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20 sujets de 241 à 260 (sur un total de 410)

Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #497684

    Mélusine 26
    vient de paraître.
    J’aime beaucoup la série. Le sous-titre est “En rose et noir”, et semble désormais focalisé sur les aventures des seules Mélusine et Mélisande, mais je n’ai pas encore lu l’album….

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #498053

    Mélusine 26
    Lu à présent.
    C’est un étrange album.
    On y retrouve le bon vieux château (pourtant totalement détruit naguère !) et ses habitants, Madame, Monsieur, Winston, et l’obligation de ménage pour Mélusine ; on retrouve aussi l’Ecole des Sorciers (un peu oubliée naguère !) ; puis Adrazelle. Mais en fait il ne s’agit que de préparer une grande aventure des deux inséparables héroïnes, Mélusine et Mélisande, comme dans les albums 23, 24, 25. Exit les pages uniques de gags à chute.
    Cette fois un gros coup de théâtre ! et un final d’album qui n’est que celui de la 1ère partie, on attend la suite.
    Clarke a donc à la fois resserré certains boulons pour ne pas perdre de vue l’univers très particulier créé dans la série “Mélusine”, et installé adroitement une nouvelle donne.
    Mélusine n’est plus à la recherche d’un bô chevalier en armure, ni poursuivie par un curé brûleur de sorcières, ni tournée vers des farces potaches dans l’Ecole des Sorciers, ni à la colle avec un jeune magicien : après le suicide de Cancrelune, sa joyeuse pétulance semble envolée. Des aventures au long cours impliquent elle et sa cousine, les naïves bourdes de Mélisande procurant l’élément amusant d’un duo presque intime (comme on le voit au final de ce volume 26). Le registre purement comique n’est plus de mise.
    Il ne fait pas de doute que Clarke se sent plus à l’aise ainsi, mais le public des anciens “Mélusine” va t-il suivre ? Moi oui, pas de souci.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #498733

    Lucky Luke :
    J’en ai lu beaucoup autrefois, mais je n’en ai mis dans ma bédéthèque que très peu.
    Je vais sans doute scandaliser des gens, mais les albums avec les Dalton sont ceux que j’écarte. Bien sûr ce sont souvent des récits très drôles, grâce à Joe et Averell en particulier, mais peu de vrai inattendu s’y trouve. Surtout, les Dalton ravissent la vedette aux grandes stars de l’Histoire du Far-West (que Morris connaissait à fond) et que les albums faisaient découvrir avec ravissement au petit Yupa. Il y avait Jesse James, Calamity Jane, Billy the Kid
    Ou parfois la vedette est un grand événement de cette Histoire, comme dans “Ruée sur l’Oklahoma”, “Le Fil qui chante”, “Des rails sur la prairie”, “Le fil qui chante”…
    Les moeurs des bourgades de l’Ouest n’étaient pas en reste, et l’un de mes albums préférés est l’inénarrable “Les rivaux de Painful Gulch”, avec le clan des O’Timmins à gros nez et le clan des O’Hara à grandes oreilles 🙂 .
    Je viens d’ajouter à ma collec’ “En remontant le Mississipi”, sur l’épopée de ces énormes bateaux à roues à aubes. Sans doute vais-je en parler un peu dès que relu !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #498894

    En remontant le Mississipi est pour moi un des tout meilleurs albums “Lucky Luke”.
    Mais évidemment dans le grand nettoyage moral que nous subissons, il devient à peine publiable, et pas seulement parce que Lucky Luke fume du tabac roulé : les Noirs américains sont présentés comme extrêmement paresseux, et un de ces jours les pages 8 et 11 seront censurées.
    Pourtant ni Morris ni Goscinny n’avaient le moindre sentiment raciste, grands amateurs de jazz et gospels qu’ils étaient. D’ailleurs notre héros entendant les dockers noirs chanter un authentique gospel se dit “Pas mal, leur musique… Elle a de l’avenir…”
    La paresse des Noirs montre l’indifférence qu’ils opposent à leur exploitation comme semi-esclaves bien que “libérés”.
    L’enjeu de l’album crée un suspense dès le début, puisqu’il s’agit d’une course entre 2 capitaines de grands bateaux du Mississipi sur tout le cours de l’immense fleuve, à qui obtiendra sur l’autre le monopole de la navigation.
    Le capitaine Barrows, brave homme, va être secondé par Lucky Luke ayant tout de suite compris quel infâme individu est l’autre, le capitaine Lowriver. Hélas, celui-ci réussit souvent à retarder son honnête concurrent en lui faisant embarquer des crapules à la très savoureuse variété, petit abrégé de la délinquance à la frontière du Far West matérialisée par le fleuve :
    Un élégant tricheur gominé, Cards Devon, un colosse dont le crâne est une arme, Têtenfer Wilson, un sinistre spécialiste des bombes, Explosion Harris, et un desperado as du revolver, Pistol Pete. Luke les vaincra l’un après l’autre par des exploits tout aussi variés et riches en humour. A part cela on découvre avec intérêt la vie à bord d’un de ces magnifiques bateaux à roues à aubes, avec ses boiseries et décorations du Grand Salon, ses clients et leurs costumes 1870, le vieux pilote et ses histoires hyperboliques sur les caprices du fleuve, qui émaillent l’album d’ailleurs !
    En cas de baisse soudaine du Mississipi, on plaçait une aide-pilote à l’avant avec une sonde. Ici c’est un Noir de l’équipage, mais ce fut aussi le rôle d’un jeune Blanc qui annonçait la profondeur : “Mark thirty-five… mark thirty… mark thirty-two… mark twain !!!” Mark Twain, soit vingt pieds de fond, était la cote d’alerte. Bien plus tard, ce jeune aide-pilote sorti de rien devint écrivain et prit ce nom d’auteur.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #499671

