Avec bientôt soixante ans de carrière, le producteur octogénaire a contribué à faire évoluer l’animation japonaise. Retour sur le parcours d’un faiseur de chefs d’œuvre.
1963 marque un tournant pour l’animation japonaise, avec la diffusion d’Astro Boy, première série animée hebdomadaire de l’histoire du pays. Cette même année, Masao Maruyama obtient son diplôme à la faculté de lettres Hôsei mais peine à trouver un emploi. Le jeune homme descendu da la préfecture de Miyagi pour études, enchaîne les jobs d’appoint à Tokyo pendant plusieurs mois jusqu’à ce qu’en 1965, grâce à un ami, il intègre Mushi Productions. La première mission pour ce jeune homme de 24 ans ? Apporter les time sheets (manuscrites, à l’époque) des épisodes à venir d’Astro chez l’imprimeur ! Il enchaîne ensuite en tant qu’assistant-réalisateur et secrétaire de production sur des séries telles que W3, Princesse Saphir ou Ashita no Joe.
C’est sur cette dernière qu’il fait la rencontre d’Osamu Dezaki. Il suit ce réalisateur avec d’autres piliers de Mushi Productions pour fonder Madhouse en 1972, alors que le studio d’Osamu Tezuka met la clef sous la porte. Après huit années de sous-traitance, la direction de Madhouse revient à Maruyama suite au départ de Dezaki. Il opte alors pour une nouvelle philosophie : des longs métrages destinés à un public adulte. Harmagedon, Gen d’Hiroshima, L’épée de Kamui, Ninja Scroll, Vampire Hunter D… Maruyama permet à ses amis Rintarô et Yoshiaki Kawajiri de s’épanouir artistiquement, et pousse aussi Katsuhiro Ôtomo à transposer Akira sur grand écran. Il déniche également de nouveaux talents tels que Satoshi Kon, dont il produira tous les films à commencer par Perfect Blue, ou encore Mamoru Hosoda qui peut réaliser La Traversée du temps grâce à lui. Maruyama ne néglige pas pour autant le petit écran, et produit via Madhouse de nombreuses séries, comme les adaptations de Naoki Urasawa Yawara et Monster, d’Ai Yazawa Paradise Kiss et Nana, ou encore Death Note et Hunter x Hunter.
Après cette dernière série, il prend sa retraite de Madhouse, en 2011… pour fonder, à 70 ans, un nouveau studio, MAPPA (Maruyama Animation Produce Project Association) ! Il s’y consacre avant tout aux séries TV (Kids on the slope, Hajime no Ippo qu’il avait déjà abordée à Madhouse, Yuri!!! on Ice) avant de retrouver son ami Sunao Katabuchi sur le long métrage Dans un recoin de ce monde qu’il finance en partie grâce à un crowdfunding. Une fois ce film produit, en 2016, Maruyama quitte son poste à la direction de MAPPA, et fonde une nouvelle société, Studio M2. Cette fois-ci, il s’agit de se focaliser sur le planning et la préproduction de projets qui tiennent à cœur à Maruyama, afin de s’assurer qu’ils seront concrétisés même s’il vient à décéder. En effet, le producteur sent le poids des ans et préfère anticiper sur tout malheur qui pourrait lui arriver. Au point d’organiser ses propres funérailles de son vivant en 2022, pour son 81ème anniversaire ! Ce qui ne l’empêche pas de continuer, encore et toujours, à travailler sur des œuvres hors norme qui, sans lui, ne verraient pas le jour. Et marquer un peu plus de son sceau l’histoire de l’animation japonaise – comme le rappelle le documentaire que NHK lui a consacré.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.