#TBT : Perfect Blue

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En 1998, le monde découvrait le talent de Satoshi Kon à travers son premier film. Vingt-cinq ans plus tard, Perfect Blue est devenu une référence incontournable pour tout cinéphile qui se respecte.

Au sein du trio d’idols Cham, Mima est clairement la chanteuse la plus populaire. C’est donc un coup de tonnerre quand la jeune femme annonce quitter le groupe pour se lancer dans une carrière d’actrice. Malgré sa célébrité, elle doit recommencer en bas de l’échelle dans ce nouveau domaine et débute avec un petit rôle dans une série TV. Si son agent Tadokoro est enthousiaste, sa manager Rumi ne cache pas ses réserves face à cette décision – après tout, n’a-t-elle pas été également chanteuse auparavant ? Les doutes deviennent angoisses alors que Mima reçoit des menaces par fax, et qu’un site web à sa gloire recense tous ses faits et gestes, jour après jour. Quand les personnes qu’elle côtoie dans sa nouvelle profession se font tuer les unes après les autres, la jeune femme  devient la proie d’hallucinations et semble basculer dans la folie

Après une carrière en dents de scie dans le manga, Satoshi Kon se tourne vers l’animation sous l’impulsion de son mentor, Katsuhiro Otomo (pour en savoir plus sur son parcours, jetez-vous sur le mook Hommage à Satoshi Kon aux éditions Ynnis). Impossible de passer à côté de son travail en tant que directeur artistique sur le segment Magnetic Rose de Memories en 1995 ! Passé ce galop d’essai, Kon plonge dans le grand bain en s’attaquant à la réalisation d’un long métrage. Est-ce parce qu’il a si peu d’expérience dans l’animation ? Perfect Blue s’éloigne des nombreux poncifs de ce champ d’expression pour mieux brouiller les pistes. Le réalisateur répète ainsi des plans quasi-identiques jusque dans les lignes de dialogue ou joue avec la ligne temporelle à coup de flashes-back et d’ellipses, afin que le spectateur perde pied avec l’héroïne. Il finit même par impliquer ce dernier dans le film, le laissant déterminer dans quelle réalité vit Mima.

Sur ce point, Perfect Blue exploite justement les possibilités du medium « animation ». Reflets dans un miroir ou dans une vitre et dédoublements du personnage sont autant d’astuces graphiques que ne permettrait pas le cinéma en prise de vues réelles. Pourtant, l’ombre de réalisateurs tels qu’Alfred Hitchcock, Brian De Palma ou David Lynch plane sur le long métrage… dont certains plans iront jusqu’à inspirer d’autres réalisateurs, comme Darren Aronofsky pour Requiem for a dream. Exception culturelle à lui seul, Perfect Blue détone dans la production animée à sa sortie le 28 février 1998 et impose Satoshi Kon comme un réalisateur à suivre. Il confirmera son talent sur ses films suivants avant de disparaître trop tôt, foudroyé par un cancer. Malgré quelques petits défauts dus à son petit budget et à son âge, Perfect Blue reste d’une efficacité et d’une modernité rares – un joyau à posséder impérativement dans son animethèque !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon