#TBT : Métropolis

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Osamu Tezuka avait rendu honneur au Métropolis de Fritz Lang dans un manga. En hommage au Dieu du Manga, c’est ce titre que son disciple Rintarô adapta en long métrage, il y a vingt ans.

Dans la cité de Métropolis, les robots coexistent difficilement avec les humains : quand ils ne sont pas exploités par les riches, ils sont méprisés et brimés par les pauvres, qui les accusent de voler leurs emplois. Ces sentiments de haine sont exacerbés lors de l’inauguration de Ziggurat, gigantesque gratte-ciel commandité par Duc Red, l’homme le plus riche de la ville qu’il contrôle en secret. Un robot rebelle est sur le point de ruiner l’événement, mais est abattu par le fils adoptif du Duc, Rock, leader du groupuscule paramilitaire anti-robots Marduk. C’est dans cette atmosphère tendue qu’arrivent du Japon le détective privé Shunsaku Ban et son neveu Kenichi Shikishima. Leur mission ? Interpeller le docteur Laughton, coupable de trafic d’organes. Ce qu’ils ignorent, c’est que Laughton agit sur ordre du Duc Red, afin de construire une androïde perfectionnée à l’image de sa fille décédée Tima, qui servirait de système de commande à l’arme de destruction massive dissimulée à l’intérieur de la tour Ziggurat…

Quand Tezuka publie, à la fin des années 40, son manga Métropolis, il ne connaît du film réalisé par Fritz Lang en 1927 qu’une photo, celle de l’androïde féminin. Son intrigue ne reprend donc aucun élément du long métrage, et se focalise sur les conséquences d’une mauvaise utilisation des avancées technologiques : on y voit le robot Mitchi (capable de voler et de changer de sexe), cherchant à échapper au Duc Red qui veut exploiter son potentiel de destruction, être recueilli par le détective Ban et son neveu après le décès de son créateur, le docteur Laughton. Un demi-siècle plus tard, plus personne n’ignore la trame du long métrage allemand, dont les disciples de Tezuka doivent intégrer des éléments à leur projet d’adaptation du manga Métropolis en film d’animation. C’est Katsuhiro Otomo qui se chargera du script riche en symboliques bibliques, intégrant les thématiques de luttes de classes dans un univers dystopique entièrement régi par les plus riches, les relations tendues entre humains et robots renvoyant directement à Astro le petit robot, autre titre phare de Tezuka paru à la même période que Métropolis.

Le réalisateur d’Akira ne pouvait refuser la proposition de Madhouse, studio qui avait produit son film en 1988 malgré l’ampleur des difficultés, inédites pour l’époque. Son directeur, Masao Maruyama, avait fondé Madhouse sur les cendres de Mushi Production, réunissant de nombreux autres transfuges qui, comme lui, avaient tout appris de leur métier sous la tutelle de Tezuka… notamment Rintarô, qui hérita naturellement du poste de réalisateur sur ce projet. En association avec Tezuka Productions, toute l’équipe s’investit pour rendre hommage à Osamu Tezuka dans ce film avant-gardiste, où la 3D est mise à contribution de décors ahurissants, jouant d’effets de perspective renforçant le gigantisme de la mégalopole. Avec son animation hyper-léchée, Métropolis tient encore la comparaison avec bien des productions contemporaines, et garde une aura atemporelle grâce à sa bande-son jazzy signée Toshiyuki Honda qu’on croirait tout droit tirée des années 40, décennie de création du manga. Difficile de croire, donc, en le voyant aujourd’hui que le long métrage a déjà vingt ans ! Preuve, si besoin était, que l’œuvre de Tezuka ne vieillit pas.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon