Oui, J-Wicky, attention aussi au message qui s’affiche en double, ce qui m’arrive souvent !
J’ai cru constater que si je poste tout de suite, pas de problème, mais si avant de poster je reviens après un petit temps pour un ajout, ce qui est bien mon genre, PAF ! mon message apparaît en double !
Sharaku, non traduit, j’y reviens un peu, seul Feanor se souvient sans doute de mon premier résumé (je le remercie d’en avoir été frappé), dont je n’ai remis qu’un condensé en première page de ce topic (en revanche j’ai bien détaillé Abashiri Ikkai, un monument de Gô Nagai au Japon mais qui restera inconnu à jamais ici).
En fait “Sharaku” est le nom très célèbre dans l’histoire de l’art japonais d’un créateur d’estampes tout à fait mystérieux qui produisit, pendant une seule année (1794/95) de surprenants dessins d’acteurs de kabuki grimaçants ou étonnamment caricaturés, puis disparut totalement de la circulation, venu d’on ne sait d’où. Il existe un film live long métrage japonais qui tente d’éclairer l’individu, mais je n’ai jamais pu le retrouver après l’avoir vu. Je ne suis pas étonné que Gô Nagai ait repris le nom de ce déjanté pour son héroïne.
Sharaku le manga one-shot semble en effet sans lien direct, mais…
Ici Sharaku est le pseudonyme d’auteur d’articles et de couvertures de journaux à sensations pris par une jeune fille à cheveux courts, d’origine princière Meiji en réalité, qui développe vers 1885 / 1890 la presse à sensation du Japon “modernisé”. Cette presse eut un grand rôle, adaptant avec la vitesse réactive incroyable des Japonais les premiers énormes succès de la presse de Pulitzer aux USA au même moment (ce ne fut le cas en France qu’un peu plus tard, en quelque sorte “grâce” à l’affaire Dreyfus). La jeune fille à cheveux courts, costume de Tintin à casquette de golf, au corps parfait et bonnes aptitudes de combat selon les goûts de Gô Nagai, se livre à des enquêtes sur des affaires horrifiques que le journal tient tout de même à vérifier avant de lancer sa page de couverture bien glauque et sanglante. Elle y prend de sérieux risques parfois !! mais à chacune enquête-chapitre, elle démontre que la rumeur de base était grotesque et que le drame humain était bien différent (souvent bien plus “féministe” en réalité). Du coup à chaque chapitre la couverture finale du journal, reproduite, est complètement différente du projet initial. J’ai trouvé remarquable cette idée, qui permet aussi à Gô Nagai de s’amuser à imiter les horrifiantes couvertures-chocs de ces journaux. Elles rappellent beaucoup, tous les Japonais le savent, les estampes “d’horreur” du dernier grand peintre d’estampes, Yoshitoshi, actif vers 1880 / 1890. L’héroïne Sharaku est donc attachante, noble, courageuse, au grand coeur. Elle rembarre tous les mecs, et tombe amoureuse d’abord d’un onnagata (acteur qui joue les femmes au théâtre kabuki), mais il n’est pas disponible ! Au final elle découvre le vrai amour complet avec un beau jeune officier de marine… qui hélas meurt juste après dans la guerre navale entre le Japon et la Chine en 1894 / 95. Le manga s’achève donc dans un un certain pathétique. Sharaku a vécu ses jeunes années et connu les larmes…