AL, la préhistoire ou

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Début 1991, l’association de défense des droits des téléspectateurs, les Pieds dans le Paf, décide de publier un dossier sur l’animation japonaise dans le fanzine Télé Fiction. C’est tout naturellement que le secrétaire général de l’association se tourne alors vers un groupe de passionnés, repéré notamment lors de la convention Robotech French Force.
Mais les points de vue concernant la manière de traiter le sujet divergent vite. Le groupe décide alors de s’affranchir de la commande, et d’exploiter son travail de manière indépendante. Tiré à 500 exemplaires, le dossier AnimeLand est distribué en Avril 91 dans les boutiques spécialisées : C’est un succès immédiat. Pourquoi alors ne pas poursuivre la publication ? Né d’un coup de gueule contre les préjugés, AnimeLand s’oriente ainsi vers le fanzinat.

L’équipe de base d’AnimeLand rassemble ce que le milieu parisien compte de passionnés : autour d’Yvan WEST LAURENCE, de Pascal LAFINE et de Vincent OSÉE VU, se greffe une dizaine de collaborateurs tels qu’Olivier FALLAIX, déjà animateur de la radio Super Loustic. La rédaction s’enrichit rapidement de nouveaux venus, comme l’aixois Philippe LHOSTE. À une époque où il est encore difficile de se procurer des infos, le réseau de relations tissé par ces férus d’animation permet au fanzine d’obtenir de l’inédit.
Reste maintenant à s’organiser : la fabrication de chaque numéro demandera du temps… et de l’argent. Chaque participant est bénévole : certains sont encore étudiants, d’autres travaillent dans des secteurs totalement étrangers à l’animation. Yvan WEST LAURENCE par exemple est opérateur de digitalisation à temps complet dans une entreprise informatique. La réalisation des numéros empiètera donc sur les nuits, week-ends et vacances. Il faut également se débrouiller pour assumer la réalisation du journal : pas de maquettiste attitré, chacun amène donc de son savoir-faire et se lance avec joie dans la découverte des logiciels de mise en page. Vincent OSÉE VU, alors à l’ESCP, fait bénéficier l’équipe du matériel de son école.
Le n° 1 qui sort en boutique se distingue des fanzines habituels par sa qualité : format magazine, 30 pages, couverture en bichromie. Le nom AnimeLand, proposé par Vincent OSÉE VU, rend hommage au nom d’une rubrique du magazine japonais Newtype. Le logo imaginé par Pascal LAFINE, sera retravaillé au fil du temps.
L’impression du premier numéro d’AnimeLand coûte 3000 F : elle sera financée par la recette des publicités proposées aux boutiques spécialisées, qui croient de suite au projet.

L’aventure commence bien, et réclame alors une structure : L’association Animarte est créée pour la sortie du n°2, la rédactrice Muriella ROMANIELLO en assume la présidence. Le fanzine s’étoffe progressivement, pour compter trois fois plus de pages au n°3 : Le soutien matériel apporté par Les Pieds dans le Paf permet à AnimeLand de proposer sa première couverture couleur. L’équilibre favorable entre le prix de revient et le prix de vente permettant de réinvestir de l’argent dans l’association, un ordinateur Atari est acheté dès octobre 91 pour la sortie du n°3. Il sera stocké chez Yvan, en attendant que le fanzine bénéficie d’un local deux ans plus tard.
Le contenu d’AnimeLand se dessine très tôt : La structure du magazine actuel se trouve déjà quasiment dans les premiers numéros du fanzine. Yvan WEST LAURENCE avait une idée des rubriques avant même la création d’AnimeLand, pour un projet de fanzine, Animation Mania. Dans l’esprit, AnimeLand se réfère à ses aînés Protoculture Addict et Mangazone, et les rubriques phares se mettent déjà en place : le courrier des lecteurs apparaît à leur demande dès le n°6, quand les plus assidus se jettent déjà avec avidité sur l’aphorisme du rédacteur fou. La rubrique What’s Up Doc ordonne les news dès le n°10, les Portraits de voix apparaissent au n°18/19.

Avril 92, c’est l’heure du premier bilan : AnimeLand a maintenant 1 an, le fanzine 60 pages, et bientôt trois fois plus de lecteurs. 6 numéros en un an, le fanzine est voué à un rythme bimestriel. S’il peine toutefois à respecter un rythme régulier, il sait aussi surprendre agréablement ses lecteurs : Ainsi, le n°8 paraît en boutique une semaine seulement après le n°7, et propose nombre d’améliorations. Le n°10 sera un grand moment dans l’histoire d’AnimeLand : Interview de MIYAZAKI pour sa venue au festival d’Annecy en avril 93, planches inédites de TERASAWA Buichi. En l’honneur de cette actualité, la maquette se fait coquette : flashage des pages, apparition de la couleur à l’intérieur du fanzine. La mise en page évolue : De Calamus sur Atari, on passe à Page Maker sur Mac, pour arriver bientôt à Xpress.
L’équipe quant à elle s’est enrichie au fil du temps de grands noms tels Pierre GINER, Erick NOUVEL, Cédric LITTARDI.

En 1995, AnimeLand a atteint sa vitesse de croisière : La maquette ne change plus, le lectorat est au rendez-vous (5000, dont 2500 abonnés), il devient possible de dégager des salaires pour les membres de l’équipe. Au prix de l’abandon du prix du meilleur fanzine européen, qu’AnimeLand décroche pour la deuxième année consécutive en 1996, il est temps de faire le grand saut : Le n°22 d’AnimeLand paraîtra en kiosque et la revue passera professionnelle.

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