Voilà bien longtemps que je n'ai plus rédigé le moindre commentaire consacré à Shin Cyborg 009 ! Je reprends à partir de ce soir selon le schéma habituel, avec cette fois trois épisodes commentés : les épisodes 31, 32 et 33 !
Épisode 31
Durant un match de foot dans un pays vaguement sud-américain, Joe, Jet et Françoise assistent aux exploits de Sanders, un joueur de renommée internationale connu pour ses actions bénévoles envers les orphelins. Sanders a lui-même perdu ses parents très jeune et dut élever ses jeunes frères et soeurs dans une très grande précarité. Récemment, il connut même un terrible accident qui le laissa handicapé des deux jambes, mais (apparemment) grâce à la rééducation il parvint à remarcher et rejouer au football. Néanmoins les cyborgs constatent vite que les mouvements et la force de Sanders ne sont pas normaux et François finit par remarquer que les jambes de Sanders sont en réalité deux prothèses cybernétiques ! Sanders leur avoue au cours d'une pause qu'il a été approché par un membre de Black Ghost qui lui a vendu ces prothèses dans le seul but d'en faire un assassin ! Sa mission aujourd'hui : assassiner le président du pays accueillant la coupe de football et qui assiste tranquillement au match sans se douter qu'il est la cible de criminels. Si Sanders refuse, les orphelins qu'il protège seront tués sous ses yeux…
Un épisode qui renoue avec les histoires pseudo géopolitiques de la série dans un contexte très fortement influencé par les exploits d'un certain Pelé. L'animation est vraiment cheap pour une série de 1979 et le background de Sanders larmoyant au possible, mais il y a des scènes plutôt sympas comme lorsque Joe explique à Sanders leur cybernétisation en tordant une haltère d'un seul doigt. Sinon la fin est vachement prévisible même si j'aime bien la petite scène finale.
Épisode 32
Durant une croisière, un paquebot et ses occupants disparaissent mystérieusement de la surface. En enquêtant à son sujet, les cyborgs découvrent de très jeunes survivants reclus dans les cales du navire; ces derniers expliquent avoir été séquestrés par des inconnus que les cyborgs identifient très vite comme appartenant à Black Ghost…
Heureusement qu'il y a 007 pour nous tenir éveillés…
Je ne vais pas m'étaler trop longtemps, je n'ai pas aimé cet épisode. Ou plus exactement, j'aurai pu l'apprécier pour l'action et les scènes de combat. Seulement voilà, le problème de cet épisode est qu'il est anachronique. S'il avait été réalisé en 1968 pour la première série, je l'aurai sans doute adoré. Seulement nous sommes face à une série diffusée en 1979, à une époque où Galaxy Express 999 et Gundam 0079 sont également diffusés à la télévision. Et quand on compare les trois, ça fait mal… Tout dans cet épisode 32 rappelle la série de 1968 en moins bien, tant les combats que le méchant en carton-pâte qui ne sert strictement à rien (sinon à rappeler que les sous-fifres de Black Ghost sont vraiment des bouffons et que leurs trois altesses royales n'arrivent toujours pas à décoller de leur siège depuis l'épisode 22). D'ailleurs je me rappelle maintenant que dans la série de 1968, il existait déjà une histoire similaire avec un navire/bus disparu et des enfants utilisés comme arme. Quand je vous disais que cet épisode sentait l'anachronisme à plein nez… sauf que dans la série de 1968, l'épisode en question était beaucoup plus plaisant à voir (et aussi plus cruel).
Épisode 33
Alors qu'il aide une petite fille à cueillir des fleurs pour son père disparu récemment en mer, Joe vient en aide à un jeune garçon accusé de vol par des fermiers du coin. Mais bien vite, des individus étranges, qui semblent au courant de l'identité de Joe, enlèvent la fillette et le jeune garçon sans raison apparente. Pendant ce temps, non loin de là, un robot géant surgit du fond des mers et sème la destruction partout où il passe…
Le niveau remonte un peu, mais je suis très mitigée vis-à-vis de cet épisode. En fait, je ne sais pas trop comment le prendre. Le précédent était anachronique, celui-ci tente d'adapter une histoire du manga assez fidèlement et de revenir à l'émotion des débuts. Hélas ils ont fait l'erreur d'adapter l'épisode de 0013. Pour ceux qui n'ont pas lu le manga, 0013 est le dernier des cyborgs 00 à être envoyé par Black Ghost pour détruire les rebelles (Joe et ses compagnons) après leur évasion du QG. Il a l'aspect d'un jeune garçon plutôt enveloppé à l'esprit benêt et dénué de toute capacité langagière. Le chapitre était très sombre malgré l'aspect cartoon du dessin et la fin cruelle, mais je m'arrêterai là pour ceux qui voudraient le découvrir en lisant le chapitre en question. Je considère personnellement ce passage comme l'un des tout meilleurs chapitres du manga, car il résume à lui seul l'esprit de ''Cyborg 009'' et c'est probablement l'une des histoires les plus tragiques qu'ait réalisé Ishinomori.
Joe, Chiemi et Tsutomu (la version 1979 de 0013)
Le chapitre a été adapté par deux fois : dans l'épisode qui nous intéresse ici et une seconde fois dans la série TV de 2001. L'épisode réalisé en 2001 est tout aussi noir que le manga et particulièrement violent; il suit très fidèlement le chapitre et n'hésite pas à en rajouter. Si on excepte que 0013 est désormais doué de parole, l'histoire est remise dans son contexte et j'expliquerai plus bas pourquoi ce point est si important.
