Bonjour à tous! J’ai réemprunté ce chef-d’oeuvre que sont Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher et je ne résiste pas à la tentation de vous en parler.
Alors pour commencer, on a plutôt un bel objet avec ce jeune homme inquiet et pensif, l’eau lui file entre les doigts, et son reflet aux yeux vides paraît vaguement menaçant.
De quoi ça parle?
Lubin travaille comme acrobate dans une petite troupe d’artistes. Lors d’une répétition, il tombe sur la tête. Rien de grave… sauf qu’il commence à rater des jours de sa vie. Un jour sur deux, quelqu’un d’autre que lui vit dans son corps.
Par quoi je commence? Le dessin.
Waouh, le dessin.
M. Le Boucher garde un dessin lisse, sans pour autant tomber dans la facilité: tous les visages sont différents. Il représente aussi différentes morphologies, différentes couleurs. Je trouve que cette diversité apporte quelque chose de rafraîchissant à une époque où l’on considère encore les poils ou le gras comme répugnants. Chez Le Boucher, tout le monde a le droit de participer à l’histoire.
J’ai adoré le travail des couleurs, douces. La plus intense est celle de la chevelure de Tamara, on sent tout de suite que le perso a un tempérament… vif, dirons-nous.
Bref, en un mot comme en cent: c’est bô.
L’histoire!
La première fois que j’ai lu cette BD, j’avais été marquée par l’amour et son développement. Je considérais que ce livre racontait surtout une histoire d’amours, au pluriel, oui, parce que ces amours jouent dans différents registres: l’amour en couple, l’amour fraternel, l’amour maternel, l’amour des amis. Et je trouvais, pardon, je trouve toujours aujourd’hui, ces portraits d’amours tellement forts et émouvants! Toutefois, l’auteur ne tombe pas dans la niaiserie et n’hésite pas à mettre ses persos en situation d’échec.
En la relisant, j’ai pensé qu’on pouvait aussi lire cette histoire comme la lutte entre deux idélologies différentes: le capitaliste assumé qui bosse dur et qui s’oppose à la rêverie et à la création.
Qui des deux Lubin est le vrai? Qui a tort, qui a raison? Qui vole la vie de l’autre?
Ces jours qui disparaissent ne répond pas à ces questions, se contentant de vous dire “C’est plus compliqué que ça”. Vous voilà donc obligé de lire en rêvant et en méditant sur l’histoire si vous voulez trouver vos réponses…
J’avais une réserve sur la conclusion, mais elle a disparu après relecture. Donc… je ne peux plus la noter comme négative. Ce livre gagne à être relu avec le temps.
Tout ce qui me reste comme point négatif… c’est la présence de fautes dans les textes. Quel dommage dans une oeuvre aussi belle!
Timothé Le Boucher a sorti ensuite un autre roman graphique, Le patient. Je reste admirative du travail, mais je l’ai moins apprécié que Ces jours…
Quoi qu’il en soit, je compte bien lire ce qu’il a publié avant Ces jours… et ce qu’il publiera après aussi, je suis convaincue que cet auteur est rempli de talent et de brillantes idées! Et même si j’ai moins aimé Le patient, j’y ai retrouvé l’aspect “réfléchis à l’histoire pendant que je la raconte, s’teup'”: la lecture reste stimulante.