Je pense qu'un jour je me prendrai l'intégrale en DVD ! 😃
Perso j'ai beaucoup aimé le Livre V. Même si le changement de format et de ton était un peu surprenant, de nombreux passages restent drôles et l'histoire devient vraiment prenante avec des enjeux dramatiques bien plus présents et développés !
J'avoue par contre que le Livre VI me botte moins (j'ai vu que les deux premiers épisodes), pas parce qu'il est mauvais mais parce qu'on voit moins les autres personnages du futur Camelot… En revanche on comprend mieux la jeunesse d'Arthur, des autres et leur rencontre, c'est le point fort de ces épisodes.
KAAMELOTT ou la valorisation des faibles
“Des Dux Bellorum, y en a des dizaines, c'est pas difficile d'en être un…Mais une légende, un Héros, ça c'est autre chose. Le vrai Héros, c'est celui dont l'ambition est de n'agir que pour la dignité des faibles.“
Voilà (en substance) ce que César dit à Arturus, voilà l'esprit de Kaamelott, agir pour la dignité des faibles. “Apporter la Lumière c'est pour que tout le monde y voit, si c'est seulement pour ma pomme j'vois pas l'intérêt!” disait Arthur à Lancelot lors du troisième Livre. Kaamelott met au devant de la scène ceux qui échouent, avec plus ou moins de volonté,pas pour s'en moquer mais parce que c'est ensemble que l'on peut faire quelque chose. De Kadoc (“Elle est où la poulette?“) à Arthur lui-même, lors du Livre V:
“Pour le Graal, j'ai bâti une forteresse moi: Kaamelott ça s'appelle. J'ai été chercher des Chevaliers dans tout le Royaume. En Calédonie, en Carmélide, à Gaunes, à Vannes, au Pays de Galles…J'ai fait construire une Grande Table, pour que les Chevaliers s'assoient, ensemble. Je l'ai voulue ronde, pour qu'aucun d'entre eux ne se retrouve assis dans un angle, ou en bout de table. C'était compliqué, alors j'ai essayé d'expliquer ce qu'était le Graal, pour que tout le monde comprenne. C'était difficile, alors j'ai essayé de rigoler pour que personne ne s'ennuie. J'ai raté, mais je veux pas qu'on dise que j'ai rien foutu. Parce que c'est pas vrai.“
On pourra certainement déceler, en cherchant bien, d'autres thèmes propres à Kaamelott tout au long de la série, du plus léger (les jeux de Perceval, les non-sens et les décalages textuels, les entrainements “Unagi”) au plus sérieux (la filiation, le destin, la fragilité et le caractère éphémère des choses importantes ou futiles qui rendent la vie supportable…) en passant par la récurrence numéro un de la série, la Bouffe et les discussions à la vacuité certaine qui l'accompagnent inexorablement (“C'est pas faux!“). Jamais une série n'aura autant donné l'envie de manger copieusement!
Mais ce qui caractérise intrinsèquement Kaamelott, dans son essence même, c'est bien sa valorisation des faibles, de ceux que l'on traite de cons, de pécores, ceux que l'on ne voit qu'en arrière-plan, au mieux, dans les grands films Hollywoodiens, ceux ou celles qui n'intéresseront jamais Angelina Jolie ou Brad Pitt, trop occupés à sauver le monde pour leur Président, leur Drapeau et la grandeur de leur Pays. En bref celles et ceux qui rendent le monde plus vivable non par leur symbole (très importante la symbolique chez les Américains mais c'est un autre débat.) mais par leurs actes quotidiens tellement banals qu'ils en deviennent insignifiants.
Les films à spectacle ont oublié à qui ils s'adressaient, ils sont passés de modèle de personnage idéal (droit, faillible, enclin au Juste, homme ou femme du peuple) à modèle de personnage “présentable” (Belle gueule, brun, bien habillé, bien coiffé, aisé financièrement, patriote, gachette facile, justicier). De manière générale, l'erreur ne lui est pas permise, pas l'erreur de jugement,mais l'erreur de diction, l'erreur de goût, la peau de banane, le lapsus (encore que…), le bafouillage. Et puis l'échec, donc la faiblesse.
Si Kaamelott met en avant ce genre de personnages qui vont jusqu'à reconnaître leur “bêtise” (“Mais Sire, faut pas prendre c'qu'on dit au sérieux! Vous savez bien qu'on est des cons!” Perceval. Livre V), c'est parce qu'Astier a très bien compris ce qu'était un Héros, un vrai. Il apporte la Lumière aux faibles et restaure leur dignité, il n'agit pas pour une instance supérieure ou même une divinité, sinon il s'appellerait Méléagant et considérerait, comme Lancelot, toutes choses comme insignifiantes, allant donc jusqu'à tuer la première personne venue. Ainsi Alexandre Astier met au premier plan la Raison d'être de la quête d'Arthur, le Graal n'est qu'un instrument, un outil (un vase? Une pierre incandescente? Une corne d'abondance?), le peuple, le chaland, le pêgu, le pécore, c'est lui qui fait vivre sa quête du Graal. Puisqu'Arthur veut apporter la Lumière à tout le monde, Astier met en lumière les plus faibles, les plus faillibles, non pour la galéjade mais pour l'universalité de cet état. Le plus petit dénominateur commun inhérent à l'humanité, c'est bien la faiblesse, ou des fois la connerie. Chacun s'est un jour au moins trouvé dans une situation inconvenante, ou est passé pour un con. Et de se rappeler qu'on a “toujours besoin d'un plus petit que soi”, non pour s'en moquer, mais parce que, comme disait Guenièvre, “méfiez-vous des cons, ils vont toujours plus loin qu'on ne pense.“
Je suis tellement d'accord que je ne trouve rien à rajouter… Je considère vraiment le livre V de Kaamelott comme une des meilleures fictions que j'ai eu l'occasion de voir. J'en ai pleuré. Et j'en ai été retourné. Profondément.
C'est en effet ce que j'attends d'une fiction. Qu'elle me retourne les sentiments. Kaamelott possède ce qu'Avatar par exemple n'a pas. Les épreuves n'y sont pas qu'extérieures. Elles sont internes, les héros sont faillibles dans leur convictions. Ils doutent. Et il y a de la profondeur dans tellement de thèmes abordés. Je me souviendrai toute ma vie du dialogue entre Arthur et Perceval dans le Livre VI. (Dans le dernier épisode celui qui fait le lien avec le lire V)
“Toutes les baignoires sont le Graal ; tous les suicidés sont le Christ.”
Probablement la réflexion la plus intelligente que j'ai entendu dans une fiction de divertissement pur (à la base du moins).
Kaamelott, c'est ça ! C'est aussi trois films qui vont sortir (au moins un, en tout cas !), et aussi une mini-série qui devrait passer sur M6 cette année, si tout va bien !
Elle fera le lien entre la fin du Livre VI et le début du premier film ! Kaamelott Résistance, que ça s'appellera ! 😃