Wolf’s Rain : au loup !

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Un loup blanc avance péniblement… s’effondre et meurt, ses dernières pensées se consacrant sur son incertitude de l’existence du Paradis, qu’il souhaite néanmoins ardemment trouver.
Dans la ville, une bande de pillards, menée par Tsume, cherche à prendre possession d’un train. Malgré deux morts, ils parviennent à leur but. Plus que les marchandises, c’est pour effectuer une véritable guerilla contre les nobles, dont on ne sait rien excepté leur possession d’aéronefs. Ce sont des membres de cette bande qui trouvent, au petit matin, un loup blanc qu’ils pensent mort, dans un tronc creux. Bien mal leur en prend, car l’animal est vivant, et sait se défendre, plantant ses crocs dans la gorge d’un de ses adversaires. Poursuivi par Tsume, il le retrouve sur le toit d’un immeuble, et la vérité éclate au grand jour. Les loups, que l’on croyait disparus depuis 200 ans existent encore ! Et c’est en se déguisant en humains qu’ils parviennent à survivre au milieu de la population. Tsume est l’un d’entre eux, et après une courte dispute avec le loup blanc, qui lui reproche son manque d’honneur pour oser prendre forme humaine, le combat éclate entre les deux canidés, bien vite interrompu par Gehl, le benjamin de la bande de Tsume.
Au même instant, une jeune fille, Cheza, coincée dans une bulle et étudiée par des scientifiques, s’éveille. Visiblement, l’odeur du sang de loup a réveillé celle que Cher Degre, apparemment chef de ce laboratoire, appelle “la fille de la fleur lunaire”, destinée à s’unir à un loup.
Si les loups pensent se jouer des humains grâce à leur camouflage, il en est pourtant un qui n’est pas dupe. Quent Yaiden, sheriff de Curious, accompagné de son chien-loup Blue, traque les loups assidûment, sans relâche. Aussi, quand il rencontre le loup blanc qui erre dans les rues, il n’hésite pas : il dégaine son arme et tire, blessant mortellement l’animal.

Capturé par les autorités locales, Yaiden est interrogé par l’enquêteur Hubb Lebowski et affirme que les loups existent encore. Quand on lui annonce que l’animal qu’il a descendu est mort, il refuse d’y croire et demande à voir le cadavre, car selon lui, les loups ne meurent pas si facilement. Le shérif se voit alors raccompagné à la porte.
Rejoint par Cher, son ex-femme, Hubb vient voir le cadavre du loup, et trouve devant la cage un jeune homme, Hige. Après le départ des deux inspecteurs, celui-ci revient et converse avec le loup : lui aussi a appris à se camoufler. Après l’avoir convaincu, il aide son comparse, qui se déguise sous les traits d’un jeune homme brun, à s’échapper. Celui-ci décide alors de s’appeler Kiba et explique qu’il est à la recherche du Paradis.
Peu après, un jeune louveteau, Toboe, quasi incapable de survivre par lui-même (il effectue une transformation, se montrant sous sa vraie forme, sous les yeux d’une fillette, à la suite d’une scène tragi-comique), est pris sous l’égide de Tsume, que tous ses hommes ont abandonné, le jugeant trop différent. Pendant ce temps, Kiba et Hige arrivent au laboratoire pour y rencontrer la fille de la fleur lunaire mais ont été devancés par Darcia, un personnage gothique au possible, qui possède un oeil humain… et un oeil de loup ! Sous les yeux de nos héros, ce noble, qui vit dans un sombre château où repose le corps inerte de son amour Harmona, kidnappe Cheza.
Rejoints par Tsume et Toboe, la meute de quatre loups, aux caractères contradictoires, va avancer et aider Kiba à accomplir sa quête.