    Selon le magazine Zoom, les séries de chez nous qui fonctionnent au Japon sont surtout Blacksad et Lastman, ainsi que les albums de Nicolas de Crécy.
    Par ailleurs le héros jeunesse qui fait là-bas un énorme succès reste l’indétrônable Snoopy de Schulz, qu’on voit partout… Oubliez tous les autres.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #500118

    Autre Lucky Luke que je souhaitais relire depuis longtemps (mais j’ai eu un peu de mal à le trouver, j’ignore pourquoi) :
    L’Empereur Smith.
    C’est peut-être bien le dernier (1976) dont le scénario soit signé Goscinny (mort en 1977).

    La posface évoque le modèle historique, authentique comme souvent dans la saga L. L. : Joshua A. Norton, un Anglais émigré à San Francisco dont la vaste fortunr s’effondra vers 1850, avec sa raison. Il décida alors qu’il était Norton Ier, empereur des Etats-Unis, protecteur du Mexique. On le trouva amusant, inoffensif, bon et courtois ; par plaisanterie on lui envoyait des télégrammes signés de chefs d’Etat, on publiait dans la presse ses “proclamations” fantaisistes. A son enterrement en 1880 il y eut plus de 10 000 personnes…
    Dans l’album Goscinny et Morris placent leur “empereur Smith” exactement dans la même situation que Norton, mais à Grass Town, bled du Far-West. Seule différence, Smith a gardé une imposante fortune, s’est offert un palais non loin de la ville, et aussi une petite armée, comme lui en uniformes napoléoniens. D’abord comme tout le monde amusé et indulgent envers ce très débonnaire souverain, Lucky Luke découvre que son armée est très bien équipée et possède même une artillerie. Il alerte les habitants, mais tout le monde continue à s’esclaffer. A deux exceptions près : le juge, assez inquiet, et un desperado tout juste libéré qui a très bien compris ce qu’on peut infliger aux banques avec des canons. Nommé “prince” et “ministre” le bandit réussit à manipuler Smith Ier, qui s’empare de la ville “rebelle”.Le desperado fait alors sauter la banque, au sens propre, à coups de canons. Les citoyens changent brusquement, devenus barons, comtes, ambassadeurs et lèche-bottes. Ils condamnent en justice les deux seuls réfractaires, le juge et Luke. Ce dernier s’échappe, et réussira à faire s’écrouler l'”Empire des Etats-Unis”.
    Dans Grass Town revenue à la normale, les habitants et ex-sujets dévoués de l’empereur se remettent à rigoler, prétendant n’y avoir jamais cru, malgré le mépris écoeuré du juge. Lucky Luke se contente de lui recommander de laisser tomber et de rester en éveil, puis s’en va en “lonesome cow-boy”.
    C’est donc un album dont la morale est très pessimiste, malgré évidemment beaucoup de gags excellents, dans les détails…
    Peu avant son décès (purement accidentel), Goscinny se sentait-il désabusé envers l’humanité ? Ou fut-il toujours sur la défensive avec elle ? Après tout il a souvent montré des réactions groupistes stupides et inquiétantes dans les bourgades du Far-West ou dans le village gaulois bien connu, non ?

    Xanatos
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    Xanatos le #500127

    Ah oui, L’Empereur Smith est un album très particulier de Lucky Luke, qui, si il a quelques bons gags, se caractérise par une ambiance assez sombre.

    J’avais été marqué par la fin douce amère où Lucky Luke délivre l’Empereur Smith: ce dernier semblait recouvrer ses esprits et, de prime abord, était bien parti pour emprunter la voie de la guérison avant de dire qu’il s’exilait comme son idole Napoléon 1er qui fut exilé sur l’île d’Elbe, puis quelques années plus tard, Saint Hélène où il y mourut…

    Il est vrai que l’hypocrisie de Grass Town est assez écoeurante et l’amertume du juge est compréhensible.

    Pourtant, dans certains des albums précédents, Goscinny avait dépeint les citadins d’une ville sous un aspect moins cynique.

    Dans l’album Jesse James, Lucky Luke avait réussi à capturer Jesse James et ses deux complices et eurent droit à un procès en bonne et due forme. Le hic, c’est que les citoyens étaient terrorisés par Jesse James et son gang, et, de crainte que ceux ci ne se vengent d’eux… les acquittèrent !

    Jesse et son gang repartirent victorieux et Luke, consterné par la lâcheté des habitants décida de quitter cette ville de “foies jaunes”.

    Emplis de remords, déterminés à se racheter, ils firent part de leur plan à Luke (qui les écouta d’une oreille distraite en jouant aux dames avec Jolly Jumper) et tendirent un traquenard à Jesse James. Je trouve que c’est l’une des meilleures scènes de l’album: Jesse retourne en ville, ravi à la perspective de piller la banque et il a la stupeur de voir comme affiche épinglé sur la porte “On ne donne pas d’argent aux voleurs et desperados !” et tout de suite après, l’ensemble des habitants tirèrent sur les infâmes bandits !

    Je trouve que c’était un passage fort de l’album qui démontrait que le plus grand courage était de surmonter sa propre peur, faisant écho à l’excellent album de Astérix Astérix et les Normands qui avait un message tout aussi positif et constructif.

    Sinon, pour répondre à ta question Yupa, L’Empereur Smith ne fut pas le dernier album de Lucky Luke écrit par René Goscinny, c’était Le Fil qui Chante qui narrait l’expansion et le développement du télégramme à travers les Etats Unis. Il fut publié et édité en 1977 quelques mois avant sa mort accidentelle et brutale.

