Guillaume DORISON

Le shogun français

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Chers lecteurs : l’interview de Guillaume DORISON, que nous avons publiés dans l’AnimeLand #123 a souffert de plusieurs coquilles. Le nom de famille de Guillaume DORISON a ainsi été mal orthographié (nous avons écrits DHORIZON), et une question a même disparue (« Rentrons maintenant dans le vif du sujet. Que trouvera-t-on au sommaire du magazine ? », et sa réponse). De fait, par respect pour l’intéressé, et aussi pour vous, nous vous prions d’accepter nos excuses concernant ces erreurs indépendantes de notre volonté, et nous vous proposons l’interview complète de Guillaume DORISON, afin que vous puissiez bénéficier de toutes les informations concernant la collection Shogun qu’il édite.

Guillaume DORISON

Avant de rentrer plus directement dans le vif du sujet, sans doute vous demandez vous qui est Guillaume DORISON… Le jeune et dynamique éditeur de Shogun n’arrive en effet pas de nulle part. Vers 1999, Thomas SIRDEY de Taifu et lui sont alors dans la même école de commerce, l’ISC à Paris. En décembre 2000, ils montent le salon de l’imaginaire à l’espace Champerret (avec entre autre l’aide des futurs organisateurs de Japan Expo). Guillaume se consacre alors plutôt à l’organisation de la partie Jeux Vidéo en organisant des conventions et des compétitions, notamment sur les jeux de baston avec la création de Console League puis de la Fédération Française des Jeux de Combat… En 2003, il fonde la société Japan Culture Press et lance les magazines Arkadia (jeux d’arcade), Babylon (japanimation), puis Game Fan, qui en est aujourd’hui à son treizième numéro. Guillaume pense que la presse peut être un bon tremplin pour se lancer ensuite dans l’édition BD. Durant son bref passage chez Tonkam, il commence donc à réfléchir au projet de Shogun, mais rien ne se concrétise. Finalement, il développe seul son projet et finis par convaincre les Humanoïdes Associés qui voient là le moyen de créer leur collection et de la faire vivre, sans dépendre d’éditeurs japonais souvent dictatoriaux…

? Qu’est-ce que la collection Shogun ?

! Il s’agit d’une collection de manga français qui sera proposé aux Humanoïdes associées. Le magazine de prépublication sortira à la fin du mois de septembre et les albums reliés seront disponibles pour l’édition 2007 d’Angoulême.

? Comment se caractérise cette collection ?

! Pour beaucoup de gens, le manga est une production typiquement japonaise. Certes. Mais si l’on prend l’exemple du cinéma américain, on voit des films inspirés par tout un tas de genre ou styles, comme de la SF par exemple. Et si en France un jeune réalisateur fait un film de SF, on ne va pas lui reprocher de faire un film américain ! Ce sera bel et bien un film de SF, mais à la française. La collection Shogun sera dans cette optique : proposer des BD de genres, inscrites dans une réalité française, mais reprenant les codes narratifs et graphiques du manga japonais.

? Ne crains-tu pas tout de même une réaction épidermique du public français : « Si ce n’est pas Japonais, ce n’est pas du manga, donc je n’achète pas ! »

! Je sais qu’il y a un gros a priori du public français là-dessus. Mais pourquoi un lecteur de chez nous lis du manga ? Par intérêt pour la culture japonaise ? Pour l’histoire ? Le style graphique ? Un peu des trois je pense… Là, je fais le pari que si on raconte de bonnes histoires avec les codes du genre, sans copier les mangaka, et avec des auteurs français talentueux, on peut faire du bon travail… Par exemple, nos histoires se passeront en France, ou alors les valeurs et les références culturelles seront plus proches de nos préoccupations… Maintenant, pour répondre plus franchement à ta question, je pense que le public opposé à ce genre de projet se divise en deux groupes : les fans hardcore de manga et ceux qui refuseront l’étiquette manga à une production française… Mais je pense que si nous faisons des BD bien dessinées avec de bonnes histoires, il n’y a pas de raisons que nous ne touchions pas notre public.

Bien sûr, il faut être réaliste : il s’agit d’un pari extrêmement ambitieux. En contrepartie, avoir nos propres auteurs et diriger nos titres nous permettra d’en assurer la promotion, de proposer des interviews et de communiquer sur notre futur site. Exemple : les lecteurs pourront parler en chat avec les auteurs par exemple, ce genre de choses. Mais au final, si le public ne suit pas, la descente sera violente.