Ce bref résumé des trois premiers épisodes de la série prouve combien la trame scénaristique de Wolf’s Rain est complexe. Fruit de NOBUMOTO Keiko, scénariste entre autres de Macross Plus, Escaflowne, RahXephon et CowBoy BeBop, l’histoire de Wolf’s Rain est peuplée de rebondissements et, via les nombreuses intrigues qui se croisent et s’entrecroisent, de révélations et de changements de voie. Qui plus est, alors qu’on regarde ce dessin animé, de nombreuses références sautent aux yeux du spectateur, mais l’ensemble garde quand même une originalité bienvenue. Ainsi, Kiba a un look très proche de celui de Kamui, le héros de X de CLAMP, et ses coéquipiers ne peuvent que rappeler certains chevaliers (cf. Saint Seiya) : Tsume, avec son air rebelle fait penser à Ikki, à plus forte raison puisqu’il aide (certes, à contre-coeur) Toboe, le jeunôt, à qui l’on assigne inconsciemment le rôle de Shun. Les nobles qui peuvent vivre dans les airs font penser à Gunnm, Darcia à Ashram de Lodoss, la quête de quatre jeunes héros à Saiyuki ou encore Yû Yû Hakusho, etc.
Cependant, l’univers néo-rétro très original, et la personnalité des héros surpassent toutes ces références impromptues. Si, en plus, on sait que c’est KAWAMOTO Toshihiro, déjà chara-designer sur CowBoy BeBop, qui les a dessinés, on comprend mieux pourquoi on accroche très vite à ces loups humanoïdes. Magnifiquement animés, la posture qu’ils arborent en tant qu’humains est tout aussi explicite que celles de loups dans une meute. Tsume, droit comme un I, incarne à lui seul la fierté ; Kiba, le chef de meute toujours tourné vers l’avenir, est constamment aux aguets ; Hige le roublard possède une démarche chaloupée ; quant à Toboe, avec son air maladroit, il reste bel et bien le “petit dernier” de la bande.
Notez par ailleurs que les prénoms des personnages font directement référence à une partie corporelle du loup proche de leur personnalité : Kiba signifie croc, Tsume griffes, Hige moustaches, et Toboe veut dire hurlement.

Comme dit plus haut, les personnages sont remarquablement bien animés, tant sous leur forme humaine que sous leur apparence de loup. Mais il en va de même pour tous les épisodes, dont l’animation est d’une qualité rarement atteinte pour une série TV. Il faut dire que le réalisateur n’est nul autre qu’OKAMURA Tensai, déjà responsable de Stink Bomb, le deuxième opus de Memories. Celui-ci s’en est donné à coeur joie : effets de zoom, panoramiques saisissants… Jamais dans une série TV, de tels “mouvements de caméra” n’avaient été osés. Et si la qualité de l’animation est assez bonne en moyenne, elle devient excellente lors des scènes clefs : le combat entre Kiba et les membres de la bande de Tsume restera dans les mémoires de ceux qui la verront.
Enfin, une autre personne est responsable de la qualité de Wolf’s Rain : KANNO Yôko, qui participa au succès d’Escaflowne et de CowBoy BeBop signe là encore une formidable bande-son. Mêlant tous les genres, sa musique apparemment disparate (en comparaison du style unifié qu’elle avait su utiliser pour CowBoy BeBop) accompagne parfaitement chaque scène. Et il y a fort à parier que les génériques de la série deviendront de grands classiques pour les animefans.

En se référant à l’article “Anime et épopées” de Den SIGAL, paru dans l’AnimeLand 90, c’est avec une joie non dissimulée qu’on regarde Wolf’s Rain, Kiba étant un personnage digne de Seiya ou de Tsubasa, un vrai héros dont on ne connaît pas le passé et qui ne ressasse aucune blessure cachée (à moins que le scénario ne vienne à nous surprendre ?) et qui ne vit que par et pour sa quête. Les personnages “secondaires”, comme Cher, Yaiden, et très probablement Darcia pourront, eux, apporter une atmosphère intimiste à la série, qui ainsi, réussit à jongler habilement entre quête téméraire et analyse introspective.

Si l’on résume, on a affaire à une série au scénario original se pliant néanmoins aux figures imposées (avec les personnages qu’on pourrait qualifier de stéréotypés), mêlant habilement des styles différents, à la réalisation audacieuse et réussie, esthétiquement magnifique et portée par de sublimes musiques. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’elle obtienne un succès bien mérité, et nul doute que lors de son arrivée en France, Wolf’s Rain sera connue comme le loup blanc.

Remerciements à Elise LE NARDOU et à Olivier PAQUET

Site officiel de la série : http://www.wolfs-rain.com

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