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #500240

    Grâce à ta précision Xanatos sur le dernier album Lucky Luke scénarisé par Goscinny, je me le suis procuré :
    Le Fil qui chante
    Un très bon album comme je les aime, avec un prélude historique soigné, passionnant (et drôle !) sur la lenteur extrême du courrier, sur le Pony Express, et sur la décision de Lincoln de relier enfin l’Est et l’Ouest par le télégraphe (1861). Les minutieux le remarqueront, l’avant-dernier album goscinnien L’Empereur Smith se déroulait 5 ans plus tard puisque sous la présidence de Grant, “l’usurpateur” selon Smith. On est dans un flash-back de la vie de Luke, le plus ancien datable en fait.
    L’intrigue de base, la course d’obstacles au télégraphe entre deux ingénieurs, rejoint une autre course à obstacles, celle entre les deux capitaines de En remontant le Mississipi. Mais dans cette dernière, un des deux concurrents est un filou qui envoie successivement 4 crapules contre le concurrent honnête. Ici plus subtilement les deux chefs d’expédition Gamble et Creighton sont parfaitement loyaux (et attestés historiquement), et le filou est seulement l’adjoint Bradwell visant la prime. Dans le saloon “de rigueur” ce dernier passe un marché mais avec une seule crapule ; celle-ci nous reste invisible, le cadrage identique sur 8 cases ne montrant au lecteur que le profil de l’ignoble Bradwell. Et ainsi, le traître et saboteur dans l’équipe de Gamble et Luke restera un mystère, et pour le lecteur aussi, car une des cases au saloon lui montre la poignée de main d’un Blanc avec Bradwell, or de façon inattendue et très rusée pour masquer ses actions, le traître s’est déguisé en guide indien. Le cliché de western voulant ce genre de personnage noble et loyal (le racisme des western n’est qu’une idée reçue, pratiquement aucun ne dévalue les Indiens), la surprise est complète au final ! D’autant que le faux “Epervier Malingre” prévient efficacement la caravane d’une grande chute d’eau parfaitement réelle. Pourquoi ? eh bien il lui serait inutile de mentir, et surtout cet acte honnête dédouane l’Indien des soupçons éventuels du lecteur, qui cherche en vain l’identité du traître comme toute la caravane ! On mesure la finesse narratologique de Goscinny…
    Trop d’excellents gags pour les lister ! Mais on retrouve aussi le pessimisme relatif de Goscinny : le naïf et enthousiaste Gamble dit à Luke à propos des sabotages “Les gars de l’équipe sont des types bien ! Ils ne trahiraient pas pour de l’argent !
    Vous n’avez pas assez confiance dans la nature humaine !”
    Notre cow-boy ne répond qu’en interrogeant tour à tour trois des ouvriers sur leur motivation, qui n’est que la prime, et n’a rien à voir avec un intérêt pour “cet imbécile de fil”. Et Luke de conclure : “En route, Gamble, mais ayons l’oeil sur la nature humaine…” Ce qui rejoint pleinement sa conclusion dans L’Empereur Smith.

    A mon avis les meilleurs albums de Lucky Luke sont ceux à substrat et personnages historiques. Je ne crache pas sur un Dalton de temps en temps (les premiers), d’ailleurs cette bande des 4 a réellement existé, et c’est Goscinny qui en a fait un quatuor de “cousins” comiques, après une histoire plutôt glauque de Morris sur les vrais Dalton. Mais vraiment ils sont devenus trop répétitifs pour mon goût, surtout évidemment après le décès de Goscinny. Au moins son Lucky Luke roula toujours ses cigarettes ! C’est quoi, cette ridicule brindille au bec ?? Les Studios Hanna-Barbera prêts à lancer la série animée aux USA exigèrent ce changement de Morris en 1983, ne voulant pas d’ennuis avec les associations anti-tabac. Bien que l’animé se révéla un échec total en 1984, Morris dans la foulée supprima la clope au profit du brin d’herbe dans tous les albums suivants ; il en fut récompensé par un prix décerné par l’OMS… Morris, va donc, hé, foie jaune !

    Xanatos
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    Xanatos le #500534

    Oui tout à fait Yupa, Le Fil qui Chante l’ultime album que Goscinny a écrit pour Lucky Luke est une belle réussite.

    L’introduction est en effet hilarante, on voit un jeune homme en Angleterre écrire à sa dulcinée vivant toujours aux Etats Unis et lui proposant de le rejoindre. La lettre a mit une vingtaine d’années avant d’arriver à destination… pour finir dans les mains de l’époux de sa bien aimée ! 😆

    Au sujet de la scène où Bradwell converse avec son futur complice énigmatique, ce dernier lui déclare “Mais vous savez Bradwell, l’équipe de Craighton est composée d’hommes compétents et passionnés, même si vous ne trichez pas, vous avez des chances de gagner…”

    Ensuite, Bradwell admet en effet que les membres de son équipe sont talentueux et reconnait qu’ils sont tout à fait capables de remporter la victoire sans avoir recours à de la tricherie, néanmoins, cet ignoble individu voulait mettre toutes les chances de son côté afin de toucher le pactole !

    En ce qui concerne les membres de l’équipe de Gamble, il est vrai qu’ils sont obnubilés par la prime, au point de quasiment en perdre la tête.

