Je remonte ce topic juste pour insérer la couverture d’un tome de Love in The Hell manga humoristique dont Yupa nous parlera prochainement .
Je l’ai fait pour lui rendre service .
Je ne peux cependant pas dire quoi que ce soit sur cette oeuvre, ne l’ayant pas encore lu, mais je suivrai de près sa future critique, d’autant plus que notre ami Yupa a toujours eu très bon goût en matière d’humour.
Oui, un grand merci Xanatos !
Humour tout à fait, mais pas que … Love in the Hell est une comédie sentimentale que j’ai toujours trouvée originale, intelligente et émouvante.
C’est un manga de 2011 au Japon, diffusé chez nous en 2015 par Glénat. Certes il aborde certaines questions sexuelles au point d’être interdit aux moins de 16 ans (comme toutes ces questions en France) mais après tout il y en a peu sur ce forum et s’il y en a ils n’ont qu’à zapper mon post. Rien à voir avec du hentaï de toute façon, littérature “qu’on ne lit que d’une main” (Jean Cocteau).
Au début, le spectre de Rintaro, 27 ans, constate la mort de son corps, crâne fendu, effondré ivre au pied de l’escalier de son lotissement minable : il a raté une marche, comme toute sa vie antérieure de looser solitaire, et il conclut : “Bof, c’est pas comme si quelque chose me retenait ici-bas”. Il s’enfonce dans les limbes, plutôt heureux : “Puisque je n’ai jamais fait de mal à personne tant j’étais insignifiant, je vais me réveiller dans la joie au paradis”.
Il se réveille en effet, tout nu et interpellé par une fille en tenue cuir sexy, au front orné de petites cornes, qui lui lance : “B… Bienvenue en enfer !” Et comme, stupéfait, il ne semble pas comprendre, la fille réagit “Ah !”, croyant qu’il n’est pas japonais, et reprend : “W… Welcome to hell !”
Après ce malentendu, force est bien à Rintaro de l’admettre : inexplicablement, il est en enfer, lieu rocheux et sinistre au ciel noir, et la jeune Koyori se présente comme démone débutante à qui a été confié Rintaro, son premier pécheur. Sa mission ? Faire expier à ce dernier ses péchés (mais quels ??) par des tortures au fouet, au marteau, à la scie, chaque soir. Le lendemain, quelles que soient ses atteintes corporelles, le pécheur est régénéré sans une égratignure, car le but est que ses souffrances continuent jusqu’à expiation (mais quand ??). Même si Koyori n’est pas la plus féroce des démones, elle a à coeur d’être irréprochable et cogne Rintaro, d’autant qu’il se comporte scandaleusement : par exemple on ne doit jamais manquer de respect envers son démon attitré, or si l’on tripote les jolies petites cornes de Koyori, il se passe… des choses pour elle. Au début Rintaro a honte d’être tout nu, et dans la ville des Enfers, il croise des damnés comme lui correctement habillés. De plus il a faim, ayant un corps. On peut se payer le nécessaire en enfer : il suffit de coupons de “rancunes”, achetées évidemment de souffrances. L’idéal est une paie régulière en se donnant un peu de “pénibilité” – comme on dit à la CGT – dans un petit boulot. Ou bien de gagner plus en se faisant massacrer dans des salles de tortures où les démons s’en donnent à coeur joie (se faire travailler pour gagner plus, nos dirigeants n’ont pas pensé à proposer cela 🙂 ). Comme Rintaro n’aime pas la douleur, il se contente d’un petit job de livreur ; il noue amitié avec Yasuhiko, damné riche car très masochiste ! Sa démone attitrée est la superbe Momone de très belle poitrine, qui quand il la pelote lui éclate la tête ou l’écorche vif, ce qui n’a guère d’importance pour un damné. Peu à peu, aidé par le guidage de la gentille Koyori ou par ses amis Yasuhiko et Momone, Rintaro assimile les règles complexes et les pièges de la vie en enfer, prétextes à bien des passages hilarants ! Ses sentiments pour Koyori finissent par le frapper, et elle-même investit beaucoup en lui. Un jour d’esseulement, il est fasciné par la ravissante Mako, collègue à son magasin de livraison, qui lui fait du gringue aussi… Mais une fois la combi de livreur ouverte, voilà que c’est un garçon homo ! Rintaro fuit, mais reste bon ami avec lui. La grosse et brutale démone qui doit faire expier Mako use d’une ceinture à gode pour le tringler chaque soir, ce qui n’est pas une expiation pour lui! Malgré le flouté, réservons donc ce manga aux plus de 16 ans, oh my God…
La hantise de Rintaro, c’est de comprendre pourquoi il est là, mais quand il frôle le souvenir, il est pris de maux de tête et de vomissement. On le comprend peu avant la fin quand ce souvenir lui est rendu, une lâcheté cruelle et tragique envers une petite malheureuse (qu’il vient à croiser en enfer) à l’âge du bac à sable… car l’enfer ne laisse rien passer, tuer une fourmi vaut un an d’expiation !
Le final est excellent, Rintaro se sacrifiant pour sauver Koyori et acquérant par là un immense cadeau du Grand Roi des Enfers Enma. Il a réalisé aussi que sa vie terrestre était un ratage total, et qu’il ne s’est fait des amis qu’en enfer ! La boucle est bouclée…
L’auteur Reiji Suzumaru a su construire en 3 volumes tout un univers “infernal” très cohérent, à la fois comique et glaçant parfois, où le lecteur s’identifie complètement à l’ingénu et dérouté Rintaro.
Un petit chef-d’oeuvre à mon avis !