan, ils commencent tout juste à signer leurs oeuvres et même les plus célèbres n’ont jamais épousé de filles de la noblesse jusqu’au XXe siècle, j’espère que Kei Ohkubo en tiendra compte ! D’autant qu’elle nous signale deux points très intéressants et exacts :
    1) Les guerres entre les riches cités italiennes de la Renaissance étaient des “matchs truqués” par des arrangements et compromis entre bandes de mercenaires grassement payés et qui s'”économisaient” entre professionnels ; or tout changea avec les invasions des armées françaises et espagnoles qui pillaient et massacraient afin de vivre sur le pays.
    2) La fameuse reine Jeanne la Folle ne l’était pas du tout, mais claquemurée et spoliée par une cabale de cour.
    J’aime bien le personnage d’Azucena, “garde du corps” dévouée de Carolina, froide mais sans doute faussement envers Arte.
    On en apprend dans ce tome sur l’enfance et la motivation d’Arte, et c’est plausible ; elle est toujours aussi mignonne par le dessin, avec des mimiques amusantes ! Un bon volume !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523848

    L’Oxalis et l’Or, tome 2 :
    L’aventure d’Amelia et Conor se poursuit. Avouons-le, malgré la documentation très sérieuse sur l’époque (1849) et les Etats-Unis du temps, le récit se centre sur des conflits psychologiques assez peu convaincants parfois. Très bonne idée d’avoir intégré le personnage authentique de Manjiro, seul Japonais qui ait participé à la Ruée vers l’Or de Californie. L’aptitude de Eiichi Kitano à rendre attachants ses deux héros faméliques est remarquable : dévouement total de Conor, passion presque sauvage de survie et de bonheur d’Amelia ! Celle-ci commence à prendre conscience de l’énormité de l’Amérique… et de son défi !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523866

    Isabella Bird tome 7 :
    Même si seule Veggie 11 semble rejoindre mon intérêt, je suis ravi de continuer l’aventure de notre courageuse exploratrice. C’est extraordinaire la quantité de traits de moeurs, et pas des moindres, révélés par cette série ! Ici par exemple on en apprend sur les Japonaises du peuple vers 1880, mariées en général très tôt par leur famille mais divorçant très souvent. Le mikuda-rihan est alors un document que le mari est tenu de fournir, et qui autorise la femme à se remarier (celle que rencontre Isabella en est à son 17e mari !). Trois lignes droites verticales et demie et une empreinte de doigt conviennent quand le mari est analphabète. Isabella est scotchée, car dans son Angleterre le divorce est à grand-peine toléré, et il est interdit dans les pays catholiques ; de plus une divorcée est ostracisée, alors qu’au Japon elle est très considérée car plus expérimentée qu’une oie blanche.
    Par ailleurs Isabella découvre les vertus du massage médical anma ; son affection (début d’amour ? ) pour Ito ne cesse d’augmenter… Mais une sombre intrigue tourne autour du cruel bellâtre Mr Maries. Son assistant semble d’ailleurs homosexuel. Le dessin comporte de belles pleines pages, et Taiga Sassa commence à réussir à peu près les jambes des hommes, même si elles restent trop courtes !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #523969

    J’ai craqué l’autre jour pour le manga de Kuro-Savoir Aphorismes sur la sagesse dans la vie, par Arthur Schopenhauer, dessiné par Yû Isagi. L’ayant lu, j’en reparlerai car Schopenhauer est un de mes philosophes préférés. En fait il s’agit surtout de ses analyses sur la psychologie humaine et non de sa plus ample conception du monde (Weltanschauung). Il sauve du suicide une jeune fille, Elisabet Ney, future sculptrice réputée, anecdote authentique, même si la vraie artiste ne ressemblait guère à la très jolie blonde dessinée ici 🙂 …

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