#TBT : Earth Girl Arjuna

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Difficile de croire que Earth Girl Arjuna a vingt ans, tant ses thématiques humanistes et écologiques sont d’actualité ! Pour son anniversaire, AnimeLand remet à l’honneur cette série mésestimée du créateur de Macross.

Juna s’ennuie à Kobe. Elle demande à son petit ami, Tokio, de l’emmener au bord de mer à moto. Les deux adolescents subissent alors un grave accident, dans lequel Juna manque de perdre la vie. Durant son expérience de mort imminente, elle est contactée par l’esprit d’un jeune garçon, Chris. Ce dernier lui explique que l’espèce de gigantesque ver invisible qui a causé leur accident est un Raaja, une créature issue de la souffrance de la Terre. De la taille d’une bactérie ou de la planète, elles menacent de plus en plus l’humanité ! Si elle accepte de lutter contre ces Raaja, Juna pourra ressusciter, lui annonce alors Chris. Revenue à la vie, la lycéenne va découvrir tous les fléaux que les humains font subir à leur Terre nourricière avant d’affronter les Raaja à l’aide de son arc surnaturel…

Où en est l’humanité en ce début de 21e siècle ? Vers quel avenir se dirige-t-elle ? Peut-elle concilier technologie et écologie ? Pour alimenter sa réflexion, Shoji Kawamori invoque Arjuna, héros archer de la mythologie hindoue, dont la création est estimée à entre -500 et -200 ! Mais la série puise également aux racines de la mythologie nippone avec la présence d’un magatama qui orne le front de Juna. Tous ces renvois à la sagesse ancestrale viennent se confronter aux dérives d’une société entièrement dédiée au rendement, que Kawamori attaque sur tous les fronts. On citera en vrac la junk food, la surconsommation énergétique (les Raaja pullulant près d’une centrale électrique), l’éducation engoncée dans des principes rigides (les élèves sont comparés à des poulets de batterie) ou l’agriculture partie en vrille (la série milite, avant l’apparition des labels bio, pour des jardins sans aucun pesticide).

Le créateur de Macross accompagne son message séditieux d’une réalisation qui frôle parfois l’expérimentation. Outre un travail peu conventionnel sur le montage, Earth Girl Arjuna fait appel à l’informatique pour des plans jusqu’ici inédits : si certains accusent vraiment leur âge techniquement aujourd’hui, d’autres ont conservé leur impact ! Pour la musique, Kawamori retrouve Yoko Kanno, cinq ans après Vision d’ Escaflowne, et sept ans après Macross Plus. La compositrice explore à nouveau la diversité des genres qu’elle avait abordée sur ces OAV, et fournit une bande originale inclassable, alternative et indépendante, offrant le générique à sa petite protégée repérée sur Escaflowne, Maaya Sakamoto. Diffusée à partir du 9 janvier 2001 au Japon, Earth Girl Arjuna aura connu trois passages TV en France sur MCM (2004), W9 (2006) et au lancement de Nolife (2007) en plus de son exploitation DVD par Dybex. Quinze ans plus tard, elle semble hélas avoir disparu de la mémoire de la majorité des animefans, alors que son propos résonne particulièrement avec l’actualité secouée par les crises écologiques, sanitaires, énergétiques et sociales !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon