Personnalité de la semaine : Kenta Shinohara

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À l’approche de la cinquantaine, l’auteur de Sket Dance vient de jeter un pavé dans la mare : quand il aura fini Witch Watch, il abandonnera la publication hebdomadaire, trop épuisante !

Il s’en est fallu de peu que Kenta Shinohara ne devienne jamais mangaka ! Né en 1974, il connaît, enfant, le boom du manga des années 80 : parmi ses idoles, outre Fujiko F. Fujio, on peut ainsi citer Akira Toriyama et, encore plus, Takehiko Inoue dont il vénère Slam Dunk. Cependant, malgré son bon coup de crayon, l’adolescent suit des études on ne peut plus classiques dans la préfecture de Chiba. Après le lycée et une classe préparatoire, il finit ses études secondaires et travaille comme salaryman. Néanmoins, l’envie de dessiner se fait irrépressible, et Shinohara se lance un défi : il se donne deux années sabbatiques pour percer dans le manga et, s’il échoue, il enfilera à nouveau le costume d’employé de bureau.

À 29 ans, il entame donc une carrière sur le tard, et atteint les finales d’un concours ouvert aux débutants du Jump à deux reprises en 2003. C’est suffisant pour que les éditeurs de Shueisha l’envoient se former en tant qu’assistant auprès de Hideaki Sorachi, l’auteur de Gintama, que Shinohara considère encore aujourd’hui comme son mentor. Une fois rentré chez lui, il travaille sur ses nemu, qu’il propose à son éditeur. La cinquième tentative sera la bonne et, en 2005, Kenta Shinohara publie sa première histoire courte dans l’Akamaru Jump, Red Panda Puppet Show. L’année suivante, il développe un pilote de Sket Dance dans la même revue, puis un second dans le Shônen Jump… qui finit par accueillir la série à partir de 2007. Sa comédie sera un succès qui s’étalera pendant six ans en 32 volumes reliées, et engendrera une adaptation animée de 77 épisodes produite au studio Tatsunoko. À cette réussite professionnelle s’ajoute le bonheur personnel puisque Shinohara se marie en 2010 !

Pour sa série suivante, le mangaka désormais bien installé s’inspire d’une histoire courte de son manga préféré, le recueil de science-fiction SF Tanpen Theater de Fujiko F. Fujio. C’est ainsi que naît en 2016 Astra – Lost in space, huis-clos digne d’Agatha Christie dans un vaisseau spatial. Ce titre est pour lui l’occasion d’être publié non plus dans le Jump, mais sur sa plate-forme mobile, Jump+, à l’échelle mondiale ! Une fois les cinq tomes terminés fin 2017 (il pensait n’en faire que trois à l’origine), Shinohara prend une pause bien méritée… et attaque, début 2021, une nouvelle comédie déjantée, Witch Watch, simultanément dans les pages du Shônen Jump et sur l’application Manga Plus ! Néanmoins, l’auteur fatigue face à ce rythme hebdomadaire auquel il s’astreint depuis quinze ans. Il vient donc de l’annoncer : après Witch Watch, il ralentira la cadence et n’acceptera plus de série hebdomadaire ! Une décision courageuse dans l’univers sans pitié de l’édition… mais sera-t-elle suffisante pour faire changer les choses au Japon ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon