Dans une Cabane à Livres j’ai trouvé l’album Astérix chez Rahazade, de 1987. C’est dix ans après le décès de Goscinny (Uderzo le crédite en couverture, mais ce n’est qu’un hommage, pas une arnaque comme les Schtroumpfs par un faux Peyo). La princesse des 1001 Nuits Shéhérazade fournit le calembour autour de son nom dans le titre, d’ailleurs le récit n’en manque pas, de calembours, ni de jeux de mots ! L’humour brille efficacement dans l’album, plaisant grâce à ses gags bien amenés. Cependant les noms indiens terminés en -ça ne sont pas toujours hilarants et ne suivent même pas vraiment cette règle. Celui du fakir Kiçah a pour but évident la réponse “C’est Kiçah” à la question (par Bonnemine) “C’est qui ça ?”… bof. Les noms du rajah Cékouaça ou de l’infâme gourou Kiwouâlah font à peine sourire, mais j’ai ri pour celui du fakir Mercikhi. Les références aux divers dieux des peuples traversés cherchent le sérieux historique, un peu trop peut-être. Par contre l’architecture et les costumes du royaume gangétique sont très anachroniques : ce sont ceux de l’Inde de l’occupation turco-persane post-islamique (du 12e siècle au 19e), on est bien loin de l’époque de nos Gaulois ! Seul le dresseur d’éléphants Pourkoipâh porte une coiffure assez conforme à l’Inde antique. Goscinny à mon avis n’aurait pas estropié l’Histoire à ce point (1300 ans !). Mais bon, le but est visiblement un clin d’oeil au vizir Iznogoud ou au Jafar d’Aladdin. Ce qui m’a déplu dans cet album malgré ses qualités comiques, c’est cet Obélix boulimique qui ne pense qu’à manger et le réclame presque à chaque case où on le voit : il en devient à la limite de la débilité mentale, sans autre dialogue et toujours ronchon quand il ne mange pas. Même Astérix finit par s’en apercevoir puisque dans une case où nos héros se hâtent le matin au secours d’Assurancetourix, ils disent “j’ai hâte de savoir comment il va”, Obélix répond “Et moi j’ai hâte de petit déjeuner, mon ventre un peu vide je me sens vidé”. Astérix répond “Il n’y a pas que ton ventre qui est vide !” et Obélix “Ah tu vois, tu le reconnais.” Où est le brave Obélix de jadis, certes gourmand mais sans obsession, curieux d’exotisme malgré ses “Ils sont fous, ces….”, bon copain joyeux ?
Aaaah, Astérix chez Rahazade…
Peut être mon album solo préféré de Albert Uderzo pour Astérix.
Je trouve que le dessinateur y est à l’apogée de son art: ses dessins y sont MAGNIFIQUES, que cela soit pour les personnages où les décors absolument somptueux. J’adore en particuliers les vues aériennes de la Grèce ou encore de Rome en Italie, permettant justement à nos amis de se remémorer leurs précédentes fantastiques aventures (Astérix Gladiateur, Astérix aux Jeux Olympiques, Les Lauriers de César ).
Nous voyons également un Jules César très malade et affaibli faisant écho à la maladie bien réelle dont il était victime: son épilepsie ! J’aime beaucoup ce gag avec son médecin attentionné et à son écoute: César lui dit qu’il voit les gaulois partout et est persuadé qu’il délire et son docteur lui assure qu’un bon repos lui permettra d’oublier ses chimères et ses illusions… Et c’est juste à ce moment là que nos héros se pointent devant son palais en tapis volant en lui balançant “SALUT JULES !” 😆
Et ensuite deux valets de César déclarent que lui et son médecin sont alités et voient des gaulois partout et l’un des valets déclare que César a vraiment pris les gaulois en grippe ! 😆
Je me souviens aussi que cet album était riche en humour absurde et délirant: Assurancetourix chante encore plus mal qu’avant et a la faculté de faire pleuvoir quand il chante, même à l’intérieur de la hutte de Abraracourcix ! 😆
Et je suis d’accord avec toi sur le fait que l’album riche en jeux de mots cocasses et fort drôles.