    De plus, le traitre de par ses actes de sabotage suscita une vraie tension qui aurait pu déboucher sur des drames. Par exemple, dans le désert, plusieurs membres de l’équipe ont soupçonné Pots le cuisinier d’avoir détruit les réserves d’eau et voulaient le lyncher et ce dernier était prêt à se défendre vaillamment. Luke a ensuite tiré sur l’outil de cuisine brandi par Pots mais c’était uniquement pour calmer les esprits. J’avais bien aimé une des scènes suivantes où Luke, voyant Pots de prime abord dépité et déprimé lui déclare “Allons Pots, ne te mets pas dans cet état, je ne te crois pas coupable”… Et il lui répond du tac au tac “Non Luke, je sais que je ne suis pas coupable… Mais si j’avais de l’eau, avec tout le sel qu’il y a dans ce désert, je ferai des repas du feu de Dieu !”

    Ce que tu dis sur le relatif pessimisme de Goscinny sur la nature humaine est vrai Yupa.

    Toutefois, la fin est très belle: Luke déclare à l’équipe de Gamble: “Les gars de l’équipe de Creighton est arrivée, mais eux aussi ont souffert, eux aussi ont surmonté de terribles épreuves ! Qu’est ce qu’on fait alors ?” et l’équipe crie haut et fort “ON PARTAGE LA PRIME !” 😀

    Une conclusion magnifique, où les hommes de Gamble ont abandonné leur égoïsme et jeté aux orties leur cupidité, en ayant su faire preuve de compassion, d’empathie et de générosité vis à vis de leurs concurrents lors de cette compétition. 🙂

    Alors au sujet de l’évolution de la série de Lucky Luke je trouve, que dans les années 80, même après le décès de René Goscinny, la série avait su rester excellente et a su bien se renouveler.

    Des scénaristes comme Vicq, Loo Hartog Van Banda, Xavier Fauche et Jean Léturgie, de Groot… ont su conserver l’esprit de la BD, ce mélange habile entre fiction et réalité historique, humour, aventure, action… fonctionnant toujours très bien.

    Des albums tels que Le Magot des Dalton, La Corde du Pendu, Sarah Bernhardt, Fingers, le Daily Star… sont de très grande qualité et tiennent la dragée haute aux meilleurs albums de Goscinny.

    A titre personnel, je dirai que la série a commencé à décliner dans les années 90, les histoires s’essoufflaient on sentait la fatigue de Morris qui photocopiait à outrance ses dessins pour tenir la cadence…

    Sinon au sujet de la censure, je fais un constat édifiant: depuis plus de dix ans, les deux premiers films d’animation de Lucky Luke en l’occurence, Daisy Town et La Ballade des Dalton ne sont pratiquement plus rediffusés à la télévision.

    Pourquoi ? Parce que Luke fume comme un pompier et le CSA ainsi que la loi Evin ne voient pas cela d’un très bon oeil !

    Dommage de priver les spectateurs néophytes ainsi que les plus jeunes de la découverte des ces joyaux de l’animation Française.

    Je pense en particulier à La Ballade des Dalton dans lesquels Goscinny et Morris se sont fortement investis et qui est encore à ce jour le film d’animation le plus respectueux de l’esprit de la BD.

    Ce qui est triste, c’est que Goscinny est mort avant la fin de la production de ce long métrage et n’a par conséquent pas pu voir ce superbe film finalisé.

    Anecdote amusante: c’est René Goscinny qui interprète Jolly Jumper dans le film ! 😀

    Après pour ma part, j’ai toujours adoré les Dalton qui font partie de mes méchants préférés de la série, tant ils sont haut en couleurs et désopilants. Morris avait même avoué dans une interview les préférer à son héros Lucky Luke !

    D’ailleurs Les Dalton dans le Blizzard est l’un des Lucky Luke qui m’ont fait le plus rire.

    Joe a l’idée “lumineuse” de se faire rebaptiser les frères “Jones” pour brouiller les pistes de Luke et ainsi lui échapper… Et ce grand dadais de Averell n’arrivait plus à se souvenir comment il s’appelait ! 😆

    Mais l’un des meilleurs gags, c’est quand ils essayaient une fois de plus de s’évader du pénitencier. Ils ont creusé un tunnel, et en arrivant à la surface, ils tombent sur le blanchisseur Chinois Ming Li Foo. Et ensuite, Averell déclare “On a creusé trop loin !” 😆

     

     

    Veggie11
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    Veggie11 le #500563

    À noter la sortie d’un Hors-série Géo Histoires en album consacré à Lucky Luke et à la véritable Histoire du Far-West. Les lecteurs déjà connaisseurs des vrais événements n’y trouveront sans doute rien de neuf, mais pour les néophytes le hors-série est de très bonne facture et instructif.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #500592

    Oui tout à fait Yupa, Le Fil qui Chante l’ultime album que Goscinny a écrit pour Lucky Luke est une belle réussite.

    L’introduction est en effet hilarante, on voit un jeune homme en Angleterre écrire à sa dulcinée vivant toujours aux Etats Unis et lui proposant de le rejoindre. La lettre a mit une vingtaine d’années avant d’arriver à destination… pour finir dans les mains de l’époux de sa bien aimée ! ?

    Au sujet de la scène où Bradwell converse avec son futur complice énigmatique, ce dernier lui déclare “Mais vous savez Bradwell, l’équipe de Craighton est composée d’hommes compétents et passionnés, même si vous ne trichez pas, vous avez des chances de gagner…

    Ce que tu dis sur le relatif pessimisme de Goscinny sur la nature humaine est vrai Yupa.

    Toutefois, la fin est très belle: Luke déclare à l’équipe de Gamble: “Les gars de l’équipe de Creighton est arrivée, mais eux aussi ont souffert, eux aussi ont surmonté de terribles épreuves ! Qu’est ce qu’on fait alors ?” et l’équipe crie haut et fort “ON PARTAGE LA PRIME !” ?