? Rentrons maintenant dans le vif du sujet. Que trouvera-t-on au sommaire du magazine ?

! Le premier numéro de la revue sortira le 29 septembre, totalisera 308 pages, et sera vendu en kiosque pour 4,90 euros. On y trouvera huit BD avec entre 40 et 50 planches par histoire. Quatre numéros du magazine donneront naissance à un album… Il proposera aussi des pages couleurs donnant des informations sur la création de BD et notre travail. On y trouvera aussi des concours de BD amateurs avec, à la clé, un contrat pour rentrer dans notre collection… Le papier sera de qualité moyenne, l’idée étant de faire un mag’ à la japonaise jetable après lecture.

? Et en terme de titres ?

! Voilà ce que vous pourrez lire : Anarky se déroule en 2011 à Paris et met en scène des émeutes ultra violentes de bandes armées. Dans l’ombre, des politiciens tirent les ficelles. Un récit inspiré par les évènements récents ; un Sanctuary à la française… Mind sera un des titres phares du magazine et s’inscrit dans un genre shônen proche de NarutoHoly Wars est inspiré là aussi d’un fait réel, la découverte près de l’Iran d’une ancienne civilisation dont on a perdu toute trace. Nous plongerons dans son passé et raconterons comment son destin a façonné celui de notre monde. Inspiré par Conan le barbare et Berserk, ce titre fera mal !… Love Inc. sera notre comédie romantique et proposera une plongée dans les écoles de commerces d’où je viens. On y découvrira l’ambiance et les relations entre étudiants. Le héros sort de sa campagne et arrive à la capitale. Son attitude décalée et ses relations avec les autres étudiants évoquera Fullmetal Panic Fumoffu ou encore Le collège fou fou fou !… Il y aura aussi Lolita HR, un polar de SF mâtiné de Roméo et Juliette, dans lequel un jeune venu du ghetto tombe amoureux d’une pop star cyborg aux ordres du régime en place… Et puis, vous trouverez Quantic Soul, à mi chemin entre Blade Runer et Da Vinci Code, dans lequel deux blocs s’affrontent : l’un a érigé la Science en valeur suprême et l’autre la Religion. La découverte d’une expérience permettant peut-être la téléportation quantique va semer le trouble dans ce conflit… Enfin, il y aura aussi une autre BD pas encore prête au moment où je vous parle, et aussi la traduction d’un manga japonais.

? Ah! Vous publierez donc aussi du manga ?

? Cela nous arrivera, à condition que le titre s’inscrive dans la ligne du mag’. Pour le moment, je ne peux vous en dire plus sur le titre en question…

? Et qu’en sera-t-il des albums reliés ?

! Ils seront au format pocket comme les manga, dans le sens de lecture fidèle au pays d’origine et en noir et blanc. Par contre, nous allons proposer des albums qui seront des versions Director’s cut des titres prépubliés. Les quatre chapitres compilés totalisent 160 pages et là, les albums en font 192 : vous y trouvez des storyboard, des design, et aussi des scènes coupées ou développées. Par exemple, Anarky est un titre très violent et la version reliée proposera des scènes encore plus explicites que celles de la prépublication…

? Comment les auteurs de ces titres ont été sélectionnés ?

! Il s’agit d’amis que je connais depuis 10/15 ans. Ils font partie de la scène fanzine manga du début des années 90. Ils ont toujours voulu faire du manga mais leurs éditeurs ne le voulaient pas. Bien sûr, ils sont de l’aventure avant tout pour leur talent ! J’ai aussi recruté des auteurs belges et espagnols… A terme, des Japonais travailleront aussi avec nous.

? A l’origine, tu devais lancer cette collection seule, et tu te retrouves éditeur chez les Humanoïdes Associés. Pourquoi ?

! J’avais de toute façon besoin d’un distributeur : j’ai fait le tour des éditeurs pour chercher un partenaire et les Humanoïdes m’ont proposés de très bonnes conditions de travail. De plus, ils n’avaient pas de collection de manga et cela me paraissait une bonne raison de m’investir ici.

? Un mot pour la fin ?

! Nous faisons un énorme pari, et nous prenons de gros risques avec cette collection. Au final, seul le public tranchera. J’espère qu’il sera au rendez-vous !

Le site officiel de Shogun

Remerciements à Guillaume DORISON pour sa compréhension et sa gentillesse.

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