Je me souviens du moment fatidique où le barde Assurancetourix devait chanter afin de sauver non seulement l’Inde de la sécheresse, mais aussi la princesse Rahazade de la décapitation: on découvre avec stupeur qu’il est devenu aphone !
Astérix fou de colère se met à hurler: “Quand il ne doit pas chanter, il chante et quand il doit chanter, il ne chante pas ! Mais c’est du chantage !” 😆
Et puis cela m’avait fait plaisir de voir une aventure de Astérix où ce cher Assurancetourix a un rôle important: la dernière fois, cela remontait à Astérix et les Normands (un des meilleurs albums du tandem Goscinny-Uderzo).
Alors au sujet de Obélix, je dois reconnaître en effet que Uderzo a trop accentué l’appétit pantagruélique de notre livreur de menhir préféré ainsi que son tempérament colérique.
Mais notre cher Obélix a, heureusement, encore de bons moments: j’ai adoré le passage où des singes avaient capturé Idéfix, et fou furieux, il secoua l’arbre et ordonna aux infâmes bestioles de relâcher son chien ! Il les fit tous tomber et récupéra Idéfix. Le brave toutou, reconnaissant envers son maître de l’avoir sauvé le lèche et Obélix lui dit attendri “Tu vois mon brave Idéfix, j’ai pensé à toi ! Je n’ai pas arraché l’arbre !” ^_^
Cela montre le côté emphatique de Obélix qui apprend de ses erreurs et de ne plus faire de peine à son chien. Le passage où il rougissait devant la belle et sympathique Rahazade était également mignon 🙂 .
Ce qui m’a frappé aussi dans cet album, ce sont les recherches que Uderzo a fait sur la culture indienne: je me souviens notamment du duel magique opposant Kiçah à son rival Mercikhi où tous deux citèrent les dieux de la mythologie Indienne !
Pour ce qui est du gourou Kiwouâlah, oui, il est ouvertement inspiré de Iznogoud: il fait même un clin d’oeil aux lecteurs en disant que Iznogoud est son cousin et qu’il sera bientôt rajah à la place du rajah !
En revanche pour Jafar, je ne pense pas que Uderzo se soit inspiré de Aladdin, étant donné que le film d’animation de John Musker et Ron Clements est sorti en 1992 au cinéma aux Etats Unis (et en 1993 en France), soit 5 à 6 ans après cet album !
Ceci dit, ce n’est peut être pas impossible non plus, Uderzo s’est peut être inspiré de Aladin, mais probablement du conte original des Mille et une Nuits, car il y a bel et bien un sorcier dans le récit d’origine (ainsi que dans le film d’animation japonais Aladin et la lampe merveilleuse ) mais il ne se prénommait pas Jafar.
Ah et une référence culturelle amusante: après que Assurancetourix ait bu de la potion magique et ait donné un coup de main à Astérix et Obélix afin qu’ils sauvent la belle Rahazade des griffes de son bourreau, il retrouve l’usage de la parole, et après que lui et Astérix l’aient réalisé, il se met à chanter… “I’m singing in the Rain” la célèbre chanson et comédie musicale avec Gene Kelly ! ^_^
Mais elle est écrite dans un anglais, hum, très discutable ! ^^
En tout cas, j’adore Astérix chez Rahazade: c’est une aventure de notre petit gaulois qui est drôle, sublime et passionnante de bout en bout. 🙂
Et c’est l’unique album où il y a un banquet au village gaulois, sans que nos héros y soient présents, étant donné qu’ils festoient en Inde ! Notre brave Obélix a été perspicace et a eu du flair en ayant deviné cela ! 😉
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Cette réponse a été modifiée le il y a 3 ans et 8 mois par Xanatos.