#TBT : FLCL

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Tout briser pour mieux recréer. En envoyant valser les codes traditionnels de l’animation, FLCL incarne depuis vingt ans une référence contre-culturelle… paradoxalement devenue pionnière.

Dans la ville de Mabase, surplombée par une énorme industrie en forme de fer à repasser, Naota Nandaba traîne son ennui. En partant pour l’étranger, son grand frère l’a laissé seul avec son père immature… et sa petite amie, Mamimi Samejima, qui comble sa solitude en faisant des avances à l’ado timide de 12 ans. Tout bascule quand Naota fait une rencontre percutante avec Haruko Haruhara : lancée sur sa Vespa, elle le frappe en plein front de sa basse électrique. La bosse qui en résulte s’avère être un portail d’où émergent des robots humanoïdes ! Haruko, installée chez les Nanaba en se prétendant policière intergalactique, cherche en réalité à faire apparaître Atomsk, une puissance si menaçante que les autorités interstellaires doivent intervenir…

Ce bref condensé scénaristique ne donne qu’un aperçu de FLCL : il est impossible de résumer son intrigue surréaliste remplie de symboliques. Quoi de plus normal, puisque la série veut retranscrire le foisonnement de questionnements, de sentiments et de sensations que traverse un adolescent ? Ce chamboulement perpétuel se prolonge dans la réalisation de Kazuya Tsurumaki, qui décide de son plein gré de ne pas respecter les règles établies tel un ado rebelle ! Après les désormais célèbres épisodes 25 et 26 d’Evangelion, il pousse encore plus loin l’expérimentation, en donnant vie à des pages de manga ou en intégrant des éléments en prise de vue réelle (notamment le générique de fin) – des challenges rendus possibles par le talent des animateurs à la main de Gainax et sur ordinateur de Production I.G). La démarche à contre-courant trouve son paroxysme dans sa bande originale, intégralement composée par le groupe de rock alternatif The Pillows : regarder un épisode de FLCL revient à s’engouffrer l’équivalent de 26 minutes de clips et de publicités aux directions artistiques différentes !

Entre le 26 avril 2000 et le 16 mars 2001, les 6 OAV vont révolutionner l’animation japonaise ! Outre des héritiers directs comme Abenobashi Magical Street, qui reprend en 2002 la variété des styles et les références constantes à la pop-culture, les propositions inédites de mise en scène rendues possibles grâce à l’informatique sont « recopiées » ici ou là, comme le Bullet Time de Matrix en son temps. L’œuvre extraordinaire dans tous les sens du terme, acclamée à travers le monde depuis vingt ans, a engendré deux suites en 2018 chez Production I.G (mais sans Gainax cette fois). Si FLCL Progressive et FLCL Alternative explorent elles aussi avec réussite le champ des possibles de l’animation contemporaine, leur impact est forcément moindre, dépourvu de l’effet de surprise. D’ailleurs, quel autre titre réussit encore à faire débat, vingt ans plus tard, auprès des fans : et vous, comment l’écrivez-vous ? FLCL, Fuli Culi, ou Fooly Cooly ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon