AnimeLand est mort ! Vive AnimeLand

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Le passage en professionnel répond à plusieurs questions : C’est le moment où certains rédacteurs décident de se consacrer totalement à la revue. La diffusion en kiosque permet également de réduire certains problèmes liés à une diffusion limitée aux boutiques spécialisées, tandis que l’actualité grandissante de l’animation et du manga en France justifie d’élargir le propos et le contenu des rubriques.
S’adressant cette fois à 25 000 lecteurs potentiels, dont certains novices aux manga, le propos d’AnimeLand est plus que jamais d’actualité : présenter l’art de l’animation au grand public, à une époque où sortent sur les écrans des films tels que Le Tombeau des Lucioles.
Une mise au point de départ est donc nécessaire : Le n°22 propose une définition du manga, et un dico mythologique sera présent sur une vingtaine de numéros pour rappeler que le manga est d’abord à appréhender par rapport à un contexte socio-culturel particulier.

L’ÉQUIPE

Yvan WEST LAURENCE est toujours rédacteur en chef, tandis que Tibor CLERDOUET, qui collabore en tant que correcteur ou maquettiste depuis les plusieurs numéros, va succéder à Cédric LITTARDI au poste de directeur de publication au n°36 (octobre 97).
Les rédacteurs sont désormais rémunérés, mais l’esprit ne change pas, conservant indépendance et liberté de ton.
La numérotation de la revue signifie d’ailleurs la volonté de ne pas rompre avec l’esprit du travail associatif : Le magazine apparaît en kiosque au n°22, quand la logique commerciale aurait réclamé de lancer un n°1. Le passage en mensuel nécessite cependant davantage de rigueur : Apparition très tôt de maquettistes attitrés (dès 96) et d’une secrétaire de rédaction en janvier 2000, qui permet à la revue de gagner une semaine sur la publication. On voit aussi apparaître des services publicité (n°26, octobre 96), abonnements (n°53, juillet 99), marketing / événementiel (n°61, mai 2000).

LE CONTENU

Au niveau du contenu, AnimeLand se fait peu à peu le relais d’une actualité à chroniquer toujours plus riche. Les chroniques OAV apparaissent, ainsi qu’une rubrique Internet au n°38. Le magazine cherche sa formule pendant quelques temps. A partir du n°23 (mai 96), la maquette restera inchangée pendant presque 4 ans.
Le pingouin mascotte apparaît au n°25 et n’a aujourd’hui toujours pas de nom, la proposition d’Al par Yvan n’ayant pas convaincu… Des hors séries commencent à paraître en 97 ; on en compte aujourd’hui trois. En septembre 2000, une nouvelle formule de 100 pages est inaugurée : le n°64 propose une couverture pleine page, le logo est légèrement modifié. La nouvelle mise en page prévoit davantage de texte dans les articles, une grande place est laissée aux illustrations.

LE RAPPORT À LA PROFESSION

Mais tout cela ne va pas sans problèmes. La professionnalisation du magazine rend dans un premier temps les relations avec le milieu professionnel plus tendues. Les services de presse parfois n’arrivent pas, la recherche d’informations devient difficile. Les annonceurs se montrent réticents car les tarifs de publicité augmentent.
Parallèlement pourtant, AnimeLand s’impose dans le paysage de l’animation : les partenariats se multiplient, permettant d’offrir un cadeau à chaque numéro : Tentative de prépublication qui ne séduit pas le lectorat (n°25 au 31), posters, cédéroms. Depuis 1994, AnimeLand organise chaque année son Anime Grand Prix, et participe également à la mise en place de Cosplay, comme en 98 pour la dixième édition de BD Expo (n°44).

UN PROCÈS KAFKAÏEN

La présence d’AnimeLand en kiosque relance une question de fond, celle du public visé par la japanimation. AnimeLand va se voir traîné en justice sur la base d’un malentendu : puisqu’il parle d’animation, le magazine semble devoir de fait s’adresser aux enfants, mais son contenu est parfois de nature à choquer un jeune public ! En 1999, les responsables d’AnimeLand sont donc invités à soumettre leur magazine à la loi de 1949, qui prévoit l’examen de toute publication destinée aux enfants par un comité éthique. Or, AnimeLand ne s’est jamais considéré comme un magazine pour enfants ! Sur la base de témoignages de professionnels et à l’examen de la revue, le juge reconnaîtra l’archaïsme d’une loi qui ne peut prendre en compte les disciplines très variées que regroupent l’animation : AnimeLand continuera donc de paraître, l’opinion accepte enfin que l’animation puisse concerner un public adulte.

La génération gloubiboulga a désormais pignon sur rue : Les enfants d’hier ont intégré le manga dans leur bagage culturel. Par le biais de ses articles qui tiennent un discours sérieux et approfondi sur l’animation, AnimeLand a pu contribuer à attiser l’intérêt de certaines personnes pour la discipline. Néanmoins, pour Yvan WEST LAURENCE, le plus gros reste encore à faire. Aussi, aujourd’hui, le propos d’AnimeLand est-il de se tourner davantage vers toute sorte d’animation, sans se cantonner au Japon.
Pour ses 10 ans, et dans le souci de toucher un public toujours plus large, AnimeLand se lance également à l’assaut d’un nouveau media et inaugure son nouveau support : le site Internet.

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