Oliver et Compagnie
Réalisation: George Scribner
Voilà, ça y est, enfin, 31 ans après sa sortie au cinéma, j’ai ENFIN pu découvrir le seul film d’animation traditionnelle des studios Disney des années 80 que je n’avais jamais vu jusque là: Oliver et Compagnie.
Il s’agit d’une adaptation animalière et très libre du roman Oliver Twist de l’auteur Charles Dickens.
Nous faisons la connaissance de Oliver, un petit chaton orphelin et le seul de sa portée à n’avoir été adopté par personne au début du récit. Il devra faire face aux affres de la vie et aux multiples dangers de New York.
Il fera ensuite connaissance avec Roublard, un chien décontracté, intelligent, malin et manipulateur qu’il prendra sous son aile… parfois aux dépens du pauvre Oliver, candide et ingénu…
C’est là que l’aventure de notre félin héros débute véritablement…
Oliver et Compagnie est un film charnière dans l’histoire de Disney car c’est à partir de celui ci que chaque année, les studios produiront un nouveau film d’animation à un rythme annuel, alors qu’autrefois trois à quatre années séparaient les sorties respectives de chaque film animé.
C’est un long métrage qui a un statut paradoxal car, si il a remporté un certain succès à l’époque de sa sortie (mais bien moindre que celui du magnifique Le Petit Dinosaure et la Vallée des <b>Merveilles </b> de l’immense Don Bluth) il a depuis été oublié du grand public et est même bien moins connu que certains films d’animation pourtant controversés de cette décennie tels que Taram et le Chaudron Magique.
Simple supposition de ma part, mais avant celui ci, Disney avait déjà produit plusieurs films d’animation ayant pour héros des animaux: La Belle et le Clochard, Les 101 Dalmatiens, Les Aristochats…
Oliver et Compagnie pouvait donner alors une sensation de déjà vu…
Est ce que cela veut dire que ce film est dénué d’intérêt ?
Non, loin s’en faut, il est au contraire très bon.
D’une part, le film est visuellement très beau: les décors de New York sont magnifiques et très réalistes et l’animation est absolument excellente.
D’autre part, à l’exception de Oliver, très mignon mais un peu lisse, la majorité des personnages sont très intéressants.
Roublard en premier lieu qui est un personnage assez cool et décontracté mais qui est tout de même ambivalent et imprévisible: il fait mine au début d’aider Oliver afin de dérober des saucisses à un vendeur et de se partager leur butin ensuite… Et une fois leur forfait accompli, il fait mine de ne pas se souvenir de la promesse qu’il a faite au chaton et lui fait faux bond !
En fait il avait réservé ces victuailles à ses autres amis chiens vivant dans le même repaire que lui.
Toutefois Roublard se prendra petit à petit d’affection envers le chaton sans que toutefois cela semble abrupt.
J’ai été aussi marqué par le personnage de Fagin, le maître de Roublard et ses compagnons:
Encore un autre personnage très intéressant et dont le caractère sort des sentiers battus.
C’est un clochard qui a du mal à joindre les deux bouts, il aime de tout son coeur ses animaux de compagnie envers qui il éprouve beaucoup d’affection (et qui le lui rendent bien)… Mais il se sert de ceux ci pour tenter de dérober de l’argent aux New Yorkais, pour subvenir à ses besoins.
Quand il apprendra plus tard que Oliver a été adopté par Jenny, une petite fille richissime, il aura l’idée de faire une demande de rançon à la famille de l’enfant afin que celle ci lui verse une somme colossale, lui permettant ainsi d’éponger les dettes qu’il doit à son créancier, l’ignoble Sykes. Cependant, ému par la détresse et le chagrin de Jenny, il lui rendra Oliver, sans réclamer à cette dernière quoi que ce soit…
Sykes, parlons en: voici un excellent méchant, vraiment marquant.
C’est un mafieux, cruel, intelligent, sournois, sadique, stylé et sans scrupules.
Il est intransigeant envers celles et ceux n’étant pas en mesure de rembourser les dettes qu’ils lui doivent, et tuer les personnes ne remplissant leurs “contrats” envers lui ne suscite aucun cas de conscience chez lui !
Il semble tout droit sorti de films comme Scarface de Brian de Palma ou encore Les Affranchis de Martin Scorcese.
J’ai été aussi étonné par la crudité de ses dialogues (extrêmement rare chez un film d’animation Disney !) celui ci, déçu par le maigre larcin de Fagin déclarera “Je ne veux pas de ton tas de saloperie !”
Il est épaulé dans ses sombres besognes par deux dobermans aussi sournois et violents que lui.
Revenons aux compagnons de Roublard: chacun a une personnalité qui lui est propre: Francis le bouledogue est un vrai acteur théâtral, fervent admirateur des pièces dramaturges et comédien né, Einstein le grand danois est impulsif, Tito le chihuahua est surexcité et dragueur, Rita est attentionnée et emphatique….
Ils sont tous très attachants.
Cependant, ma chienne préférée du film est incontestablement Georgette la caniche de Jenny:
C’est indéniablement le personnage le plus drôle du film.
Georgette est une chienne coquette, raffinée, qui vit dans une maison de luxe, elle adore se pouponner et être le centre de l’attention de tous.
Elle ne supportera pas l’intrusion de Oliver dans son palace, et fera tout pour qu’il disparaisse de son logis afin d’être l’unique animal de compagnie de Jenny.
C’est vrai qu’elle a un caractère stéréotypé: elle est hautaine, capricieuse, c’est une véritable diva…
Mais les animateurs se sont tellement lâchés et défoulés avec elle que celle ci a des expressions faciales comiques et une gestuelle qui sont à mourir de rire et la rendent extrêmement amusante !
Fait amusant, elle est la coqueluche de tous les animaux et fait fantasmer l’ensemble d’entre eux, y compris les oiseaux qui ont la langue pendante à chaque fois qu’ils la voient !
Elle fait penser un peu à Minerva Mink des Animaniacs qui suscitait les mêmes émois sexuels auprès de tous les animaux mâles qui la côtoyaient !
Un des passages qui m’avaient fait le plus rire, c’est quand Jenny croit que Georgette partage sa peine au sujet de la disparition de Oliver et fait mine de pleurer, alors qu’elle pousse en fait un rire sadique et arbore une expression à hurler de rire ! 😆
Georgette deviendra heureusement moins égoïste par la suite et aidera Jenny à sauver Oliver et envers qui elle finira par s’attacher.
On notera aussi que le climax du film est assez intense et tient bien en haleine.
En définitive, Oliver et Compagnie, sans faire partie des long métrages animés majeurs de la firme de la petite souris aux grandes oreilles, n’en demeure pas moins un très bon film, drôle, divertissant, agréable et mené tambour battant.
Ses atouts maîtres étant sa réalisation de qualité et ses personnages attachants. 🙂
Un film mésestimé mais réussi qui gagne à être découvert ou redécouvert ! 🙂