Dans l'épisode réalisé en 1979, si dans l'ensemble la plupart des scènes sont restituées, le contexte n'a plus rien à voir. Ici, 0013 a désormais un prénom (Tsutomu) et s'il semble également avoir été créé par Black Ghost, son apparition n'a plus le même intérêt que dans le manga et la série TV de 2001. Le problème principal étant sa fonction dans l'histoire et là je vais être obligée de spoiler un peu donc si vous n'avez pas lu le manga, sautez de suite les quelques lignes en noir : dans le manga, l'apparition de 0013 est déterminante dans la rédemption définitive de Joe. 0013 paraît si innocent qu'à aucun moment on a envie de croire qu'il a pour mission de détruire les cyborgs. Pourtant, une fois possédé par le robot géant qui l'accompagne, c'est bien ce qu'il tente de faire avec Joe, tuant au passage de nombreux civils dont la mère d'une fillette que recueille Joe avant de repartir au combat. C'est cette enfant qui redonne à 0013 une part de son humanité d'origine puisqu'il refuse de provoquer la mort de l'enfant et préfère l'écarter des combats. En fait, 0013 n'a pas vraiment de haine à l'encontre de Joe, mais son obéissance programmée vis-à-vis de ses concepteurs et de Black Ghost en général l'obligent à agir contre son gré. Finalement, voyant l'un des hommes de main de l'organisation tenter de se débarrasser de la fillette dont les pleurs l'exaspère, il renonce à toute violence et demande à Joe de récupérer la petite et de la mettre à l'abri le temps qu'il se libère du robot géant, mais il est grièvement blessé par l'explosion de ce dernier. Avant de mourir, 0013 parvient à écrire à Joe qu'il aurait voulu être son ami s'ils s'étaient rencontrés dans de meilleures circonstances. Assistant impuissant à la mort du cyborg, Joe laisse éclater sa colère et jure de venger toutes les victimes de Black Ghost en détruisant cette organisation de criminels ''qui s'amusent à jouer avec la vie des gens'' (selon ses propres mots). Cette scène est importante pour la suite, car en promettant de lutter pour la justice, Joe tourne définitivement le dos à son passé de délinquant. Il ne combat plus pour lui-même, mais pour les autres. Alors que dans le premier tome, il semble plus s'amuser durant le combat principal, désormais il le fera uniquement pour défendre les victimes de Black Ghost. Joe se comporte désormais en adulte et il n'oubliera pas sa rencontre avec 0013.
La même scène à 22 ans d'écart. Mais les enjeux de l'épisode ne sont pas du tout les mêmes.
Malheureusement cet aspect est complètement absent de l'épisode TV réalisé en 1979, principalement parce que Tsutomu, même s'il rappelle le 0013 d'origine, n'a pas de vraie raison d'apparaître. Son apparition dans la série TV est tardive et n'est absolument pas liée à cette ultime tentative de détruire les cyborgs fraîchement évadés. Ni son apparition ni sa mort ne peuvent donc servir l'histoire puisque Joe n'évoluera pas dans cette adaptation (contrairement à la série TV de 2001 où l'épisode est retranscrit dans son contexte, même si Joe est assez différent de sa version manga). L'émotion ressentie est donc assez faible puisque Tsutomu aurait pu être n'importe quel personnage secondaire qui ne réapparaîtra plus au cours de la série. Pire, la fin de Tsutomu n'a pas le même impact ni la puissance émotionnelle du manga, on est bien loin de ce que ce dernier a pu nous réserver dans les dernières pages du chapitre. Quant à la présence plus importante de la petite Chiemi (son prénom a été inventé exprès pour l'épisode, car elle n'en a pas dans le manga), elle n'apporte pas grand-chose, d'autant que sa voix est vraiment insupportable. Pourtant rien ne les empêchait d'adapter le chapitre à leur manière tout en respectant la logique de l'histoire et l'émotion qui s'en dégage : la première série a bien réussi à proposer une adaptation encore plus noire de l'épisode du chien Col Noir…
Le seul intérêt de l'épisode finalement c'est la mise en scène au début d'un flashback sur le passé de Joe, à l'époque où il était toujours enfermé en maison de correction. On le voit ici accusé par les gardiens d'avoir volé de la nourriture, ce qu'il dément avant d'être traîné jusqu'en cellule. Au moins pour ce passage, l'épisode vaut la peine même si on aurait aimé la même chose pour le reste de l'épisode.
Joe à l'époque de son enfermement en maison de correction
Je ne sais vraiment pas comment le prendre, mais au vu du résultat, j'ai l'impression d'un immense gâchis. C'est sans doute parce qu'on parle de l'adaptation très libre d'un chapitre phare du manga qu'on se dit que les scénaristes (et le réalisateur) n'avaient pas le droit de gâcher un tel épisode. Je préfère donc en rester à la version 2001 en termes d'adaptation qui bien que très libre sur certains points (dont 0013 qui parle !!!) et attribuant à l'un des sbires grabataires de Black Ghost un background pourri (''Joe, je suis celui qui a tué ton père adoptif !!''), a conservé intact toute l'émotion dégagée par la version originale.
En tout cas, cette critique m'a donnée envie de me relire le début du manga…