    Une conclusion magnifique, où les hommes de Gamble ont abandonné leur égoïsme et jeté aux orties leur cupidité, en ayant su faire preuve de compassion, d’empathie et de générosité.

    Sinon au sujet de la censure, je fais un constat édifiant: depuis plus de dix ans, les deux premiers films d’animation de Lucky Luke en l’occurence, Daisy Town et La Ballade des Dalton ne sont pratiquement plus rediffusés à la télévision.

    Pourquoi ? Parce que Luke fume comme un pompier et le CSA ainsi que la loi Evin ne voient pas cela d’un très bon oeil !

    Dommage de priver les spectateurs néophytes ainsi que les plus jeunes de la découverte des ces joyaux de l’animation Française.

    Je pense en particulier à La Ballade des Dalton dans lesquels Goscinny et Morris se sont fortement investis et qui est encore à ce jour le film d’animation le plus respectueux de l’esprit de la BD.

    Ce qui est triste, c’est que Goscinny est mort avant la fin de la production de ce long métrage et n’a par conséquent pas pu voir ce superbe film finalisé.

    Après pour ma part, j’ai toujours adoré les Dalton qui font partie de mes méchants préférés de la série, tant ils sont haut en couleurs et désopilants. Morris avait même avoué dans une interview les préférer à son héros Lucky Luke !

    D’ailleurs Les Dalton dans le Blizzard est l’un des Lucky Luke qui m’ont fait le plus rire.

    Petite rectification, ami Xan’, en fait le jeune homme est installé en Californie, et sa fiancée à New-York ; or la lettre part avec le Pony Express, mais suite aux vicissitudes du parcours, obstacles, conflits, intempéries, problème de relais à cheval, elle arrive enfin, et quatre bambins se précipitent en annonçant “Maman, une lettre pour toi !” et en voix off elle répond “Donnez-la à Papa, je m’occupe du bébé !”… On comprend alors la nécessité du lien entre l’Est et l’Ouest par le télégraphe : tout est dit, mais de façon hilarante !

    La séquence avec l’ignoble Bradwell m’a fait mourir de rire par sa chute : le complice futur saboteur lui fait en effet remarquer que même honnêtement son équipe pourrait gagner, mais Bradwell explique qu’il est bien plus sûr de tricher, et que dès que la prime lui sera versée en tant que chef d’équipe, il disparaîtra avec les cent mille dollars au lieu de les distribuer, puis en donnera la moitié au complice ; celui-ci dit : “D’accord ! Mais ne t’avise pas de filer avec ma part”. Et Bradwell de répondre : “Tu me prends pour une fripouille ?” 🙂 🙂

    J’ai un très bon souvenir moi aussi des “Dalton dans le blizzard”, et comme tu le dis Xanatos il se peut bien que les oubliettes TV concernant le film “La Ballade des Dalton” s’explique par la censure de la tabagie de Luke. D’ailleurs seules désormais les séries TV anglaises osent montrer des gens qui fument et boivent, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. La moraline est partout ailleurs.

    Les Dalton sont un concept comique et graphique excellent : non seulement ils vont toujours par ordre de taille en crescendo, Joe devant et Averell derrière, mais les larges rayures jaunes et noires de leur très habituel uniforme de bagnards les stylisent à l’oeil en 4 frelons (qui ne savent pas piquer grand-chose ni grand-monde !). La série de courts épisodes sur les Dalton dans leur pénitencier m’a plu davantage que les albums du genre, par son délire et son graphisme détaché de Morris. En gros, je préfère les albums où notre bande des 4, évadée, vit une aventure extérieure, parfois familiale (Ma Dalton).
    Morris et Goscinny se respectaient beaucoup, mais le premier comprenait assez mal le second et l’orientation qu’il donnait à Luke. Pas étonnant donc qu’après 1977 il ait déclaré préférer les Dalton à Luke, presque évacué aujourd’hui. On connaît bien le processus fréquent du héros supplanté par un ou des personnages secondaires plus drôles, plus frappants. Les Dalton n’ont plus besoin de Luke ; exit Johan et Pirlouit au profit des Schtroumpfs ; Tintin s’effaçait peu à peu devant Haddock, etc. Vous compléterez facilement !

    Merci de l’info, Veggie ! Dès que je le vois, j’achète ce magazine.

    Xanatos
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    Xanatos le #500609

    Au sujet des divergences entre Goscinny et Morris, c’est en effet authentique.

    Figure toi Yupa que j’avais appris en 1995 via Jean Tabary (qui était invité dans l’émission Canaille Peluche qui présentait le dessin animé adaptant sa série majeure Iznogoud ) que Morris détestait les jeux de mots et, à chaque fois que René Goscinny les mettait dans les dialogues de Lucky Luke , Morris les effaçait systématiquement !

    C’est vraiment dommage, surtout quand on sait que Goscinny était un génie du calembour.

    Tabary lui au contraire adorait les jeux de mots de Goscinny et il les laissait toujours dans les dialogues de Iznogoud.

    J’avais appris ensuite dans une interview de Morris (qui corroborait les propos de Tabary) pourquoi il ne voulait pas de jeux de mots dans “Lucky Luke”: c’est parce qu’il pensait aux pays Etrangers qui allait importer et traduire sa série, et il estimait que ce serait un cauchemar pour les traducteurs de traduire cela !

    Il est vrai cependant que Goscinny et Morris avaient beaucoup d’estime l’un envers l’autre.

     

    Lors du décès de Goscinny, Morris a réalisé un dessin émouvant, représentant Goscinny sous la forme de la statue de la Liberté avec Lucky Luke et les Dalton lui rendant hommage, et, sous la statue, il y avait écrit “A René Goscinny, la bande dessinée reconnaissante”. 🙂

    Au sujet du tabac censuré à la télé et les films de Lucky Luke c’est franchement regrettable.

    J’avais beau adorer Lucky Luke étant enfant, le voir fumer ne m’a personnellement jamais ô grand jamais donner envie de fumer.

     

     

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501205

    En BD occidentale, je reste sur le mode Lucky Luke nostalgique en ce moment.
    J’ai relu Sarah Bernardt mais assez peu apprécié. Certes, le substrat historique que j’aime bien y est, mais les bonnes idées sont rares, si l’on excepte celle du traître qui est la femme du Président Hayes travestie en homme. Le récit est plutôt incohérent. Le voyage ayant réellement eu lieu, Fauche et Léturgie ne pouvaient faire faire n’importe quoi à Sarah Bernhardt. A noter que le président Rutherford Birchard Hayes qui accueille Sarah à son arrivée en 1880 a été un excellent président, qui a réussi à casser le bras de fer entre ex-sudistes et ex-nordistes et à forcer le Sud à enfin respecter le droit électoral des Noirs, enfin à peu près car ce fut longtemps encore très imparfait comme on sait, sans compter les autres droits démocratiques.

    Fauche et Léturgie ont infiniment mieux réussi leur album Le Daily Star et rivalisent là aisément avec Goscinny, comme tu le disais Xanatos.
    Dès la page 5, on voit Luke tirer plus vite que son ombre projetée sur un rocher tout en se versant du café ! mdr ! Les attaques de trains ne se heurtent qu’à des voyageurs et personnels tout à fait blasés, mécontents quand une agression ne se déroule pas aussi banalement que d’habitude. Horace imprime les nouvelles dans son journal à une vitesse quasiment simultanée !
    Un excellent gag récurrent réunit les trois crapules de la ville qui complotent pour nuire au journal.
    Jolly Jumper atteint à un niveau d’intelligence réellement exceptionnel, et drolatique !
    Enfin les liens avec l’histoire de l’Ouest et l’essor de la presse aux USA ajoutent au plaisir.
    Avec la première vague d’immigration massive, majoritairement anglophone (Irlandais, Ecossais, Gallois, Canadiens) mais plutôt inculte, les journaux américains pour les intéresser a créé la “presse à sensation”, forçant du même coup l’Europe à suivre avec une presse moins élitiste et salonnarde, plus proche du terrain. Notre album le montre avec les débuts chichiteux et foireux d’Horace cherchant à vendre au saloon, et le conseil de Luke :”Parlez-leur de ce qui les intéresse”. C’est à cette époque que la jeune Nellie Bly invente pour Pulitzer le “journalisme d’investigation” en se faisant enfermer dans un asile d’aliénés, puis dans une prison pour femmes afin de dénoncer des conditions de vie innommables. Plus tard, vers 1890 / 1900, face à un autre grand rush d’immigration cette fois rarement anglophone (Allemands, Polonais, Juifs russes, Italiens du Sud, Chinois…) ce sont bel et bien les journaux américains qui ont inventé la vraie bande dessinée, récits par l’image presque sans texte.
    Le monde de Lucky Luke en reste à la première phase car il doit rester celui d’un “Far-West” non encore bien régulé, pacifié, normalisé : Horace arrive dans une ville où il n’existe pas encore de journal !
    Evidemment à la fin de cet excellent album très drôle il y a un anachronisme : le petit Pipo a décidé de devenir journaliste mais sous son vrai nom : Albert Londres. Malgré les autres références correctes (Samuel Bowles, Buffalo Bill Cody) celle-ci est impossible, car Albert Londres est né à Vichy en 1884, et non à Dead End City. Il a sillonné le monde mais pas l’Amérique du Nord. Et pour qu’il ait environ 12 ans comme Pipo il faudrait dater “Le Daily Star” de 1896. En donnant 25 ans à Luke, déjà tireur imparable, dans “Le Fil qui chante”, récit racontant l’installation du télégraphe en 1861, ça nous donne un Lucky Luke de 60 ans…
    Peu importe. En fait Luke ne vieillit jamais, ainsi qu’Astérix ou Tintin. Il habite une époque cependant datable : celle du Far-West. Epoque presque terminée déjà selon le prochain album que je vais commenter, Le Grand Duc. 🙂

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501325

    Chose promise, chose due :

    Le Grand Duc, un bel album signé Goscinny pour le scénario.
    Le pitch, la visite d’un Grand Duc (= membre de la famille impériale russe) aux Etats-Unis pour signer un accord de très haute importance, est une allusion assez nette à un traité en 1867 : l’achat par les E.-U. de l’Alaska, pour seulement 7,2 millions de dollars. Vingt ans plus tard l’Alaska rapporta 81 millions de dollars à Washington, en fourrures et mines d’or !! Et l’URSS en pleine guerre froide s’en mordait les doigts, comme on pense…
    Sans que ce soit un des tout meilleurs, l’album est assez drôle, par exemple dans les dialogues de Jolly Jumper avec d’autres chevaux : en route en train pour Abilene, la ville vouée totalement au bétail, il demande à un autre cheval de son wagon : “C’est bien, Abilene ?” et l’autre répond : “Pas pour nous. Quand j’y reste trop longtemps, je prends l’accent.” Jolly Jumper : “Quel accent ?” et l’autre : “Meuh.”
    Luke doit guider en toute sécurité le Grand Duc à travers l'”Ouest Sauvage” dont celui-ci rêve, mais ce n’est déjà plus qu’un mythe ; de plus, paradoxalement, Luke va s’évertuer à désamorcer à l’avance tout danger. Et il s’ennuie beaucoup, le Grand Duc…
    Les moments les meilleurs concernent le saloon d’Abilene avec la danseuse Laura Legs qui est très marrante, voire émouvante dans son hiatus culturel avec le colossal mais raffiné Grand Duc, lequel tient à boire du champagne dans sa chaussure et lui fait le baisemain. Emerveillement de la fille de bar à cow-boys !! Mais le versant plus sombre montre que Laura Legs est sous les ordres d’un maquereau de saloon. Car oui, le Far-West épique, sauvage, naïf, chaotique a déjà disparu. En l’absence de guerres indiennes (et même d’Indiens, tous parqués dans des réserves sans doute), Luke est obligé de demander au 7eme de cavalerie de simuler une attaque de “Peaux-Rouges”, ce qui donne lieu aux meilleurs gags de l’album… avec ceux de la roulette russe.
    Le seul vrai danger, et dont Luke ne prendra pas du tout conscience, est un nihiliste poseur de bombes décidé à tuer l’altesse russe. Bien sûr il ratera chaque attentat, mais au final il apprend que le tsar va venir à son tour et se promet donc d’assassiner plutôt celui-ci. Clin d’oeil un peu sinistre, puisque le tsar Alexandre II, celui-là même qui a vendu l’Alaska, fut en effet tué par une bombe nihiliste en 1881 ! Evidemment ce souverain assassiné fut le seul tsar à s’être montré anti-impérialiste, libéral, réformateur, abolissant le servage entre autres. Je ne sais pas si vous avez remarqué, ce sont toujours ceux-là qu’on tue. Les dictateurs qui ont du sang jusqu’aux coudes ne se font jamais tuer, sauf au final d’une guerre extérieure qui les dégomme.
    Je trouve donc un peu de noirceur cachée dans cet album…

    Veggie11
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    Veggie11 le #501500

    Houlà, la madeleine ! J’adorais lire le Grand-Duc il y a une bonne quinzaine d’années, alors que je découvrais au même instant l’histoire des Romanov et le règne d’Alexandre II, qui reste ma période préférée. J’aimais justement repérer ces allusions à la réalité des faits et même si le grand-duc en question n’a jamais existé (les frères d’Alexandre II s’appellent Constantin, Nicolas et Michel – je dis ça car de mémoire, le grand-duc de l’album est présenté comme étant le frère du Tzar), il m’a beaucoup fait rire à l’époque. La scène finale avec le nihiliste qui décide d’assassiner le Tzar à la place du grand-duc est comme tu dis teintée d’humour noir , surtout lorsqu’on connaît le déroulement précis des événements du 1er mars. Hélas, pour avoir une version fidèle de cet assassinat, il est préférable de se tourner vers des productions russes, car les 2 versions que nous avons eu en France (les 2 films ”Katia” d’après le roman du même nom, romance quelque peu niaise et même très fantaisiste par moments des amours du Tzar avec sa maîtresse et seconde épouse) proposent leur propre vision.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501650

    Ah bravo Veggie, on voit que tu connais à fond l’histoire de la Russie des Romanov, sur laquelle tu tenais un blog (désolé de n’y être pas allé voir, c’est pour moi associé à un cousin “à problème”). En fait, le Grand Duc de Lucky Luke n’est pas présenté comme le frère du Tsar, mais comme son “représentant personnel et plénipotentiaire”, et il s’appelle Leonide (en 1973, Goscinny pensait sans doute à Leonid Brejnev).

    Les Rivaux de Painful Gulch :
    Un grand classique ! Beaucoup de drôlerie ! Lucky Luke commence par tomber dans deux embuscades, l’une pour voir ses oreilles car il porte son usuel chapeau, l’autre pour voir son nez car une bourrasque de poussière lui a fait mettre son foulard au visage. A la merveilleuse trouvaille de la haine mortelle entre les O’Hara (à grandes oreilles décollées) et les O’Timmins (à gros nez rouge) s’ajoute celle du fait qu’il tirent tous tellement mal qu’ils restent très nombreux dans les deux clans, pour le malheur de la petite ville, et pour le bonheur des gags !!
    Une certaine gravité se fait jour quand le maire objecte à Luke, qui suggère de simplement les laisser s’écharper entre eux : “Pas si simple !” Car ils détruisent tout ce qui pourrait être utile à la cité DONC aussi à leurs ennemis. Ce mécanisme règne hélas aussi bien aujourd’hui dans certaines zones du monde, où la rage des adversaires mène à anéantir les efforts neutres de reconstruction ou de progrès.
    Les deux familles sont d’authentiques fermiers, en salopettes de toile, le plus souvent pieds nus, note réaliste : les pionniers, très religieux et donc très prolifiques, ne pouvaient acheter des chaussures, rares et chères, à mesure de la croissance de leurs nombreux enfants, qui vaquaient pieds nus jusqu’à l’âge adulte. L’album est très “féministe” puisque Mme O’Timmins et Mme O’Hara vont contraindre les hommes de leurs clans à faire la paix, affirmant “en avoir marre de voir les femmes faire tout le travail de la ferme pendant que les hommes ne pensent qu’à se battre pour des raisons que personne ne connaîtra jamais”. Bien sûr c’est aussi grâce à la rivière et au plan de Luke.
    Auparavant le plus hilarant de l’album reste l’impayable grand concours de Painful Gulch, où tous les citoyens reçoivent de Luke l’ordre de perdre les épreuves pour faire gagner un O’Timmins ou un O’Hara alternativement : d’où des pages bourrées de gags à un rythme soutenu !
    En arrière-plan la plausibilité de ces rivalités haineuses entre clans familiaux augmente la qualité de l’album : dans le véritable Far-West presque sans lois, sans urbanisation, on régla l’appropriation des terres et leurs limites à coup de fusil, ce qui ne les réglait pas du tout à cause des vendettas familiales. Les solitaires étaient rares, les familles nombreuses répétons-le, au contraire du mythe des films. Lucky Luke, le lonesome cow-boy, sort des films, et c’est pourquoi, nommé maire, il prend le parti de la petite ville naissante, de la paix, contre les fermiers claniques survivants des premiers âges de la conquête, les O’Timmins et les O’Hara. Le motif de leur haine d’ailleurs reste perdu dans le passé, et on ne le connaîtra pas, obscure vendetta.
    Un magnifique album !

    Veggie11
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    Veggie11 le #501651

    Ah bravo Veggie, on voit que tu connais à fond l’histoire de la Russie des Romanov, sur laquelle tu tenais un blog (désolé de n’y être pas allé voir, c’est pour moi associé à un cousin “à problème”). En fait, le Grand Duc de Lucky Luke n’est pas présenté comme le frère du Tsar, mais comme son “représentant personnel et plénipotentiaire”, et il s’appelle Leonide (en 1973, Goscinny pensait sans doute à Leonid Brejnev).

    Il va falloir que je relise cet album un jour, merci d’avoir corrigé ! J’étais persuadée qu’on disait du grand-duc que c’était le petit-frère d’ Alexandre II, j’ai dû confondre avec une autre bande-dessinée que je lisais à la même époque et dont j’ai hélas oublié le titre. La BD tournait autour de deux grognards (un soldat adulte et un très jeune tambour de 12 ans) engagés durant la Campagne de Russie par Napoléon, sur un ton bien entendu comique. Là aussi intervenait un frère (fictif) du Tzar (cette fois Alexandre 1er), bizarrement aussi prénommé Léonid… (faut croire que c’était la tendance à l’époque !)

     

    Ah oui, c’est vrai que mon intérêt pour les Romanov ne date pas d’hier, depuis le jour où j’ai lu un article sur les événements de juillet 1917. Néanmoins, c’est un autre Tzar qui a fini par attirer mon attention, alors que bien souvent les médias francophones évoquent surtout Nicolas II (et Anastasia).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501660

    Oui, les médias français, ignares ou politiquement biaisés à mon avis, ne montrent presque rien de l’Histoire réelle des pays étrangers, à part l’Allemagne et l’Angleterre. La Russie (ou le Japon) n’en parlons pas, clichés à pleins tubes, excepté sur Nicolas II comme tu le dis. Et sur les USA vers 1870, j’ai essayé de le signaler, on en apprend souvent plus dans les Lucky Luke que dans nos grands journaux.
    J’ai oublié deux points à propos de Les Rivaux de Painful Gulch :
    – Une erreur : c’est un très vieil album (1962), d’où sans doute une bourde due au rythme de la parution encore assez mal supervisée rétroactivement ensuite : page 15 de l’album Dupuis, Mme O’Timmins est une placide grosse dame très passive, et elle change complètement page 41, bien plus mince et plus autoritaire, de visage tout différent !
    – On constate que ni Luke ni Jolly Jumper n’avaient la même allure que plus tard : Luke avait le front et le nez dans le même prolongement, un menton plus effacé, et pas de “pattes” près des oreilles. Jolly Jumper a une tête compacte très réaliste pour un cheval, très différente des albums années 1970 et ensuite.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501675

    On vient d’annoncer la sortie d’un nouvel album : Lucky Luke à Paris, par Jul et Achdé.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #501928

    Au temps pour moi, le titre est Un cow-boy à Paris !

    Je l’ai acheté et lu. C’est un plutôt bon travail de Jul et Achdé, avec cependant quelques gags qui tombent un peu à plat, et d’autres excellents.

    Lucky Luke va être amené à suivre l’épopée du montage et de l’installation de la Statue de la Liberté à New-York (qui dans le réel a pris dix ans !). Il protègera Bartholdi et cet emblème de la liberté des menées d’un sinistre maniaque de la privation de celle-ci, Locker (= placard, consigne), directeur de pénitencier et auteur d’un livre sur les barreaux et clôtures dans l’Histoire : “50 nuances de grilles” :-). Le pitch est très bien trouvé !
    Un grand nombre de gags reposent sur de tels clins d’oeil anachroniques et références. Peut-être un peu trop recherchés, c’est ma seule réserve. Par exemple à Paris Luke aperçoit Verlaine et Rimbaud, lequel se comporte comme Billy the Kid et revolver au poing réclame hystériquement des caramels mous à un cafetier ; celui-ci lui répond qu’il va finir par blesser quelqu’un avec son revolver. Or il faut comprendre (cours de Terminale) l’allusion au coup de revolver, en réalité de Verlaine sur Rimbaud et qui le blessa légèrement. Inversion tarabiscotée… Et il y a quelques autres références assez pointues, dont une que je n’ai même pas comprise sur un “matou dans le désert” à propos du Sphinx de Gizeh (!???).
    On rit bien aux allusions à l’âge de Luke, qui devrait être canonique comme je l’ai déjà mentionné ailleurs ! Je regrette sa moche lippe pendante dans cet album, et ce foutu brin d’herbe alors qu’en 1885 tous les hommes fumaient !!
    Mais bon, c’est une lecture sympa quand même.

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